4 juillet
En
tout lieu, c’est un seul Seigneur que l’on sert…
(Règle de Saint Benoît
61,10)
La
Règle de Saint Benoît…
RB
27,1-9 (Quelle sollicitude
l'abbé doit avoir à l'égard des excommuniés)
¹L'abbé doit prendre soin en toute sollicitude des frères qui ont
failli, parce que « ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du
médecin mais les malades. » ²C'est pourquoi il doit, comme un sage
médecin, user de tous les moyens. Il enverra des senpectes, c'est-à-dire des
frères anciens et sages ³qui, comme en secret, consoleront le frère qui est
dans le trouble et l'engageront à faire une humble satisfaction; ils le
soutiendront de peur qu'il ne soit accablé par un excès de tristesse ; ⁴mais,
comme dit l'Apôtre, « il faut redoubler de charité envers lui », et
tous prieront à son intention. ⁵L'abbé, en effet, doit avoir un soin tout
particulier et s'empresser, avec toute son adresse et toute son habileté, pour
qu'il ne perde aucune des brebis à lui confiées. ⁶Il doit savoir qu'il a reçu
le soin d'âmes malades et non une autorité tyrannique sur des âmes saines. ⁷Qu'il craigne donc la menace du Prophète, par laquelle Dieu dit: « Les
brebis qui vous paraissaient grasses, vous les preniez pour vous, et celles qui
étaient débiles, vous les rejetiez. » ⁸Qu'il imite plutôt l'exemple de
tendresse du bon Pasteur qui, ayant laissé dans les montagnes
quatre-vingt-dix-neuf brebis, partit chercher l'unique brebis qui s'était
égarée; ⁹il eut de sa faiblesse une si grande compassion qu'il daigna la
charger sur ses épaules sacrées et ainsi la rapporter au troupeau.
…
pour chaque jour
On nous rapporte que les saints entraînés
dans le combat des épreuves combattent simultanément certains de leurs ennemis
en les frappant, et d'autres en les persuadant ; à ceux-ci ils opposent le
bouclier de la patience, contre ceux-là ils brandissent les javelots de
l'enseignement. Et ils réussissent merveilleusement dans la pratique de ces
deux genres de combat. Au-dedans, ils instruisent sagement ceux qui sont égarés
; au dehors, ils méprisent, courageusement ceux qui les attaquent. Ils
corrigent ceux-ci par l'enseignement ; ils découragent ceux-là par la
constance. Par la patience, ils peuvent regarder sans crainte les ennemis
menaçants ; mais, par la compassion, ils amènent au salut leurs concitoyens qui
faiblissent. Ils résistent à ceux-là, pour les empêcher d'entraîner les autres ;
ils craignent que ceux-ci ne s’écartent radicalement de la voie droite.
Regardons le soldat de l'armée divine se
battre des deux côtés. Il dit : Luttes au-dehors, craintes au-dedans.
Il énumère les guerres qu'il endure au-dehors en disant : Dangers des
fleuves, dangers des bandits, dangers de mes frères de race, dangers des
païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur mer, dangers
des faux frères. Dans cette guerre, il doit ajouter les flèches qu'il lance
contre l'adversaire : Fatigues et peines, veilles fréquentes, faim,
soif ; jeûnes fréquents, froid et dénuement. Mais alors qu'il est
entraîné dans tous ces combats, il va dire comment il va encore être vigilant
pour protéger son camp. Car il ajoute aussitôt : Sans compter tout le
reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. Voilà
comment il soutient courageusement les combats et se dépense avec miséricorde
pour protéger ses proches. Il raconte les maux qu’il souffre, il y ajoute les
bienfaits qu’il dispense.
Comprenons donc quel labeur c'était pour lui
de supporter les assauts au-dehors, et en même temps de protéger la faiblesse
du dedans. Au-dehors, il souffre des combats parce qu'il est déchiré par les
fouets, lié par les chaînes ; au-dedans, il éprouve la peur : il redoute que ce
qu'il souffre ne fasse du tort, non pas à lui. mais à ses disciples. C'est
pourquoi il écrit à ceux-ci : Que personne ne soit ébranlé au milieu
des épreuves présentes, car vous savez bien que nous y sommes destinés.
Dans sa propre passion, ce qu’ il craignait, c'était la chute des autres ; il
craignait que ses disciples, en apprenant qu'il avait été fouetté pour la foi,
ne refusent de professer leur propre foi.
Tendresse d'une infinie charité ! Il méprise
sa propre souffrance, et il veille à ce que ses disciples ne souffrent dans
leur cœur aucun dommage d'une suggestion mauvaise. Il dédaigne pour lui-même
les blessures corporelles, et il remédie chez
les autres aux blessures spirituelles. Les justes se reconnaissent à
cela : accablés de douleurs par l'épreuve, ils ne cessent pas de se soucier de
l'intérêt d'autrui ; alors qu'ils souffrent des malheurs qui les atteignent
eux-mêmes, ils veillent par leur enseignement à fournir autrui du nécessaire ;
c'est ainsi qu'ils sont de grands médecins tout en étant frappés par la
maladie. Eux-mêmes sont déchirés de blessures, et ils portent aux autres les
remèdes qui leur rendront la santé.
(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND [°v.540 – 〸604], Commentaire sur le livre de Job)
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