31 mai

Les offices des Laudes et des Vêpres
ne devront jamais se conclure sans que le supérieur dise,
en dernier lieu, en entier, et au milieu de l’attention générale, 
l’oraison dominicale,
à cause des épines de querelles
qui ont accoutumé de se produire.
(Règle de Saint Benoît 13,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »




… pour chaque jour

« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3). On aurait pu se demander de quels pauvres la Vérité avait voulu parler, si, en disant : « Heureux les pauvres », elle n’avait rien ajouté sur le genre de pauvres qu’il fallait comprendre ; il aurait alors semblé que, pour mériter le Royaume des cieux, le seul dénuement suffisait, dont beaucoup souffrent par l’effet d’une nécessité pénible et dure. Mais en disant : « Heureux les pauvres en esprit », le Seigneur montre que le Royaume des cieux doit être donné à ceux que l’humilité de l’âme recommande, plutôt que la pénurie des ressources.
On ne peut pas douter cependant que les pauvres acquièrent plus facilement que les riches le bien qu’est cette humilité, car à ceux-là la douceur est une amie dans leur indigence, tandis qu’à ceux-ci l’orgueil est le compagnon de leur opulence. Pourtant, chez beaucoup de riches également, on trouve cette disposition d’âme qui les porte à se servir de leur abondance non pour s’enfler d’orgueil mais pour exercer la bonté, et qui considère comme un grand profit ce qui est dépensé pour soulager la misère et la peine des autres. À toutes les sortes et classes d’hommes il est donné d’avoir part à cette vertu, car ils peuvent être à la fois égaux en intention et inégaux en fortune ; peu importe de combien diffèrent en ressources terrestres des hommes que l’on trouve égaux en biens spirituels. Heureuse donc cette pauvreté qui n’est pas enchaînée par l’amour des richesses matérielles ; elle ne désire pas agrandir sa fortune en ce monde, mais aspire à devenir riche des biens des cieux.

(SAINT LÉON LE GRAND [°v.398 – 〸461], Sermon 95, PL 54, 461, trad. Orval)









 30 mai

L’homme estimera que Dieu, du haut du ciel,
le regarde à tout moment.
(Règle de Saint Benoît 7,13)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »



… pour chaque jour

Dans son cœur, le fou déclare : « Pas de Dieu ! »
Tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien !
Des cieux, le Seigneur se penche vers les fils d'Adam
pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu.
Tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis :
pas un homme de bien, pas même un seul !
 
N'ont-ils donc pas compris, ces gens qui font le mal ?
Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple.
Dieu, jamais ils ne l'invoquent !
Et voilà qu'ils se sont mis à trembler, à trembler sans raison.
 
Oui, Dieu a dispersé les os de tes assiégeants ;
tu peux en rire : Dieu les rejette.
Qui fera venir de Sion la délivrance d'Israël ?
Quand le Seigneur ramènera les déportés de son peuple,
quelle fête en Jacob, en Israël, quelle joie !

(Psaumes 52,2-7 – La Bible – AELF)









 29 mai

C’est de bon cœur
que les disciples doivent obéir parce que
« Dieu aime celui qui donne joyeusement ».
(Règle de Saint Benoît 5,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »



… pour chaque jour

Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second.
Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.
 

(Hébreux 10,5-10 – La Bible – AELF)









 28 mai

L’atelier où nous devons travailler diligemment
avec tous ces instruments,
c’est le cloître du monastère
avec la stabilité dans la communauté.
(Règle de Saint Benoît 4,78)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »



