25 août

Chacun doit être traité
selon son âge et son degré d’intelligence.
(Règle de Saint Benoît 30,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 67,1-7 (Des frères que l'on envoie en voyage)

¹Les frères qui doivent aller en voyage se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé. ²Après la dernière oraison de l'Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. ³En rentrant de voyage, le jour même de leur retour, les frères se prosterneront à terre dans l'oratoire à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'Œuvre de Dieu. Ils demanderont les prières de tous, à cause des écarts qu'ils auraient pu commettre en voyage, par leurs regards, ou en écoutant de mauvaises choses ou de vains propos. Personne ne se permettra de rapporter sans discernement à autrui ce qu'il aurait vu ou entendu hors du monastère, car cela produit de très grands dégâts. Celui qui oserait le faire sera soumis à la correction régulière. De même celui qui se permettrait de sortir de l’enceinte du monastère, ou d'aller n'importe où, ou de faire quoi que ce soit, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.



… pour chaque jour

Il s’agit de ce qu’on a pu entendre en dehors du monastère. Il suffit d’avoir un peu de bon sens pour taire ce qui n’est pas à dire. Il suffit d’un rien pour piquer la curiosité d’une façon plus ou moins malsaine ou du moins nuisible à notre vie intérieure. Cela s’applique à tous nos propos. Pensons qu’ils ont forcément une influence sur la vie spirituelle du monastère. Même un seul mot. C’est ainsi. Nous sommes, en effet, étroitement liés les uns aux autres par une véritable parenté spirituelle : d’où une responsabilité réelle les uns par rapport aux autres, et le compte que nous aurons à rendre de ce que nous aurons fait ou n’aurons pas fait pour celui et ceux que le Seigneur nous avait confiés. Discernement chez celui qui parle. Mais aussi chez celui qui entend. Il faut savoir discerner à la place de celui qui parlerait sans discernement. Un peu d’intelligence seulement permet de rétablir les choses, en ne faisant pas de drames avec des peccadilles ou des scandales avec des riens. Et, au fond de son cœur, réparer devant Dieu les fautes commises par la langue dont on peut être témoins. Le fait d’être consacrés à Dieu ne nous met pas à l’abri des écarts de langage, des maladresses, de fautes même qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses.
Le chapitre du soir, avec son aspect familial, a un rôle important dans notre vie de communauté. Le père abbé y donne parfois quelques nouvelles intérieures ou extérieures : là encore, il faut nous garder d’une curiosité qui n’est pas bonne, une démangeaison d’information immédiate qui ne nous apporte rien, n’apporte rien au monde. Non pas que nous devions nous retrancher dans une indifférence égoïste à tout ce qui préoccupe nos contemporains. Bien au contraire. Il faut tout faire pour avoir un monastère à la fois ouvert et silencieux. Plus il sera silencieux, attentif à Dieu d’abord, plus il sera ouvert aux besoins de l’Église et plus nos hôtes y trouveront ce qu’ils viennent y chercher.

Écoute, 1962

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 647-648)









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