17 septembre

Que l’abbé haïsse les vices, mais qu’il aime les frères.
(Règle de Saint Benoît 64,11)



La Règle de Saint Benoît…

RB 3,7-13 (L'appel des frères en conseil)

En toutes choses, donc, tous suivront cette maîtresse qu'est la Règle, et personne ne se permettra de s'en écarter à la légère. Que nul dans le monastère ne suive la volonté de son propre cœur ; que nul n'ait la hardiesse de contester avec son abbé insolemment, ou hors du monastère. ¹⁰Si quelqu'un avait cette hardiesse il serait soumis à la correction régulière. ¹¹L'abbé, toutefois, doit faire toutes choses dans la crainte de Dieu et selon la Règle, persuadé que, sans doute aucun, il aura à rendre compte de toutes ses décisions à Dieu, ce juge souverainement équitable. ¹²Pour les affaires moins importantes qui intéressent le bien du monastère, l'abbé prendra seulement le conseil des anciens, selon ce qui est écrit : ¹³« Fais tout avec conseil, et, après coup, tu ne t'en repentiras pas. »



… pour chaque jour

Étant donné que, pour Benoît, l’abbé n’est pas un père spirituel charismatique autour duquel se sont regroupés des disciples, mais un membre de la communauté auquel un service est confié au sein de cette même communauté, il est normal que, tout de suite après avoir parlé du ministère de l’abbé, il parle, dans le troisième chapitre de sa Règle, de la consultation des frères. Cela est tout à fait conforme avec la conception du cénobitisme qu’il a décrite dès son premier chapitre.
Dans la conception de Benoît, la communauté n’est ni une monarchie ni une démocratie. L’abbé n’est pas un monarque pouvant décider comme il veut et imposer à la communauté sa volonté propre en tout domaine. La communauté n’est pas non plus une collection d’individus pouvant se mettre d’accord sur n’importe quel projet, fût-il partagé par tous, et encore moins un groupement où la majorité pourrait imposer sa volonté à une minorité.
Le sommet de ce bref chapitre est le verset 8 qui dit que : « Nul, au monastère, ne suivra le désir de son propre cœur ». Le mot latin traduit par désir est voluntas. Donc, personne au monastère – ni l’abbé ni aucun des moines, ne doit suivre sa volonté propre. Au contraire.
Ce qui constitue une communauté est qu’un groupe de frères – ou de sœurs – sont réunis sous une Règle commune. Cette Règle commune c’est tout d’abord l’Évangile, mais c’est aussi l’interprétation de l’Évangile et son application à la vie monastique, telle qu’on la trouve dans la Règle de saint Benoît.
(…)
Ce qui intéresse le plus Benoît en ce chapitre c’est l’esprit dans lequel tout cela doit être vécu. Et il l’exprime dans une série de recommandations aussi bien à l’ensemble des frères qu’à l’abbé.
(…)
Dans n’importe quelle communauté tout ceci se vit dans l’harmonie et la sérénité dans la mesure où tous renoncent à suivre ou imposer leur volonté propre pour se mettre tous ensemble à la recherche quotidienne de la volonté de Dieu. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 7 mars 2010)









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