18 décembre

Que l’abbé ne fasse point 
acception des personnes dans le monastère.
(Règle de Saint Benoît 2,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 63,1-9 (Le rang à garder dans la communauté)

¹Les frères garderont dans le monastère la date que détermine leur entrée en religion, ou le mérite de leur vie et la décision de l'abbé. ²Celui-ci cependant ne troublera pas le troupeau qui lui est confié, et ne prendra aucune décision injuste comme s'il jouissait d'un pouvoir arbitraire. ³Il songera sans cesse au compte qu'il devra rendre à Dieu de toutes ses décisions et de tous ses actes. Ainsi donc, c'est selon le rang qu'il aura établi, ou celui que les frères tiennent à leur entrée, qu'ils iront au baiser de paix et à la communion, entonneront les psaumes et prendront place au chœur. Nulle part, il n'y aura avantage ou préjudice du simple fait de l'âge dans l'ordre à garder, puisque Samuel et Daniel, encore enfants, ont jugé les anciens. Donc, à l'exception de ceux que, comme nous l'avons dit, l'abbé aura promus pour des motifs supérieurs, ou qu'il aura fait déchoir pour des raisons fondées, tous les autres prendront rang à dater de leur entrée en religion : en sorte que, par exemple, celui qui sera arrivé au monastère à la seconde heure du jour, se reconnaîtra, quel que soit son âge ou sa dignité, le cadet de celui qui est arrivé à la première heure. Quant aux enfants, ils seront maintenus dans la Règle en tout et par tous.



… pour chaque jour

Qu’ils gardent leur rang. Saint Benoît règle ici la « situation » du moine. Toute l’ambition de l’homme dans le monde : se faire une situation. Quels qu’en soient les motifs (parfois même très désintéressés), il cherche à se situer par rapport aux autres hommes. Le chrétien, le moine a une optique toute autre ; sa « situation », il doit la voir d’abord par rapport au Christ, en fonction de sa vocation première qui est d’être et de « vivre le Christ » dans le monde, et cela dans une « situation » donnée. Cela est rappelé constamment au moine par le rang qu’il occupe en communauté : signe de sa vocation. Vocation qui n’a pas eu lieu il y a dix, vingt, cinquante ans, mais qui me « situe » dans l’instant présent, par rapport à tous les autres hommes. Nous exercer à nous situer par rapport au Christ. Cela transfigure tous nos rapports avec le prochain. Multiplier les actes de foi, redire le nom de Jésus : par la foi, il est vraiment là. S’exercer à être là, à la place où Dieu me « situe ». À cette condition, je puis alors être le Christ pour mon frère.

Écoute, 1964

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 613)










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