1 février

On n’accordera pas facilement l’entrée du monastère
à celui qui vient s’y engager dans la vie religieuse…
(Règle de Saint Benoît 58,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,35-43 (L'humilité)

³⁵Voici le quatrième degré d'humilité: la conscience embrasse la patience, au point d'obéir silencieusement, quelque durs et contrariants que soient les ordres reçus, et fût-on même victime de toutes sortes d'injustices ; ³⁶on supporte, sans se lasser ni reculer, car l'Écriture dit: « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé, » ³⁷et ailleurs: « Prends courage et supporte le Seigneur. » ³⁸Et pour nous montrer que le serviteur fidèle doit tout supporter pour le Seigneur, même les adversités, l'Écriture dit au nom de ceux qui souffrent: « C'est pour toi que nous sommes livrés à la mort durant le jour; nous sommes considérés comme des brebis de boucherie. »  ³⁹Et ceux qu'anime l'espoir assuré de la récompense divine, ajoutent avec joie: « Mais en toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à celui qui nous a aimés. » ⁴⁰L'Écriture dit encore en un autre endroit: « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer l'argent par le feu; tu nous as pris dans le filet, tu as amassé les tribulations sur nos épaules. » ⁴¹Et pour nous apprendre que nous devons vivre sous un supérieur, elle ajoute: « Tu as établi des hommes sur nos têtes. » ⁴²Ainsi par la patience dans les adversités et les injustices, les humbles pratiquent le précepte du Seigneur: si on les frappe sur une joue, ils tendent l'autre; si on leur ôte leur tunique, ils abandonnent aussi leur manteau; si on les contraint de faire un mille, ils en font deux; ⁴³avec l'Apôtre Paul ils supportent les faux frères, et ils bénissent ceux qui les maudissent.



… pour chaque jour

Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
 

(Luc 6,28-36 – La Bible – AELF)









 31 janvier

Qu’en tout Dieu soit glorifié.
(Règle de Saint Benoît 57,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. »








… pour chaque jour

3ième degré d’humilité. Il ne s’agit pas seulement d’avoir de belles idées sur la vie monastique – comme sur la vie chrétienne tout simplement – mais de la pratiquer, les yeux fixés sur le Christ. Pour saint Benoît, l’école d’humilité, c’est le Christ, concrètement. Pratiquer l’humilité, c’est nous unir à Lui dans une foi vivante, vivre son mystère, « vivre le Christ ». En dehors de Lui, il n’y a pas d’humilité, car en Lui seul nous pouvons nous « situer » devant Dieu. Dieu ne nous connaît et ne nous aime que dans le Christ.

Écoute, 1966

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 178)









 30 janvier

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît 53,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »




… pour chaque jour

On disait d’abba Sisoès le Thébain que, quand prenait fin l’assemblée, il s’enfuyait dans sa cellule. Et l’on disait : « Il a un démon », mais lui faisait l’œuvre de Dieu (Jn 10,20).
Abba Sisoès a dit : « Cherche Dieu et ne cherche pas où il habite ».
Abba Sisoès a dit : « Sois méprisé, rejette derrière toi ta volonté, sois sans souci, et tu auras le repos ».
 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Sisoès 37, 40 et 43, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 227)









 29 janvier

… Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
(Règle de Saint Benoît 49,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »



… pour chaque jour

Dans son cœur, le fou déclare : « Pas de Dieu ! »
Tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien !
Des cieux, le Seigneur se penche vers les fils d'Adam
pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu.
 
Tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis :
pas un homme de bien, pas même un seul !
N'ont-ils donc pas compris, ces gens qui font le mal ?
Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple.
Dieu, jamais ils ne l'invoquent !
 
Et voilà qu'ils se sont mis à trembler, à trembler sans raison.
Oui, Dieu a dispersé les os de tes assiégeants ;
tu peux en rire : Dieu les rejette.
 
Qui fera venir de Sion la délivrance d'Israël ?
Quand le Seigneur ramènera les déportés de son peuple,
quelle fête en Jacob, en Israël, quelle joie !

(Psaume 52,2-7 – La Bible – AELF)









 28 janvier

La vie d’un moine devrait être,
en tout temps,
aussi observante que durant le Carême.
(Règle de Saint Benoît 49,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »



… pour chaque jour

Recherchez mes paroles, désirez-les ; elles feront votre éducation.
La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.
Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première.
Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte.
Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci.
Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre.
 

