20 juillet

S’efforcer plus à se faire aimer qu’à se faire craindre.
(Règle de Saint Benoît 64,15)



La Règle de Saint Benoît…

RB 41,1-9 (À quelle heure les frères doivent prendre leur repas)

¹Depuis la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, les frères dîneront à la sixième heure et souperont le soir. ²Depuis la Pentecôte, au cours de tout l'été, s'ils n'ont point à peiner aux champs ou si la chaleur excessive de l'été ne les accable, ils jeûneront jusqu'à la neuvième heure, les mercredi et vendredi. ³Aux autres jours, ils dîneront à la sixième heure. Ils continueront de dîner à cette heure-là, quand ils travailleront aux champs ou si l'ardeur de l'été est extrême. Il appartiendra à l'abbé d'y pourvoir. À lui de régler toutes choses et de les disposer de telle sorte que les âmes se sauvent et que les frères accomplissent leur tâche sans motif légitime de murmure. Depuis le 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, ils prendront toujours leur repas à la neuvième heure. Pendant le Carême jusqu'à Pâques, ils mangeront après les Vêpres. Les Vêpres elles-mêmes seront célébrées de façon que l'on n'ait pas besoin de la lumière d'une lampe durant le repas, mais que tout puisse encore être fini à la clarté du jour. Et même en tout temps, on réglera l'heure du souper et du dîner, de façon que tout se fasse à la lueur du jour.

… pour chaque jour

Avec son chapitre 41, Benoît termine une série de sept chapitres qui ont traité du service des frères (35-41). Il a parlé des serviteurs de cuisine, puis du service des frères malades, des vieillards et des plus jeunes ; ensuite il a traité du lecteur de semaine, puis de la mesure de la nourriture et de la boisson servies aux frères. Il termine ce groupe de chapitres par un sur l’heure des repas.
(…)
C’est l’abbé qui doit être juge de cela, dit Benoît.  Il ne faudrait pas voir ici une conception de l’obéissance qui centraliserait tous les pouvoirs dans une personne.  Il ne s’agit pas ici de « pouvoir » ; et je dirais même qu’il ne s’agit pas vraiment d’obéissance.  L’obéissance consiste dans une recherche de la volonté de Dieu sur la communauté et chacun de ses membres.  Ici, il s’agit simplement de la bonne organisation de la vie communautaire.  On ne réunira pas toute la communauté chaque jour de l’été pour décider si l’on aura le repas du midi même le mercredi et le vendredi.  Il faut que quelqu’un décide et il est normal que ce soit celui qui a été élu par la communauté pour la guider.  Il est important de bien distinguer l’obéissance proprement dite de toutes ces situations qui ne sont en fait que des solutions de saine organisation de la vie de la communauté. 
Il y a ici une autre phrase qu’il vaut la peine de remarquer.  Benoît dit : « Il (l’abbé) règlera et disposera toute chose de telle manière que les frères sauvent leur âme et travaillent sans avoir motif à récriminer ». Le texte latin dit : « absque iusta murmuratione »  (sans un juste murmure).  Benoît met souvent en garde, dans sa Règle, contre le murmure, qui détruit l’esprit communautaire ; mais c’est la seule fois dans sa Règle, et sans doute le seul endroit dans la littérature monastique ancienne où on parle de « juste murmure ».  C’est que les frères, par leurs vœux de pauvreté et d’obéissance, ont renoncé à disposer eux-mêmes de bien matériels ; et ils ont acquis en même temps le droit à ce que la communauté leur fournisse ce qui est nécessaire, et l’abbé a la responsabilité que ce soit fait.  Si les frères n’ont pas ce dont ils ont vraiment besoin, surtout si c’est à cause de la négligence de l’abbé, il y a place pour un « juste murmure ».  Et dans cette petite phrase que j’ai citée, il y a un autre élément encore plus important. Ce qui compte avant tout c’est le salut des frères. 
Du 14 septembre à Pâques les frères prendront toujours leur unique repas à la neuvième heure du jour (i.e. vers 3 heures de l’après-midi). En Carême, ils le prendront après les Vêpres. 
Ici Benoît a une disposition qui lui est propre par rapport à la littérature monastique antérieure à lui.  Il dit que l’heure de Vêpres sera déterminée de telle sorte qu’on finisse le repas à la lumière du jour sans avoir à allumer de lampes.  Il ne s’agit pas ici d’une préoccupation écologique ou d’un désir de faire des économies.  Il s’agit de faire une distinction très nette entre le jour et la nuit.  Le jour est le temps du travail et de toutes les occupations humaines.  La nuit est réservée à la prière et au recueillement.  On ne se surprendra donc pas que le chapitre suivant portera sur le silence de la nuit. 
La vie moderne, avec tous ses développement technologiques – excellents d’ailleurs – fait que nous sommes beaucoup moins que du temps de Benoît, sensibles au changement des saisons, aux journées plus longues l’été et plus courtes l’hiver, aux périodes de travail plus intensif et aux périodes plus calmes.  Il est important que nous nous efforcions quand même de vivre en harmonie avec la nature et avec ses rythmes.  Communier avec la nature créée par Dieu est une façon de communier avec Dieu. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso, Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 3 décembre 2011)









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