10 août

Qu’il n’aime point l’un plus que l’autre,
si ce n’est celui qu’il trouvera plus avancé
dans les bonnes actions et l’obéissance.
(Règle de Saint Benoît 2,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 57,1-9 (Les artisans du monastère)

¹S'il y a des artisans dans le monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, à la condition que l'abbé le leur permette. ²Si l'un d'eux venait à s'enorgueillir de ce qu'il sait faire, se persuadant qu'il apporte quelque profit au monastère, ³on lui interdira l'exercice de son métier et il ne s'en occupera plus, à moins qu'il ne se soit humilié et que l'abbé ne lui ait commandé d'y retourner. Si l'on doit vendre des ouvrages de ces artisans, ceux qui feront la transaction se garderont bien de commettre aucune fraude. Ils se souviendront toujours d'Ananie et de Saphire, de peur que la mort que ceux-ci subirent dans leur corps, ils ne la subissent dans leur âme, eux et tous ceux qui commettraient de la fraude au sujet des biens du monastère. Pour ce qui concerne les prix, on verra à ce que l'avarice ne s'y glisse pas. Au contraire, on vendra un peu moins cher que les séculiers, « afin qu'en tout Dieu soit glorifié. »

… pour chaque jour

Pour les grosses besognes comme pour celles qui s’exécutent aisément, tous les frères ont compétence. Mais il est des ouvrages un peu spéciaux qui réclament un apprentissage et ne conviennent qu’aux artifices, aux artisans. Saint Benoît suppose donc qu’il se trouve dans le monastère des gens de métier, peut-être même de vrais artistes : peintres, sculpteurs, calligraphes. On a pu apprendre cet art dans le monde, ou bien c’est au cloître qu’a eu lieu l’initiation. (…) Saint Benoît est cohérent avec sa pensée habituelle lorsqu’il décide qu’on pourra tirer parti de l’habileté des frères qui savent un métier : jamais il n’a songé à contrarier systématiquement, sous couleur de mortification, les aptitudes et les goûts. Une seule condition est exigée : l’ordre ou la permission de l’abbé. Il est entendu que le religieux exercera son art « en toute humilité et soumission ». Ce savoir-faire créait une distinction et il fallait se prémunir contre une disposition à la suffisance. De plus, un bénéfice est acquis d’ordinaire à la société monastique par ces compétences spéciales ; et plus ce bénéfice est réel, plus il est facile à celui qui le procure d’y trouver un prétexte à la superbe ou à l’irrégularité. (…)
L’âme d’un moine vaut mieux que tout. Et le jour où l’abbé verrait se glisser, ou bien l’orgueil, ou bien l’esprit mercantile, ou bien l’insubordination et le particularisme, dans ces petites institutions, ce lui serait un devoir de passer outre à une plaie d’argent, qui n’est jamais mortelle, et de sauvegarder les âmes à tout prix. Les paroles de la Règle sont énergiques : « Cet homme-là doit être arraché à son travail et ne plus s’en occuper désormais, à moins qu’il ne s’humilie et que l’abbé ne lui ordonne de le reprendre ». 

(Dom PAUL DELATTE osb [°1848 – 1937], Commentaire sur la Règle de Saint Benoît, Solesmes, Plon-Nourrit et Cie – G. Oudin et Cie, Paris, 1913, p. 412-413)





 






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