(Sagesse 6,11-16 – La Bible – AELF)









 27 janvier

Que tout se fasse avec modération,
par égard pour les faibles.
(Règle de Saint Benoît 48,9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »



… pour chaque jour

Heureux seront ceux qui craignent le Seigneur, qui marchent sur ses chemins. Toutes les fois que l'on parle de la crainte du Seigneur dans les Écritures, il faut remarquer qu'elle n'est jamais présentée seule, comme si elle suffisait à la perfection de notre foi ; on lui préfère ou on lui substitue une quantité de choses qui font comprendre quelle est la nature et la perfection de cette crainte du Seigneur. Nous connaissons par là ce que dit Salomon dans les Proverbes : Si tu demandes la sagesse, si tu appelles l'intelligence, si tu la cherches comme l'argent et si tu creuses comme un chercheur de trésor, alors tu comprendras la crainte du Seigneur.
Nous voyons ainsi à travers quelles étapes on parvient à la crainte du Seigneur. D'abord, il faut demander la sagesse, consacrer tous ses efforts à comprendre la parole de Dieu, rechercher et approfondir dans la sagesse ; et c'est après que l'on comprendra la crainte du Seigneur. Or, dans l’opinion commune des hommes, on ne comprend pas ainsi la crainte.
La crainte est l'effroi de la faiblesse humaine qui redoute de souffrir des accidents dont elle ne veut pas. Elle naît et elle s'ébranle en nous du fait de la culpabilité de notre conscience, du droit d'un plus puissant, de l'assaut d'un ennemi mieux armé, d'une cause de maladie, de la rencontre d'une bête sauvage, bref la crainte naît de tout ce qui peut nous apporter de la souffrance. Une telle crainte ne s'enseigne donc pas : elle naît naturellement de notre faiblesse. Nous n'apprenons pas quels sont les maux à craindre, mais d’eux-mêmes ces maux nous inspirent de la crainte.
Au contraire, au sujet de la crainte du Seigneur, il est écrit ceci : Venez, mes fils, écoutez-moi : la crainte du Seigneur, je vous l'enseignerai. Il faut donc apprendre la crainte de Dieu, puisqu'elle est enseignée. En effet, elle n'est pas dans la terreur, elle est dans la logique de l'enseignement. Elle ne vient pas du tremblement de la nature, mais de l'observance du précepte ; elle doit commencer par l'activité d'une vie innocente et par la connaissance de la vérité.
Pour nous, la crainte de Dieu est tout entière dans l'amour, et la charité parfaite mène à son achèvement la peur qui est en elle. La fonction propre de notre amour envers lui est de se soumettre aux avertissements, d'obéir aux décisions, de se fier aux promesses. Écoutons donc l'Écriture, qui nous dit : Et maintenant, lsraël, qu'est-ce que le Seigneur te demande ? Sinon que tu craignes le Seigneur ton Dieu, que tu marches sur tous ses chemins, que tu l'aimes et que tu observes, de tout ton cœur et de toute ton âme, les commandements qu’il t’a donnés pour ton bonheur.
Nombreux sont les chemins du Seigneur, bien qu'il soit lui-même le chemin. Mais lorsqu'il parle de lui-même, il se nomme le chemin et il en montre la raison lorsqu'il dit : Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Il faut donc interroger beaucoup de chemins et nous devons en fouler beaucoup pour trouver le seul qui soit bon ; c'est-à- dire que nous trouverons l'unique chemin de la vie éternelle en traversant la doctrine de chemins nombreux. Car il y a des chemins dans la Loi, des chemins chez les prophètes, des chemins dans les évangiles, des chemins chez les Apôtres ; il y a aussi des chemins dans toutes les actions qui accomplissent les commandements, et c'est en les prenant que ceux qui marchent dans la crainte de Dieu trouvent le bonheur.
 

(SAINT HILAIRE DE POITIERS [°v.315 – 〸367], Commentaire sur le Psaume 127)









 26 janvier

C’est alors qu’ils seront vraiment moines,
lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains…
(Règle de Saint Benoît 48,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.



… pour chaque jour


Cherchez le Seigneur,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice, cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du Seigneur.

