12 septembre

On n’accordera pas facilement l’entrée du monastère

à celui qui vient s’y engager dans la vie religieuse…

(Règle de Saint Benoît 58,1)

La Règle de Saint Benoît…

RB 2,16-22 (Les qualités que doit avoir l'abbé)

¹⁶Que l'abbé ne fasse donc point acception des personnes dans le monastère. ¹⁷Qu'il n'aime point l'un plus que l'autre, si ce n'est celui qu'il trouvera plus avancé dans les bonnes actions et l'obéissance. ¹⁸L'homme libre ne sera pas préféré à celui qui sera venu de l'esclavage, à moins qu'il n'y ait à cela une autre cause raisonnable. ¹⁹Si l'abbé juge, pour un juste motif, pouvoir faire cette distinction, qu'il en use ainsi à l'égard de chacun, de quelque condition qu'il soit; hormis le cas susdit, que chacun garde sa place ! ²⁰Car, libres ou esclaves, nous sommes tous un dans le Christ, et nous portons tous les mêmes armes, au service d'un même Seigneur. Auprès de Dieu, en effet, il n'y a pas acception de personnes. ²¹La seule chose qui nous distingue à ses yeux, c'est le fait d'être plus riche que d'autres en bonnes œuvres et en humilité. ²²L'abbé témoignera donc à tous une égale charité; et il n'y aura pour tous qu'une même discipline, appliquée selon les mérites de chacun.

… pour chaque jour

Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère. Le rôle de l’abbé est de promouvoir la vie évangélique dans le monastère. Que pour cela l’abbé donne l’enseignement qui convient, c’est-à-dire qu’il fasse passer dans l’âme de ses moines la parole même du Christ. Lorsqu’on enseigne les autres, le risque est de dire de belles choses et de ne pas les faire soi-même. Dieu nous en garde. Quant à la communauté, il ne suffit pas d’écouter. Il faut un courant de charité vraie entre ses membres. Ceci n’est possible que si le père du monastère donne lui-même l’exemple d’une charité vraie, égale pour tous. Aimer tous les hommes. Nous venons, les uns et les autres, de milieux divers, forcément cloisonnés. Nous avons reçu une éducation, une culture, différentes. La charité sans exclusivité demandera donc un effort constant de dépassement de la part de tous. Deux obstacles contre lesquels il nous faut lutter. Premièrement, l’indiscrétion. Sous prétexte de charité, on pénètre indûment dans la vie des autres. Ayons donc une charité très délicate. Deuxièmement, à l’opposé, on trouve l’ignorance affectée. On vivrait alors près de ses frères en les ignorant, et cela sous d’excellents prétextes. Beaucoup d’hommes, dans le monde, vivent ensemble sans jamais se connaître et s’aimer : « Un tel, pas intéressant ». Aimer vraiment, c’est à la fois ne pas ignorer et rester très discret. La solution unique est d’entrer dans le Cœur de Jésus pour apprendre à aimer en Lui.

Écoute, 1961

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 87)