24 juillet
Il
est un mauvais zèle, un zèle amer,
qui
sépare de Dieu et mène à l’enfer.
De
même, il est un bon zèle
qui
sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle.
C’est
ce zèle que les moines pratiqueront
avec
un très ardent amour.
(Règle
de Saint Benoît 72,1-3)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)
¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de
la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant
qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le
visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de
l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la
satisfaction suffisante. ⁴Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra
se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. ⁵Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que
l'abbé aura déterminé. ⁶Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel
ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce
soit. ⁷De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il
se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, ⁸et fera ainsi satisfaction jusqu'à
ce que l'abbé lui ordonne de cesser. ⁹Ceux qui, pour des fautes légères, sont
excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront
jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en
disant : ‘Cela suffit.’
…
pour chaque jour
[…] le rôle exclusif attribué à l’abbé. Lui seul décide de la durée de
chacune des étapes de la satisfaction. À sept reprises, on le voit intervenir
pour donner ordre au fautif de se relever, venir vers lui et vers les frères,
être reçu dans le chœur, occuper telle place, se remettre à entonner ou à lire,
et enfin se relever de la dernière prosternation. La réintégration est lente et
progressive, et l’abbé, unique juge de son rythme. On pourrait craindre ici, de
sa part, l’exercice d’un pouvoir arbitraire ou vengeur, si l’on ne savait, par
ailleurs, le rôle pastoral et médical que saint Benoît lui attribue envers les
frères fautifs, jusqu’à leur pleine réconciliation. Le supérieur n’est pas un
maître de discipline, gardien d’un ordre extérieur fixé d’avance. La modalité
exacte de la satisfaction n’est précisément pas déterminée a priori. Son rythme
reste souple, adapté au besoin de l’intéressé ou de la communauté. L’abbé doit
se comporter plutôt en maître de charité. S’il est seul juge de la manière
d’appliquer la satisfaction, c’est parce qu’il est appelé à connaître et à
respecter chaque personne dans sa différence. Ainsi peut-il construire, et
toujours reconstruire, sa communauté.
(Extrait de : Sœur LOYSE MORARD osb, « LES DÉFIS DU
QUOTIDIEN, ‘Que les moines soient toujours prêts’ – ‘Que tout soit commun à
tous’», Regard sur la Règle de saint Benoît n° 8, Saint-Léger éditions,
2017, p. 123-124)
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