11 mars

Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste,

accomplis avec l’aide du Christ,

cette toute petite Règle, écrite pour les débutants.

(Règle de Saint Benoît 73,8)

La Règle de Saint Benoît…

RB 33,1-8 (Si les moines doivent avoir quelque chose en propre)

¹Avant tout, il faut retrancher du monastère jusqu'à la racine ce vice de la propriété. ²Que personne n'ait donc la témérité de rien donner ou recevoir sans l'autorisation de l'abbé ; ³ni de rien posséder en propre, quoi que ce puisse être, ni livres, ni tablettes, ni stylet pour écrire, en un mot absolument rien, ⁴puisqu'il n'est même plus licite aux moines d'avoir à leur disposition ni leur corps ni leurs volontés. ⁵Ils doivent espérer et attendre du père du monastère tout ce qui leur est nécessaire. Et personne ne pourra avoir quelque chose que l'abbé n'ait donné ou permis. ⁶Que tout soit commun à tous, ainsi qu'il est écrit. Que personne ne dise que quelque chose lui appartient, ni n'ait la témérité de se l'approprier. ⁷Si quelqu'un se complaisait en ce vice détestable, on l'admonesterait une et deux fois ; ⁸s'il ne s'amendait pas, on le corrigerait.

Ms Abbaye de Maredret

… pour chaque jour

Savoir demander selon ses besoins représente une forme importante de dépossession. Jésus assure ses disciples que Dieu exauce toujours leurs requêtes, car il ne manque jamais d’accorder à ceux qui le prient le don par excellence, préférable à tous les autres : l’Esprit-Saint. La liberté chrétienne s’enracine dans cette certitude. Elle dispose à recevoir le « meilleur » que Dieu ne peut pas refuser. La désappropriation est plus qu’une ascèse ou une observance, elle est une « vertu théologale » qui ouvre, dans l’espérance, au don qu’est Dieu lui-même. La grâce divine ne se possède pas, elle se reçoit. Nul ne peut la prendre, la retenir au la revendiquer, mais seulement l’accueillir en s’abandonnant dans la confiance. La crispation de l’avoir ou du pouvoir fait obstacle au don de Dieu. La dépossession ne frustre pas ; au contraire, elle libère, à la fois soi-même et l’action de Dieu en soi. 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions, 2017, p. 82-83)