31 décembre
Tenons-nous
pour psalmodier de manière que
notre
esprit soit en accord avec notre voix.
(Règle
de Saint Benoît 19,7)
RB 73,1-9 (Toute la pratique de la justice n'est pas contenue dans cette règle)
¹Cette Règle, que nous venons d'écrire, il suffira de l'observer dans
les monastères pour faire preuve d'une certaine rectitude morale et d'un
commencement de vie monastique. ²Quant à celui qui aspire à la vie parfaite,
il a les enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l'homme jusqu'aux
sommets de la perfection. ³Est-il, en effet, une page, est-il une parole
d'autorité divine, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une règle
toute droite pour la conduite de notre vie ? ⁴Ou encore, quel est le livre des
saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin pour parvenir à
notre Créateur ? 5 Et de même, les Conférences des Pères, leurs Institutions et
leurs Vies ainsi que la Règle de notre Père saint Basile, 6 sont-elles autre
chose que des instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants ? 7
Il y a là pour nous, relâchés, inobservants et négligents, de quoi rougir de
confusion. 8 Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste,
accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les
débutants. 9 Cela fait, tu parviendras avec la protection de Dieu, aux plus
hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.
... pour chaque jour
Trois choses caractérisent la vie du chrétien
: l'action, la parole, la pensée. Parmi elles, la principale est la pensée.
Après la pensée, vient la parole, qui révèle par les mots la pensée imprimée
dans l'âme. Après l'esprit et le langage, vient l'action, qui met en œuvre ce
que l'on a pensé. Lorsque l'une de ces trois choses nous dirige dans le cours
de la vie, il est bien que tout : parole, action et pensée, soit divinement
réglé selon les connaissances qui permettent de comprendre et de nommer le
Christ, afin que notre action, notre parole ou notre pensée ne s'écartent pas
de ce que ces noms signifient.
Que doit faire celui qui a obtenu de porter le nom magnifique du Christ ? Rien
d'autre que d'examiner en détail ses pensées, ses paroles et ses actions :
est-ce que chacune d'elles tend vers le Christ, ou bien s'éloigne de lui ? Cet
examen se fait de multiples façons. Les actes, les
pensées ou les paroles qui entraînent une passion quelconque, tout cela n'est
aucunement en accord avec le Christ, mais porte l'empreinte de l'Adversaire,
lui qui plonge les perles de l'âme dans le bourbier des passions, et fait
disparaître l’éclat de la pierre précieuse.
Au contraire, ce qui est exempt de toute disposition due à la passion
regarde vers le chef de la paix spirituelle, qui est le Christ. C'est en lui,
comme à une source pure et incorruptible, que l'on puise les connaissances qui
conduisent à ressembler au modèle primordial ; ressemblance pareille à celle
qui existe entre l'eau et l'eau, entre l'eau qui jaillît de la source et celle qui
de là est venue dans l’amphore.
En effet, c'est par nature la même pureté que l'on voit dans le Christ,
et chez celui qui participe au Christ. Mais chez le Christ elle jaillit de la
source, et celui qui participe du Christ puise à cette source et fait passer
dans la vie la beauté de telles connaissances. C'est ainsi que l'on voit
l'homme caché concorder avec l'homme apparent, et qu'un bel équilibre de vie
s'établit chez ceux que dirigent les pensées qui poussent à ressembler au
Christ.
À mon avis, c'est en cela que consiste la perfection de la vie chrétienne :
obtenir en partage tous les noms qui détaillent la signification du nom du
Christ, par notre âme, notre parole et les activités de notre vie.
(SAINT
GRÉGOIRE DE NYSSE, Traité sur la perfection chrétienne)
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