21 décembre

Toutes les fois qu’il y aura dans le monastère
quelque affaire importante à décider,
l’abbé convoquera toute la communauté
et exposera lui-même ce dont il s’agit.
(Règle de Saint Benoît 3,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)

L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. »  ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²²« En vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »



… pour chaque jour

DU NEUF ET DE L’ANCIEN 

Du neuf et de l’ancien. A égale distance des deux, voici donc le moine à instruire, à engendrer, pourrait-on dire. Voici l’abbé appelé à faire preuve d’un talent de « relieur ». Ce qui a le mieux fait ses preuves est à joindre à ce qui est encore en espérance. Ce qui est déjà accompli est à relier à ce qui doit l’être encore. Ce qui est derrière est à relier à ce qui est devant. Voici donc le moine qui peut encore saisir ce qui est en espérance, désireux sans doute d’y ajouter encore en intensité. L’abbé doit lui montrer la seule figure capable de mêler ainsi le passé et la vie, l’apaisé et le frémissant, le mortel et ce qui ne finit pas.
Pour réussir un tel court-circuit, il faut que l’abbé disparaisse. Plus exactement qu’il cède à celui dont il tient la place dans le monastère, qu’il se laisse allumer et brûler par lui. Ainsi, parlant en langue de feu, comme l’Esprit au matin de la Pentecôte, il deviendra lui-même ce feu dont le message est assuré de convaincre, le creuset où fusionnent le neuf et l’ancien, devenus inséparables, ne faisant plus qu’un. Le neuf et l’ancien devenus l’œuvre indissoluble du feu de l’amour.
 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)










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