11 août

L’abbé témoignera à tous une égale charité… 
(Règle de Saint Benoît 2,22)



La Règle de Saint Benoît…

RB 58,1-16 (La manière de recevoir les frères)

¹On n'accordera pas facilement l'entrée à celui qui vient s'y engager dans la vie religieuse ; ²mais on fera ce que dit l'Apôtre: « Eprouvez les esprits pour discerner s'ils sont de Dieu. » ³Si le postulant persévère à frapper à la porte, et s'il supporte patiemment les rebuffades et les difficultés qui lui sont faites à son entrée, et s'il persiste dans sa demande depuis quatre ou cinq jours, il obtiendra alors la permission d'entrer. Il passera quelques jours dans le logis des hôtes. Ensuite, il passera dans le logis des novices, où ils méditent, mangent et dorment. On lui donnera, pour le conduire, un ancien qui soit apte à gagner les âmes et qui veillera sur lui très attentivement. Il examinera avec attention si le novice cherche vraiment Dieu, s'il est attentif à l'Œuvre de Dieu, à l'obéissance et aux humiliations. On lui fera connaître toutes les choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu. S'il promet de persévérer en sa résolution, alors, après deux mois, on lui lira cette Règle tout au long, ¹⁰et on lui dira: « Voici la loi sous laquelle tu veux militer. Si tu peux l'observer, entre; sinon, tu es libre de te retirer. » ¹¹S'il persiste, on le reconduira au susdit logement des novices, et on se remettra à éprouver de toute manière sa patience. ¹²Au bout de six mois, on lui lira encore la Règle, afin qu'il sache à quoi il s'engage. ¹³S'il persévère toujours, après quatre autres mois, on lui relira encore une fois la même Règle. ¹⁴Si enfin, après mûre délibération, il promet de la garder dans tous ses points et d'observer tout ce qui est commandé, il sera reçu dans la communauté, ¹⁵sachant au surplus que, en vertu de la Règle, il ne lui est plus permis, à partir de ce jour, de sortir du monastère, ¹⁶ni de secouer le joug de cette Règle, qu'après une aussi longue délibération il a été à même de refuser ou d'accepter.

… pour chaque jour

Nous avons entendu que chaque homme doit faire retour sur soi-même, qu’il doit embrasser sa voie particulière, qu’il doit unifier son être, qu’il doit commencer par soi-même ; or voici qu’à présent on nous dit qu’il faut s’oublier soi-même. Pourtant, il n’est que d’y prêter l’oreille plus attentivement pour constater que cette dernière exhortation non seulement s’accorde parfaitement avec les autres, mais qu’elle s’intègre dans le tout comme un élément nécessaire, un stade nécessaire, à la place qui lui revient. Il suffit de poser cette seule question : « Pourquoi ? » Pourquoi faire retour sur moi-même, pourquoi embrasser ma voie particulière, pourquoi unifier mon être ? Et voici la réponse : pas pour moi. C’est ce qui explique également l’exhortation du chapitre précédent : commencer par soi-même. Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi. 

(MARTIN BUBER [°1878 – 1965], LE CHEMIN DE L’HOMME d’après la doctrine hassidique, Éditions du Rocher, 1999, p. 42)









1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel texte magnifique de Buber ! A méditer...