(Sophonie 2,3 – La Bible – AELF)









 25 janvier

Les frères doivent consacrer
certaines heures au travail des mains
et d’autres à la lecture des choses divines.
(Règle de Saint Benoît 48,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »






… pour chaque jour

La simplicité est une habitude de l’âme qui exclut tout artifice, et l’immunise contre la malveillance. L’absence de malice est un état joyeux de l’âme exempte de toute arrière-pensée. La première prérogative de l’enfance, c’est une simplicité exempte d’artifice ; aussi longtemps qu’Adam la conserva, il ne vit pas la nudité de son âme et l’indécence de sa chair.
Belle et bienheureuse est la simplicité que certains possèdent par nature, mais elle l’est moins que celle qui, à force de peines et de sueurs, a pu se greffer sur une tige mauvaise. La première est à l’abri de beaucoup d’artifices et de passions ; mais la seconde procure une très profonde humilité et une extrême douceur. La première ne mérite guère de récompense ; mais la seconde, une récompense infinie.
Nous tous qui voulons attirer à nous le Seigneur, approchons-nous de lui comme des disciples de leur maître, en toute simplicité, sans hypocrisie, sans méchanceté, ni artifice, ni complications. En effet, il est lui-même simple et sans complexité, et il veut que les âmes qui l’approchent soient simples et innocentes. Car vous ne trouverez jamais la simplicité séparée de l’humilité.
 

(SAINT JEAN CLIMAQUE [°v.579 – 〸v.649], L’Échelle sainte, 24e degré, dans : Coll. SO n°24, trad. P. Deseille, éd. Bellefontaine, 1978, p. 213-214)









 24 janvier




La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.



… pour chaque jour

Abba Amoun alla trouver un jour abba Pœmen et lui dit : « Chaque fois que je vais dans la cellule du voisin ou que lui vient chez moi pour une nécessité, nous craignons de converser ensemble, de peur que ne se glissent dans l’entretien des propos étrangers ». Le vieillard lui dit : « Tu fais bien, car la jeunesse a besoin de vigilance ». Abba Amoun lui dit alors : « Que faisaient donc les vieillards ? ». Et il lui répondit : « Les vieillards, ayant progressé, n'avaient rien de mauvais en eux, ni rien d’étranger dans la bouche, dont ils puissent parler ». « Mais, dit encore Amoun, s’il y a une nécessité de parler avec le voisin, veux-tu que je parle des Écritures ou des paroles des vieillards ? » Le vieillard répondit : « Si tu ne peux garder le silence, mieux vaut causer des paroles des vieillards que de l’Écriture car pour celle-ci, le péril n’est pas minime ». 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Amoun de Nitrie 2, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 65-66)









 23 janvier

Les moines doivent s’appliquer au silence en tout temps…
(Règle de Saint Benoît 42,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœurs, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.



… pour chaque jour

Celui qui veut s’approcher du Seigneur, être digne de la vie éternelle, devenir la demeure du Christ, être rempli du Saint-Esprit, afin de porter les fruits de cet Esprit, doit d’abord croire fermement dans le Seigneur et puis se livrer sans réserve à ses commandements. Il doit se faire violence pour être humble devant tout homme, comme le dit le Seigneur : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Mt 11,29). De même, il doit s’exercer de toutes ses forces à être habituellement miséricordieux, doux, compatissant et bon, comme le dit le Seigneur : « Soyez bons et doux comme votre Père céleste est compatissant » (Lc 6,36 ; Mt 5,48). Et encore : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jn 14,15). Et « Faites-vous violence, car ce sont les violents qui s’emparent du Royaume des cieux ». Et « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Lc 13,24). En tout, il doit prendre modèle sur l’humilité, la conduite, la douceur, la manière de vivre du Seigneur.
Qu’il persévère dans la prière, qu’il demande sans se lasser que le Seigneur vienne et demeure en lui, le restaure et lui donne la force d’observer tous ses commandements, et que le Sauveur devienne lui-même la demeure de son âme. Et alors, ce qu’il accomplit en se faisant violence, sans l’inclination de la nature, il l’accomplira de bon gré, parce qu’il s’habituera complètement au bien, se souviendra sans cesse du Seigneur et l’attendra avec un grand amour. Quand le Seigneur verra une telle résolution, il aura pitié de lui, le délivrera de ses ennemis et du péché qui habite en lui, et le remplira du Saint-Esprit. Et ainsi, désormais, il observera tous les commandements du Seigneur en toute vérité, sans violence ni fatigue – ou plutôt, ce sera le Seigneur lui-même qui accomplira en lui ses propres préceptes et il produira en toute pureté les fruits de l’Esprit (cf. Ga 5,22).
 

(Homélie attribuée à SAINT MACAIRE D’ÉGYPTE [°300 – 〸391], dans : Homélies spirituelles, n°19, Coll.Spir.Or. n°40, trad. Pl. Deseille, Éd. Abbaye de Bellefontaine, 1984, p. 224)