… pour chaque jour

Il donne mission à ses anges de le garder sur tous tes chemins. Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour, de ses merveilles pour les hommes. Qu'ils confessent et disent parmi les nations les merveilles que le Seigneur fit pour eux ! Seigneur, qu'est-ce que l'homme, que tu te sois fait connaître à lui, que tu lui ouvres ton cœur ? Tu lui ouvres ton cœur, tu le traites avec sollicitude, tu prends soin de lui. Pour finir, tu lui destines ton Fils unique, tu envoies en lui ton Esprit, et même tu lui promets de voir ton visage. Mais, pour qu'aucun être du ciel ne reste hors de cette sollicitude pour nous, tu envoies ces esprits bienheureux pour qu'ils remplissent un service à notre égard, tu les charges de veiller sur nous, tu leur commandes de se faire nos pédagogues.
Il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Quel n'est pas le respect que cette parole doit susciter en toi, la ferveur qu'elle doit faire naître, la confiance qu'elle doit inspirer ! Le respect à cause de leur présence, la ferveur à cause de leur bienveillance, la confiance à cause de leur vigilance. Ils sont donc là, à tes côtés, non seulement avec toi mais pour toi. Ils sont présents pour te protéger, pour te secourir. Et même si c'est Dieu qui leur en a donné l'ordre, on ne peut pour autant manquer de reconnaissance à leur égard, en raison de la si grande charité avec laquelle ils obéissent et du besoin si grand que nous avons de leur aide.
Soyons donc pleins de respect et de reconnaissance pour une telle vigilance de leur part ; aimons-les en retour et honorons-les autant que nous le pouvons, autant que nous le devons. Mais c'est à Dieu qu'il nous faut rapporter la totalité de notre amour et de notre honneur, à Dieu de qui les anges, aussi bien que nous, reçoivent toute la capacité de l'honorer et de l'aimer, non moins que la possibilité de se rendre dignes de son amour et de son honneur. Aussi est-ce en Dieu, mes frères, qu'avec affection il nous faut aimer ses anges, dans la conscience qu'ils seront un jour nos cohéritiers, et que d'ici là le Père dispose et ordonne qu'ils soient pour nous des intendants et des éducateurs. Car dès maintenant nous sommes fils de Dieu, bien que cela ne soit pas encore évident, puisque nous sommes encore des enfants soumis à des intendants et à des éducateurs, et qui semblent pour le moment ne différer en rien des esclaves.
Pourtant, si petits que nous soyons, et si longue - et pas seulement longue mais dangereuse - que soit la route qui nous reste à parcourir, qu'aurions-nous à craindre sous une si bonne garde ? On ne peut ni les vaincre ni les égarer, et moins encore redouter qu'ils ne nous égarent, eux qui nous gardent sur tous nos chemins. Ils sont fidèles, ils sont sages, ils sont puissants : qu'aurions-nous à craindre ? Suivons-les seulement, attachons-nous à eux, et demeurons sous la sauvegarde du Dieu du ciel.

(SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX [°1090 – 〸1153], Homélie sur le Psaume 90









 27 mai

Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 4,74)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.



… pour chaque jour

Dieu, voyant le monde ravagé par la crainte, agit sans cesse pour le rappeler à lui avec amour, le solliciter par la grâce, le soutenir par la charité, et l’envelopper de tendresse.
Voilà pourquoi il a purifié la terre qui vieillissait dans le péché par le châtiment du déluge ; il appelle Noé à engendrer un monde nouveau ; il le sollicite par d'affectueuses paroles, il lui donne confiance par sa familiarité, il l'instruit paternellement des événements présents, il le réconforte par la grâce en vue des épreuves futures. Il ne lui commande pas, mais en le faisant participer à son œuvre, il enferme dans l'arche tout l'avenir du monde, afin que cette association aimante chasse la crainte servile, et que cet amour commun conserve ce qui avait été sauvé par une œuvre commune.
Voilà pourquoi il appelle Abraham à sortir du paganisme, il anoblit son nom, il en fait le père de la foi ; il l'accompagne dans son voyage, il le protège des étrangers, il l'enrichit ; il en fait un vainqueur, il lui donne le gage de ses promesses, il le fait échapper aux outrages ; il devient aimablement son hôte, il l'émerveille en lui donnant un descendant qu'il n'espérait plus ; afin que comblé de tant de bienfaits, choyé par une telle douceur d'amour divin, il apprenne à aimer Dieu, non à le craindre ; à l'honorer en l'aimant, non en le redoutant.
Voilà pourquoi il réconforte par des songes Jacob fuyant son frère, il le provoque au combat lors de son retour, il le terrasse en l'étreignant comme fait un lutteur, afin qu’il aime le père qui lutte avec lui, au lieu de le craindre. Voilà pourquoi il appelle Moïse dans sa langue maternelle, il l'interpelle avec la tendresse d’un père, il l’invite à être le libérateur de son peuple.
Mais à cause de tous ces faits que nous avons rappelés, où la flamme de l'amour divin embrase les cœurs, où l'ivresse de l'amour de Dieu se répand dans tous les sentiments de l'homme, certains, de leur âme blessée, ont voulu voir Dieu par leurs yeux de chair.
Dieu que le monde ne peut contenir, comment le regard humain, si étroit, pouvait-il le saisir ? Mais le code de l'amour ne considère pas ce que celui-ci peut être, ce qu'il doit et ce qu'il peut faire. L'amour ignore le jugement, il manque de raison, il ignore la mesure. L'amour ne se laisse pas consoler par l’impossibilité, il n’admet pas que la difficulté soit un remède.
L'amour, s'il n'obtient pas l'objet de ses désirs, détruit celui qui aime, et c'est pourquoi il va là où il se laisse entraîner, non là où il doit aller. L'amour engendre le désir, s'enflamme d'ardeur, son ardeur le porte au-delà de ce qui lui est accordé. À quoi bon insister ?
Il est impossible que l'amour ne voie pas ce qu'il aime ; voilà pourquoi tous les saints ont jugé sans valeur tout ce qu'ils avaient obtenu, s'ils ne voyaient pas le Seigneur.
Voilà pourquoi l'amour qui désire voir Dieu, s'il manque de jugement, a pourtant une piété ardente.
Voilà pourquoi Moïse ose dire : Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, montre-moi ton visage. Et le psalmiste : Montre-moi ton visage. Enfin, c'est pour cela que les païens ont fabriqué des idoles : afin de voir de leurs yeux, au milieu de leurs erreurs, ce qu'ils adoraient.
 

(SAINT PIERRE CHRYSOLOGUE [°406 – 〸450], Sermon sur l’Incarnation)









 26 mai

Se réconcilier avant le coucher de soleil,
avec qui on est en discorde.
(Règle de Saint Benoît 4,73)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »




… pour chaque jour

La bonté de Dieu, comme je le répète souvent, n’a pas abandonné ceux qu’il a créés, mais elle se tourne encore vers eux et les rappelle de nouveau : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et accablés, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28). C’est-à-dire : vous voilà fatigués, vous voilà malheureux, vous aves fait l’expérience du mal de votre désobéissance. Allons, convertissez-vous enfin ; (…) vivez par l’humilité, vous qui étiez morts par l’orgueil. (…)
Oh ! mes frères, que ne fait pas l’orgueil ? Oh ! Quel pouvoir possède l’humilité ! Qu’avait-on besoin de tous ces détours ? Si dès le commencement, l’homme était resté humble et avait obéi à Dieu (…), il ne serait pas tombé. Après sa déchéance, Dieu lui a encore fourni une occasion de se repentir et d’obtenir miséricorde ; mais il a gardé la tête haute. Dieu, en effet, est venu lui dire : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3,9), c’est-à-dire : « De quelle gloire es-tu tombé ? » (…) Puis il lui a demandé : « Pourquoi as-tu péché ? Pourquoi as-tu désobéi ? », voulant par-là lui faire dire : « Pardonne-moi ». Mais (…) il n’y a ni humilité ni repentir, mais le contraire. L’homme réplique : « La femme que tu m’as donnée s’est jouée de moi » (v. 12) ; il ne dit pas « ma femme » mais « la femme que tu m’as donnée », comme on dirait : « Le fardeau que tu m’as mis sur la tête ». Il en est ainsi, frères : quand un homme n’accepte pas de se voir pécheur, il ne craint pas d’accuser Dieu lui-même.
Dieu s’adresse ensuite à la femme et lui dit : « Pourquoi n’as-tu pas gardé, toi non plus, le commandement ? », comme s’il disait : « Toi au moins, dis : Pardonne-moi, pour que ton âme s’humilie et obtienne miséricorde ». Mais (…) la femme répond à son tour : « Le serpent m’a trompée » (v. 13), comme pour dire : « Si lui a péché, en quoi suis-je coupable, moi ? » Que faites-vous, malheureux ? (…) Reconnaissez votre faute ; ayez pitié de votre nudité ! Mais ni l’un ni l’autre n’a daigné se reconnaître pécheur.
 

(SAINT DOROTHÉE DE GAZA [°v.500 - 〸entre 565 et 580], Instructions, I, § 8-9, SC 92 [Œuvres spirituelles, trad. L. Regnault et J. de Préville, Éd. du Cerf, 1963, p. 159,161,163 rev.] 









 25 mai

Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais le devenir d’abord,
alors on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle de Saint Benoît 4,62)



La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.



… pour chaque jour

Un frère demanda à abba Pœmen : « Est-il mieux de parler ou de se taire ? ». Le vieillard répondit : « Qui parle pour Dieu, fait bien, et qui se tait pour Dieu, de même ».
Il a dit encore : « Il y a un homme qui paraît se taire, et son cœur condamne les autres, un tel homme parle sans cesse. Au contraire, il en est un autre qui parle du matin au soir, et qui pourtant garde le silence, parce qu’il ne dit rien qui n’ait une utilité spirituelle ».
 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Pœmen 147 et 27, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 178)









 24 mai

S’appliquer fréquemment à la prière.
(Règle de Saint Benoît 4,56)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœurs, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.



… pour chaque jour


Une oreille attentive écoute tout ;
même le murmure des récriminations ne reste pas caché.
Gardez-vous donc d’une récrimination inutile,
et plutôt que de dire du mal,
retenez votre langue,
car un propos tenu en cachette ne restera pas sans effet :
la bouche qui calomnie détruit l’âme.

(Sagesse 1,10-11 – La Bible – AELF)









 23 mai

Entendre volontiers les saintes lectures.
(Règle de Saint Benoît 4,55)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,1-13 (L'obéissance)

¹Le premier degré d'humilité est l'obéissance sans délai. ²Elle convient à ceux qui n'ont rien de plus cher que le Christ. ³Mus par le service sacré dont ils ont fait profession, ou par la crainte de l'enfer, et par le désir de la gloire de la vie éternelle, dès que le supérieur a commandé quelque chose, ils ne peuvent souffrir d'en différer l'exécution, tout comme si Dieu lui-même en avait donné l'ordre. C'est d'eux que le Seigneur dit: « Dès que son oreille a entendu, il m'a obéi. » Et il dit encore à ceux qui enseignent: « Qui vous écoute, m'écoute. » Ceux qui sont dans ces dispositions, renonçant aussitôt à leurs propres intérêts et à leur propre volonté, quittent ce qu'ils avaient en mains et laissent inachevé ce qu'ils faisaient. Ils suivent d'un pied si prompt l'ordre donné que, dans l'empressement qu'inspire la crainte de Dieu, il n'y a pas d'intervalle entre la parole du supérieur et l'action du disciple, toutes deux s'accomplissant au même moment. ¹⁰Ainsi agissent ceux qui aspirent ardemment à la vie éternelle. ¹¹C'est pour cela qu'ils entrent dans la voie étroite dont parle le Seigneur, lorsqu'il dit: « Étroite est la voie qui conduit à la vie. » ¹²Aussi, ne vivant plus à leur gré et n'obéissant plus à leurs désirs ni à leurs inclinations, ils marchent au jugement et au commandement d'autrui, et désirent se soumettre à un abbé en vivant dans un monastère. ¹³Assurément les hommes de cette trempe imitent le Seigneur qui dit dans cette sentence: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. »



… pour chaque jour

Parcourons tous les âges et nous apprendrons que, de génération en génération, le Maître a offert la possibilité de se convertir à tous ceux qui voulaient se tourner vers lui. Noé prêcha la conversion, et ceux qui l’écoutèrent furent sauvés. Jonas annonça aux Ninivites la destruction qui les menaçait ; ils se repentirent de leurs péchés, ils apaisèrent Dieu par leurs supplications et ils obtinrent le salut, bien qu’étrangers à Dieu…
Par sa volonté toute-puissante, il veut faire participer tous ceux qu’il aime à la conversion. C’est pourquoi nous devons obéir à sa magnifique et glorieuse volonté. Implorons humblement sa miséricorde et sa bonté ; confions-nous à sa compassion en abandonnant les préoccupations frivoles, la discorde et la jalousie qui ne conduisent qu’à la mort…
Restons humbles, mes frères, rejetons tous les sentiments d’orgueil, de jactance, de vanité et de colère… Attachons-nous fermement aux préceptes et aux commandements du Seigneur Jésus, nous rendant dociles et humbles devant ses paroles. Car voici ce que dit la parole sainte : « Vers qui tournerai-je mon regard, sinon vers l’homme doux, pacifique, qui tremble à mes paroles ? » (Is 66,2) 

(SAINT CLÉMENT DE ROME [° ? – 〸v.99], Lettre aux Corinthiens, § 7-13, PA 1, 108-110)









 22 mai




La Règle de Saint Benoît…

RB 4,63-78 (Les instruments des bonnes œuvres)

⁶³Accomplir, tous les jours, par ses œuvres les préceptes de Dieu.
⁶⁴Aimer la chasteté.
⁶⁵Ne haïr personne.
⁶⁶Ne pas avoir de jalousie.
⁶⁷Ne pas agir par envie.
⁶⁸Ne pas aimer à contester.
⁶⁹Fuir l'élèvement.
⁷⁰Vénérer les anciens.
⁷¹Aimer les plus jeunes.
⁷²Par amour du Christ, prier pour ses ennemis.
⁷³Se réconcilier avant le coucher du soleil, avec qui on est en discorde.
⁷⁴Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
⁷⁵Voilà quels sont les instruments de l'art spirituel.
⁷⁶Si, jour et nuit, sans relâche, nous nous en servons, quand, au jour du jugement, nous les remettrons, le Seigneur nous donnera la récompense qu'il a promise lui-même:
⁷⁷« Ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. »
⁷⁸Or l'atelier où nous devons travailler diligemment avec tous ces instruments, c'est le cloître du monastère avec la stabilité dans la communauté.



… pour chaque jour

La vraie « miséricorde qui est dans les cieux » (Ps 35,6 Vulg), c’est le Christ notre Seigneur. Qu’elle est douce et qu’elle est bonne, cette miséricorde : alors que personne ne la cherchait, elle est descendue des cieux d’elle-même et s’est abaissée pour nous relever. Notre Seigneur a été frappé pour guérir nos blessures ; il est mort pour nous libérer de la mort éternelle ; il est descendu dans le séjour des morts pour ramener au ciel ceux que le diable avait ravis comme sa proie. (…)
De plus le Christ nous a encore promis d’être avec nous jusqu’à l’accomplissement du temps, comme il le dit lui-même dans l’Évangile : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Voyez sa bonté, mes frères : il siège désormais au ciel à la droite du Père, et il veut bien peiner encore avec nous sur la terre. Avec nous, il veut avoir faim et soif, avec nous avoir froid, avec nous être un étranger, il ne refuse même pas de mourir et d’être emprisonné avec nous (Mt 25,35s). (…) Voyez quel amour pour nous le pousse ; dans sa tendresse inexprimable, il veut souffrir en nous tous ces maux.
Oui, la vraie miséricorde dans le ciel, notre Christ Seigneur, t’a créé alors que tu n’existais pas, il t’a cherché alors que tu étais perdu, il t’a racheté alors que tu t’étais vendu. Alors, chers frères, nous qui avons été cherchés et trouvés, cherchons celui qui nous a tant aimés. (…) Mais que dis-je, le chercher ? Si seulement nous voulions nous laisser trouver par lui ! (…) Car chaque jour le Christ daigne s’offrir au genre humain. Mais hélas, tous n’acceptent pas de lui ouvrir la porte de leur cœur. 

(SAINT CÉSAIRE D’ARLES [°v.470 – 〸542], Sermon 26,2-5, PLS IV*, 297-299, SC 243 (Sermons au peuple, 21-55, t. II, M.-J. Delage, Éd. du Cerf, 1978, p. 85)