17 juillet

Se prévenir d’honneur les uns les autres.
(Règle de Saint Benoît 63,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 38,1-12 (Le lecteur de la semaine)

¹La lecture ne doit jamais manquer à la table des frères. Il ne faut pas que, au hasard, quelqu'un s'empare du livre et fasse la lecture; mais un lecteur désigné pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche. ²Avant de commencer sa semaine, après la Messe et la Communion, il demandera à toute la communauté de prier pour lui afin que Dieu le préserve de l'esprit d'orgueil. ³À cet effet, tous diront trois fois dans l'oratoire ce verset après lui: « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange. » Et ayant ainsi reçu la bénédiction, il entrera en fonction. On gardera un silence parfait à table en sorte qu'on n'y entende aucun chuchotement ni parole, mais seulement la voix du lecteur. Quant aux choses nécessaires pour la nourriture et la boisson, les frères se les serviront mutuellement de façon que personne n'ait besoin de rien demander. Si toutefois il leur manque quelque chose, ils le demanderont plutôt par quelque signe que par la parole. Que personne n'ait la hardiesse de faire à ce moment des questions sur la lecture ou sur quelque autre sujet, pour ne donner aucun prétexte à la dissipation. Toutefois le supérieur pourra dire quelques mots pour l'édification, s'il le juge à propos. ¹⁰Le lecteur de semaine prendra le "mixte". ¹¹La lecture finie, il prendra son repas avec les semainiers et les serviteurs de la cuisine. ¹²Au reste, les frères ne liront et ne chanteront point chacun à son tour, mais ceux-là seulement qui édifient les auditeurs.

… pour chaque jour

Saint Benoît a encore adopté un ordre juste pour ce passage. Il avait à parler de la nourriture et de la boisson pour le corps, et il commence par parler du lecteur de la table, de la nourriture spirituelle : la nourriture spirituelle l’emporte sur la nourriture du corps, il faut donc, dans l’ordre, la placer avant. En cela il est clair et manifeste qu’un moine, à table, ne doit pas prendre une nourriture corporelle, avant que l’homme intérieur ait pris une nourriture spirituelle. De là vient cette habitude de la lecture au réfectoire. Comme le raconte Cassien au Quatrième Livre des Institutions (ch. 17), les moines cappadociens, les premiers, commencèrent à lire au réfectoire pour les frères qui mangent, afin d’éviter bavardages et disputes, qui surgissent souvent au cours des repas. Les moines égyptiens gardaient une telle sévérité dans le silence, que, tandis qu’ils mangeaient, ils tenaient les yeux recouverts de leurs capuchons ; Cassien écrit :

« Quant aux lectures spirituelles qui sont faites pendant les repas de la communauté, nous savons que cela ne vient pas de la règle des Égyptiens, mais de celle des Cappadociens. Il ne fait de doute pour personne que ce n’est pas tant dans un but de formation spirituelle que pour empêcher les conversations inutiles et plus encore les disputes auxquelles donnent souvent lieu les repas, qu’ils ont voulu prendre cette décision, voyant qu’ils ne pouvaient autrement empêcher des désordres. En effet, chez les Égyptiens, et surtout chez les Tabennésiotes, tous gardent un tel silence que, bien qu’ils soient très nombreux à être assis ensemble pour se restaurer, personne n’ose même parler tout bas, sauf celui qui est à la tête de sa décanie ; et encore, si celui-ci s’aperçoit qu’il est nécessaire d’ajouter ou de retirer quelque chose sur la table, il le fait plutôt savoir par un signal que par la parole. 
Et tandis qu’ils se nourrissent, la règle du silence est gardée avec tant de soin que, les capuchons rabattus sur les paupières pour empêcher le regard d’errer avec curiosité, ils ne regardent rien d’autre que la table et les mets qui y sont posés ou qu’ils y prennent. Ainsi, personne n’a connaissance de la façon ou de la quantité que mange son voisin. »

Il faut considérer ce à quoi le moine fait attention quand il mange ; jusqu’à ce qu’ils aient tout mangé, on doit toujours lire. De nos jours, on ne lit pas seulement pour éviter bavardages et scandale, mais encore pour édifier. 

(HILDEMAR DE CORBIE, Commentaire de la Règle de saint Benoît, Traduction française de Sœur Michèle-Marie Caillard osb d’après le texte latin édité par le Père Rupert Mittermüller osb, Préface par le Père Jean-Pierre Longeat osb, abbé émérite de Ligugé, Saint-Léger Éditions, 2015, p. 467-468)



 






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