15 juillet

En tout lieu, c’est un seul Seigneur que l’on sert…
(Règle de Saint Benoît 61,10)



La Règle de Saint Benoît…

RB 36,1-10 (Les frères malades)

¹On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout. On les servira comme s'ils étaient le Christ en personne, ²puisqu’il a dit: « J'ai été malade et vous m'avez visité », ³et « ce que vous avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait. » De leur côté, les malades considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert. Aussi ils ne mécontenteront pas par des exigences superflues les frères qui les servent. Éventuellement, il faudrait cependant les supporter avec patience, parce qu'il en revient plus de mérite. L'abbé veillera donc avec un très grand soin à ce que les malades ne souffrent d'aucune négligence. On assignera aux frères malades un logis particulier et, pour leur service, un frère craignant Dieu, diligent et soigneux. On offrira aux malades l'usage des bains toutes les fois qu'il sera expédient; mais on l'accordera plus rarement aux bien-portants, principalement aux jeunes. On concédera également aux malades tout à fait débiles l'usage de la viande afin de réparer leurs forces; mais lorsqu'ils seront rétablis, ils s'en abstiendront tous, comme à l'ordinaire. ¹⁰L'abbé veillera donc avec un très grand soin à ce que les cellériers et les servants ne négligent point les malades; c'est lui-même, en effet, qui est responsable de tout manquement commis par ses disciples.

… pour chaque jour

Il s’agit toujours du Christ mais, ici, l’image montre le Christ servi dans la personne du malade. Le croyant est appelé à le reconnaître partout présent et à le rendre vivant en toute occasion. Le frère serviteur imite le Christ, le frère servi le représente. Toute la vie quotidienne est un service du Seigneur, tant offert que reçu (v.1-3).
Il n’est pas plus facile de recevoir un service que de le rendre. À cet égard, les malades occupent une place à la fois périlleuse et privilégiée. Le terme latin infirmus recouvre un sens plus étendu que le mot « malade ». Il peut s’appliquer à toute forme de faiblesse, physique ou autre. Il désigne ce qui est fragile, chancelant, à l’opposé de ce qui est sûr, solide, puissant. Le chapitre 36 concerne certes ceux qui souffrent de faiblesse physique. Mais il est possible de tirer des directives qu’il donne, des conseils beaucoup plus larges sur la manière de gérer les faiblesses en général. Chacun porte quelque infirmité, physique, psychologique ou morale, quelque « lieu » plus ou moins secret de sa personnalité où il se sent blessé, fragile, toujours menacé et souvent chancelant. Personne n’y échappe et qui croirait y échapper se révèlerait plus infirme que les autres. Saint Benoît le sait et l’un des traits du génie de sa Règle est de prendre cette réalité pleinement en compte. Il n’entend pas l’écrire pour des parfaits mais pour des débutants qui acceptent de l’être (cf. RB 73,8). 

(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LE TRAVAIL, ‘Consacrer certaines heures au travail des mains, d’autres à la lecture des choses divines’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 7, Saint-Léger éditions, 2017, p. 70-71)









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