18 juillet
Les
moines aimeront leur abbé
avec
une charité sincère et humble.
(Règle
de Saint Benoît 72,10)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 39,1-11 (La mesure de la nourriture)
¹Il suffit, nous semble-t-il, pour le repas quotidien - qu'il ait lieu
à la sixième heure ou à la neuvième - à toutes les tables, de deux mets cuits,
à cause des infirmités diverses. ²Ainsi celui qui ne pourra s'accommoder d'un
mets pourra manger l'autre. ³Deux mets cuits devront donc suffire à tous les
frères. De plus, s'il se trouve des fruits ou des légumes frais, on ajoutera un
troisième plat. ⁴Une livre de pain, à bon poids, sera suffisante pour la
journée, soit qu'il n'y ait qu'un repas, soit qu'il y ait dîner et souper . ⁵Si l'on doit souper, le cellérier réservera un tiers de cette livre de pain
pour la servir alors. ⁶S'il arrive que les frères ont travaillé plus qu'à
l'ordinaire, l'abbé pourra, s'il le juge opportun, ajouter encore quelque
chose, ⁷pourvu qu'on évite tout excès et que jamais un moine ne soit surpris
par l'indigestion. ⁸Rien, en effet, n'est aussi contraire à tout chrétien que
l'excès de table, ⁹comme dit Notre-Seigneur: « Prenez garde que vos cœurs
ne s'appesantissent par l'excès. » ¹⁰Aux enfants on ne servira pas la
même quantité de nourriture, mais une plus petite qu'aux adultes, en gardant la
sobriété en tout. ¹¹Mais tous s'abstiendront absolument de la chair des
quadrupèdes, excepté les malades très affaiblis.
…
pour chaque jour
Le Seigneur a dit : Heureux ceux qui
ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Cette faim n'a rien de corporel, cette soif ne désire
rien de terrestre. Elles aspirent à être rassasiées de justice et,
lorsqu'elles ont été introduites dans le secret de tous les mystères, elles
souhaitent être comblées du Seigneur lui-même.
Heureuse l'âme qui convoite cette nourriture
et qui brûle de désir pour une telle boisson : elle n'y aspirerait pas si elle
n'avait déjà goûté quelque chose de sa douceur. Elle a entendu l'Esprit qui
fait parler les prophètes, quand il lui disait : Goûtez et voyez comme
le Seigneur est doux ! Alors elle a reçu comme une parcelle de la
douceur d'en haut, elle s'est enflammée d'amour pour cette volupté très pure.
Aussi, méprisant tous les biens corporels, elle a brûlé de toute son ardeur
pour cette nourriture et cette boisson de la justice, et elle a saisi la vérité
de ce premier commandement qui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de tout ton esprit et de toute ta force. Car aimer Dieu
n’est rien d’autre que désirer la justice.
Enfin, de même que le souci du prochain se
rattache à l'amour de Dieu, ainsi la vertu de miséricorde s'unit à ce désir de
la justice, si bien qu'il est dit : Heureux les miséricordieux, car ils
obtiendront miséricorde !
Reconnais, chrétien, la valeur de ta sagesse
; comprends à quelles récompenses tu es appelé, et par la pratique de quels
enseignements tu les obtiendras. La Miséricorde veut que tu sois miséricordieux
; la Justice, que tu sois juste, afin que le Créateur apparaisse dans sa
créature et que, dans le miroir du cœur humain, resplendisse l'image de Dieu
exprimée par les traits qui la reproduisent. Ta foi peut être assurée, si elle
s'accompagne de la pratique : tout ce que tu désires viendra à ta rencontre, et
tu posséderas sans fin ce que tu aimes.
Et parce que tout est pur pour toi grâce à
ton aumône, tu parviendras aussi à la béatitude que le Seigneur promet ensuite
lorsqu'il dit : Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! Quelle
grande félicité, mes bien-aimés, pour laquelle est préparée une telle
récompense ! Qu'est-ce donc qu'avoir le cœur pur, sinon s'appliquer aux vertus
qui viennent d'être énumérées ? Voir Dieu, quel esprit peut concevoir, quelle
langue peut exprimer une telle béatitude ? C'est cependant ce qu'on obtiendra
lorsque la nature humaine sera transformée : ce ne sera plus comme une image
obscure, dans un miroir, mais face à face, qu'elle verra, telle
qu'elle est, la divinité que nul être humain n'a jamais pu voir. Et alors, ce
que personne n'avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur
de l'homme n'avait pas imaginé, elle le possédera dans la joie indicible d'une
éternelle contemplation.
(SAINT LÉON LE GRAND [°v.398 – 〸461], Sermon sur les Béatitudes)
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