2 août

Les frères donneront leur avis en toute humilité et soumission. 
(Règle de Saint Benoît 3,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 51,1-3 (Les frères qui ne s'en vont qu'à faible distance)

¹Le frère qui est envoyé à l'extérieur pour une affaire quelconque et espère rentrer le même jour au monastère ne se permettra pas de manger au-dehors, même s'il est invité instamment par qui que ce soit - ²à moins, bien entendu, que l'abbé ne l'ait autorisé ; ³à défaut de quoi, ce frère sera excommunié.




… pour chaque jour

Dans le petit chapitre 51 de la Règle, [que je commente ce matin], Benoît dit que le moine qui est en voyage, si l'on espère qu'il puisse revenir au monastère le jour même, doit s'abstenir de manger à l'extérieur.  Sans s'arrêter à la matérialité de cette prescription, qu'il serait difficile, pour diverses raisons, d'appliquer à la lettre aujourd'hui, essayons d'en percevoir l'esprit, qui est d'une application beaucoup plus large.  
La nourriture servie au monastère est suffisante mais sobre et elle correspond à un régime végétarien.  À l'extérieur, le moine se verra offrir la plupart du temps des mets de qualité supérieure et d'une plus grande variété.  L'idée fondamentale de Benoît est que le moine qui se trouve à l'extérieur du monastère pour remplir un service, ne doit pas en prendre prétexte pour se permettre des luxes que n'ont pas ses frères demeurés au monastère.  Benoît est, en ce domaine, tout à fait dans la ligne de la grande tradition cénobitique.  Horsièse, le successeur de Pachôme, dans son "Testament", a de très longues sections où il met en garde tous ceux qui ont une responsabilité de quelque nature que ce soit, à l'intérieur du monastère, à ne pas en profiter pour se permettre des choses que n'ont pas leurs confrères.  Horsièse explique même de façon imagée que si quelqu'un s'attribue des privilèges ici-bas, on lui dira, lorsqu'il arrivera chez saint Pierre:  « Tu as déjà eu ta récompense... », et qu'il sera loin derrière le frère qui, ici-bas, n'a jamais fait rien d'autre que d'être fidèle aux exigences de la vie commune. 
Ce que dit Benoît des brèves absences du monastère peut donc s'appliquer beaucoup plus largement.  Au sein d'une vie commune il y a toujours un grand nombre de services à se rendre mutuellement.  Plusieurs de ces services comportent des responsabilités, et ces responsabilités donnent facilement accès à des privilèges.  La communion fraternelle conserve toute sa qualité dans la mesure où chacun exerce ses responsabilités dans un esprit de service;  elle est affaiblie chaque fois qu'une "responsabilité" est vécue comme réponse à un besoin personnel de l'exercer ou sert d'occasion à se permettre des avantages matériels ou autres que n'ont pas les autres frères.  
C'est un domaine où tout est si subtil qu'il serait illusoire de vouloir réglementer.  La communion fraternelle ne se bâtit pas par l'application de règlements.  Il est plus important de développer le respect profond pour chacun et le sens du service aussi détaché que possible, à l'image du Christ qui est venu, comme il le dit Lui-même, non pas pour être servi, mais pour servir. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 1 juillet 2001)









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