19 février
L’abbé témoignera à tous une
égale charité…
(Règle de Saint
Benoît 2,22)
RB 16,1-5 (Comment célébrer les divins offices pendant le jour)
¹Nous ferons comme l'a dit le Prophète: « Sept fois le jour j'ai
chanté tes louanges. » ²Nous remplirons ce nombre sacré de sept, si nous
nous acquittons des devoirs de notre service à Laudes, Prime, Tierce, Sexte,
None, Vêpres et Complies. ³Car c'est de ces Heures du jour que le Prophète a
dit: « Sept fois le jour j'ai chanté tes louanges. » ⁴Tandis que, au
sujet de l'office de la nuit, il s'exprime ainsi: « Je me levais au milieu
de la nuit pour te louer. » ⁵Louons donc notre Créateur des jugements de
sa justice, en ces Heures-là, à savoir: Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres,
Complies, et la nuit, levons-nous pour lui offrir nos louanges.
✽ ✽ ✽
... pour chaque jour
es frères, interrogez-vous bien vous-mêmes ; faites l’inspection
de vos greniers intérieurs. Voyez, examinez ce que vous possédez en fait de
charité et accroissez ce que vous allez trouver. Faites attention à un pareil
trésor pour être riches au-dedans. De tout ce qui est d’un grand prix, on
dit : c’est cher ; et ce n’est pas un vain mot. Remarquez les
vocables du langage usuel. On dit : cet objet est plus cher que cet autre.
Que veut dire : il est plus cher, sinon : il a plus de prix ? Si
on dit « plus cher » ce qui a plus de prix, qu’y a-t-il de plus cher
que la charité, mes frères ? Réfléchissons ; quel est son prix, où le
trouver ? Le prix du blé, c’est la monnaie ; le prix d’une terre, ton
argent ; le prix d’une perle, ton or ; le prix de la charité, c’est
toi ! Tu cherches comment te procurer une terre, une pierre précieuse, une
bête de somme. Tu cherches de quoi les acheter et tu cherches chez toi. Si tu
veux posséder la charité, c’est toi qu’il faut chercher, toi qu’il faut
trouver.
Pourquoi crains-tu de te donner ? As-tu peur d’être détruit ?
Au contraire, si tu ne te donnes pas, c’est alors que tu te perds. La charité
en personne parle par la Sagesse et elle te dit – ne prends pas peur de ce
qu’elle te dit – : « Donne-toi toi-même. » Si quelqu’un voulait
te vendre une terre, il te dirait : donne-moi ton or. Veut-on te vendre
autre chose ? on te dit : donne-moi ta monnaie ; donne-moi ton argent.
Écoute ce que la charité te dit par la bouche de la Sagesse : « Mon
fils, donne-moi ton cœur » (Pr 23,26) « Donne-moi »
dit-elle. Quoi ? – « Ton cœur, mon fils. » Il allait mal quand
il était sous tes ordres, quand il était à ton service : les babioles
l’attiraient, ainsi que les amours légères et dangereuses. Ote-le de là. – Où
l’emportes-tu ? où le mets-tu ? – Donne-moi ton cœur, dit-elle. Qu’il
soit à moi ; il ne sera pas perdu pour toi. Vois s’il a voulu te laisser
la faculté de t’aimer si tu en as envie, Celui qui te dit : « Tu aimeras
le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton
esprit » (Mt 22,37). Que va-t-il rester de ton cœur, de ton âme, de
ton esprit pour t’aimer toi-même ? « Tout », dit-il ; il te
réclame tout entier, celui qui t’a fait. Ne t’attriste pas comme s’il ne
demeurait plus en toi aucune source de joie. Il faut « qu’Israël se
réjouisse » – non en lui-même – mais « en celui qui l’a fait ».
(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE, Sermon 34 sur les premiers versets du Psaume 149 (PL 38, 210-213), dans : Les Psaumes commentés par les Pères, Textes traduits, notes et tables par Sœur Baptista Landry osb, Introduction, choix et conseils de travail par A.-G. Hamman, Collection « Les Pères dans la foi », DDB, 1983, p. 319-320)
* Initiale - Ms Abbaye de Maredret
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