3 juillet

On n’accordera pas facilement l’entrée du monastère
à celui qui vient s’y engager dans la vie religieuse…
(Règle de Saint Benoît 58,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 26,1-2 (Ceux qui sans la permission se joignent aux excommuniés)

¹Si un frère, sans la permission de l'abbé, ose se joindre, en quelque manière que ce soit, à un frère excommunié, ou lui parler, ou lui faire une commission, ²il subira le même peine de l'excommunication.







… pour chaque jour

Pour comprendre cette prescription qui semble très dure, il faut la resituer dans son contexte. Tout d’abord, le contexte de toute la vie du moine cénobitique, qui est une vie de communion. Le moine recherche une communion aussi profonde et constante que possible avec Dieu – ce qui est le but de la vie de tout chrétien, et même de tout être humain. Une communion aussi profonde et concrète que possible avec des frères est pour lui le chemin pour arriver à cette communion avec Dieu et pour l’exprimer.
Celui pour qui Benoît prévoit la séparation de la vie communautaire est celui qui, dans sa conduite, s’est lui-même coupé concrètement de cette communion. Cette séparation imposée est une façon de lui faire comprendre qu’il n’est pas logique pour lui de continuer à poser les gestes extérieurs exprimant la communion alors qu’il ne la vit pas. Il ne s’agit donc pas de couper quelqu’un de la communion fraternelle, mais plutôt de l’amener à rentrer dans cette communion, en lui faisant comprendre qu’il s’en est concrètement séparé.
Deuxièmement, ce petit chapitre 26 ne se comprend qu’en le mettant en lien direct avec le chapitre suivant, où Benoît décrira longuement toute la sollicitude pastorale que l’abbé devra avoir avec un tel frère, y compris en lui envoyant des frères sages et expérimentés qui le réconforteront et l’empêcheront de tomber dans la tristesse.
Enfin, il semble assez évident que Benoît est ici préoccupé de ne pas donner lieu au développement du murmure, qu’il décrit ailleurs dans la Règle comme un danger pour la communion fraternelle. En effet, lorsqu’un frère passe par une période difficile, où  il est déprimé ou encore se révolte parce qu’il se considère – à tort ou à raison – l’objet d’un traitement injuste, il est tentant de vouloir s’improviser son consolateur et son soutien en lui donnant l’impression qu’on est tout à fait d’accord avec lui. C’est cette charité non éclairée et souvent désastreuse que Benoît veut éviter. Et précisément parce que celui qui agit ainsi non seulement n’aide pas la personne qu’il veut aider, mais se coupe lui-même de la communion avec l’ensemble de la communauté, Benoît prévoit pour lui la même peine ! 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 30 janvier 2011)









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