22 mars
L’abbé témoignera à tous une
égale charité…
(Règle de Saint
Benoît 2,22)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 43,1-12 (Ceux qui arrivent en retard à l'Œuvre de Dieu ou à la table)
¹À l'heure de l'office divin, aussitôt le signal entendu, on quittera
tout ce qu'on a dans les mains, et l'on se hâtera d'accourir, ²avec gravité
néanmoins afin de ne pas donner aliment à la dissipation. ³On ne préfèrera
donc rien à l'Œuvre de Dieu. ⁴Si quelqu'un arrive aux Vigiles après le Gloria
du psaume quatre-vingt-quatorze - qui devra, pour ce motif, être récité en
traînant et lentement - il ne prendra point son rang au chœur, ⁵mais la
dernière place, ou se retirera à l'endroit que l'abbé aura désigné pour les
négligents de cette sorte, et d'où il puisse être vu par lui et par toute la
communauté. ⁶Il y demeurera jusqu'à ce que, l'Œuvre de Dieu étant terminée, il
fasse pénitence par une satisfaction publique. ⁷Si nous avons jugé à propos de
placer les retardataires au dernier rang ou à l'écart, c'est afin que la honte
qu'ils éprouveront d'être exposés au regard de tous serve à les corriger. ⁸Car
s'ils demeuraient hors de l'oratoire, il s'en pourrait trouver qui iraient se
recoucher pour dormir ou qui, assis dehors s'amuseraient à bavarder, donnant
ainsi occasion au malin de les tenter. ⁹Il vaut donc mieux qu'ils entrent à
l'oratoire; ainsi ils ne perdront pas tout, et ils auront des chances de se
corriger. ¹⁰Aux Heures du jour, celui qui arrivera à l'office divin après le
verset et le Gloria du premier psaume dit après le verset, se tiendra au
dernier rang, selon la règle que nous venons d'établir. ¹¹Il ne se permettra
point de se joindre à la psalmodie chorale avant d'avoir fait satisfaction, à
moins que l'abbé ne lui en donne la permission, avec son pardon. ¹²Même dans
ce cas, il devra encore réparer la faute qu'il a commise.
Ms Abbaye de Maredret
…
pour chaque jour
Pour demeurer toujours au service de l’esprit qui la justifie,
l’observance exige souplesse et accommodements. Ainsi, la nuit, au sortir du
sommeil, saint Benoît prévoit-il, à l’Office des Vigiles, un certain retard
institutionnalisé : le Psaume 94 sera récité en traînant afin de
permettre aux dormeurs d’arriver à temps (v.4) ! Rien n’est rigide a
priori. La Règle prévient les faiblesses. De même, la présence de tous, dès le
début et jusqu’à la fin du repas, exclut en principe la nourriture consommée en
dehors des moments réguliers. Mais saint Benoît sait que les exceptions sont
inévitables. Il prend les devants (v.18-19). Au moine d’accepter simplement le
soulagement offert. Rien n’est plus régulier que l’exception, prévue et
accordée par le supérieur. La volonté propre se satisfait davantage de
prétendre observer la Règle à la lettre plutôt que d’accueillir la dispense qui
préserve son véritable esprit. Saint Benoît exclut autant le caprice que la
rigidité formelle. L’un et l’autre traduisent l’orgueil ou l’égoïsme. Qui
refuse l’indulgence sort des sentiers de l’Évangile. Une grande souplesse
accompagne nécessairement de fortes exigences. L’essentiel n’est pas appréhendé
par une théorie, mais grâce à l’humble pratique de la vie communautaire dans
ses contraintes quotidiennes élémentaires.
(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU
QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à
tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions,
2017, p. 118-119)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire