8 juillet
Que l’abbé haïsse les vices, mais
qu’il aime les frères.
(Règle de Saint Benoît 64,11)
La
Règle de Saint Benoît…
RB
31,1-12 (Les qualités que doit
avoir le cellérier du monastère)
¹On choisira comme cellérier du monastère un des frères qui soit
judicieux, sérieux, sobre, frugal, ni hautain, ni brouillon, ni injuste, ni
négligent, ni prodigue, ²mais rempli de la crainte de Dieu, et qui soit comme
un père pour toute la communauté. ³Qu'il ait soin de tous ; ⁴qu'il ne fasse
rien sans l'ordre de l'abbé ; ⁵qu'il exécute ce qui lui est commandé, ⁶qu'il
ne mécontente pas les frères. ⁷Si l'un d'eux vient à lui demander quelque
chose de déraisonnable, qu'il ne l'indispose pas en le rebutant avec mépris,
mais qu'il lui refuse avec raison et avec humilité ce qu'on lui demande mal à
propos. ⁸Qu'il veille à la garde de son âme, se souvenant toujours de cette
parole de l'Apôtre: « Celui qui aura bien administré, s'acquiert un rang
élevé. » ⁹Il prendra un soin tout particulier des malades, des enfants,
des hôtes et des pauvres, convaincu qu'au jour du jugement il devra rendre
compte pour eux tous. ¹⁰Il regardera tous les objets et tous les biens du
monastère comme les objets sacrés de l'autel. ¹¹Il ne tiendra rien pour
négligeable. ¹²Il ne sera ni avare, ni prodigue, ni dissipateur des biens du
monastère. Mais il fera tout avec mesure, et conformément aux ordres de l'abbé.
…
pour chaque jour
Lorsque Dieu a donné richesses et trésor, il
permet à l'homme de s'en nourrir, d'en prendre sa part et de se réjouir de son
travail, c'est un don de Dieu. On ne se souviendra plus beaucoup des jours de
sa vie, parce que Dieu comble le cœur de joie. En comparaison de celui qui se
nourrit de ses richesses mais en étant assombri par les soucis, et qui amasse
des biens périssables dans un grand ennui de vivre, l'Ecclésiaste déclare plus
heureux celui qui jouit des biens présents. Car, en ce cas, il y a au moins,
dans cette jouissance, un peu de plaisir ; dans l'autre cas, il n'y a que
l'énormité des soucis. Et l'Ecclésiaste explique pourquoi c'est un don de Dieu,
de pouvoir jouir de la richesse : parce qu'on ne se souviendra plus beaucoup
des jours de sa vie.
Oui, Dieu en distrait cet homme par la joie
de son cœur : cet homme ne vivra pas dans la tristesse, il ne se fatiguera pas
à réfléchir, parce qu'il sera entraîné par la joie et le plaisir présents.
Mais, selon l'Apôtre, il vaut mieux comprendre que la nourriture spirituelle et
la boisson spirituelle nous sont données par Dieu, et découvrir ce que l'on a
de bon dans tout son labeur. Car, si nous pouvons contempler les vrais biens,
c'est par un labeur et un effort énormes. Et telle est notre part : nous réjouir
dans notre effort et notre labeur. Quoique cela soit bon, cependant, jusqu'à
ce que le Christ, notre vie, se soit manifesté, ce n’est pas encore le bien
parfait.
Tout le travail de l'homme est pour sa
bouche, et pourtant son âme n'est pas rassasiée. Quelle est la supériorité du
sage sur le fou, quelle est la supériorité du pauvre lorsqu'il sait se conduire
parmi les vivants ? Tout le travail des hommes en ce monde est absorbé par
la bouche et, broyé par les dents, il passe dans le ventre pour être digéré. Et
lorsqu'il trouve un peu de satisfaction dans la gourmandise, cela ne lui donne
du plaisir qu'autant que sa gorge peut en contenir.
Et après tout cela, l'âme du mangeur n'est
pas rassasiée. Cela peut s'expliquer de deux façons. Ou bien parce que l'on
veut toujours recommencer à manger, et le sage aussi bien que le fou sait qu'il
ne peut vivre sans manger ; le pauvre ne cherche pas autre chose que de pouvoir
sustenter cet instrument qu'est son malheureux corps, de ne pas le laisser
périr d'inanition. Ou encore l'âme n'est pas rassasiée en ce sens qu'elle ne
trouve aucun profit dans la réfection de son pauvre corps ; la nourriture est
la même pour le sage et pour le fou, et le pauvre s'en va là où il espère
trouver des ressources.
Mais il vaut mieux comprendre cela du
chrétien qui, en connaissant bien les Écritures, met tout son travail dans
sa bouche, et son âme n'est pas rassasiée, parce qu'il désire toujours
s'instruire. Et sur ce point, le sage est supérieur à l'insensé. Car, parce qu'il comprend qu'il est un pauvre ; ce pauvre que
l'Évangile déclare heureux, il s'empresse de saisir ce qui fait sa
vie, il marche sur la route étroite et resserrée qui conduit à la vie. Il est
pauvre, mais de mauvaises actions, et il sait où demeure le Christ, qui est la
vie.
(SAINT JÉRÔME
DE STRIDON [v.°347 – 〸420], Commentaire sur l’Ecclésiaste)
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