28 août

L’atelier où nous devons travailler
diligemment avec tous ces instruments,
c’est le cloître du monastère
avec la stabilité dans la communauté.
(Règle de Saint Benoît 4,78)



La Règle de Saint Benoît…

RB 70,1-7 (Que nul ne se permette de frapper à tout propos)

¹Il faut éviter dans le monastère toute occasion de présomption ; ²aussi ordonnons-nous qu'il ne sera permis à personne d'excommunier ou de frapper l'un de ses frères, à moins qu'il n'en ait reçu pouvoir de l'abbé. ³Ceux qui commettront des fautes seront repris devant tout le monde, afin que les autres en conçoivent de la crainte. Les enfants, jusqu'à l'âge de quinze ans, seront sous la garde et la surveillance de tous les frères ; mais cette vigilance s'exercera avec mesure et intelligence. Quant à celui qui se permettrait, sans l'ordre de l'abbé, de réprimander de façon quelconque des frères plus âgés, ou qui s'emporterait contre des enfants sans discrétion, il serait soumis à la discipline régulière, car il est écrit: « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. »

… pour chaque jour

Il y a une grande différence entre un simple péché de colère, et la cruauté qui fait le fond de la haine. Ainsi nous nous mettons en colère contre nos propres enfants, mais qui de nous a de la haine contre eux ?
La haine est plus funeste à celui qui la nourrit dans son cœur, qu’à celui qui en est l’objet. La colère est si peu un signe de haine, que quelquefois, c’est une preuve de haine de ne pas se mettre en colère. Supposez un enfant qui veut jouer sur les eaux d’un fleuve dont le courant rapide le fera certainement périr. Vous le voyez et vous le laissez faire, c’est de la haine ; votre silence est pour lui une cause de mort. Ne vaudrait-il pas mieux vous mettre en colère et le corriger que de le laisser périr par une coupable indulgence ? Il faut donc avant tout éviter la haine, il faut ôter la poutre de l’œil. Il y a une grande différence entre celui qui, sous l’émotion de la colère, se laisse aller à quelques excès de paroles qu’il efface ensuite par un repentir sincère, et celui qui tient renfermés dans son cœur de pernicieux desseins. Il y a enfin une grande différence entre ces paroles de l’Écriture : « Mes yeux sont obscurcis par la colère » (Ps 6,8) et ces autres : « Celui qui hait son frère est un homicide » (1 Jn 3,15). Il y a une grande différence entre l’œil qui est simplement obscurci et l’œil éteint. Le fétu l’obscurcit, la poutre l’éteint complètement. La haine, ce sont donc les ténèbres (…).
Dans quelles dispositions doit-on reprendre son frère ? Nous devons reprendre nos frères par amour, non par désir de leur nuire, mais par un zèle qui veut leur amendement. Si tels sont nos sentiments, nous pratiquons fidèlement cette recommandation qui nous a été faite aujourd’hui : « Si votre frère a péché contre vous, allez et reprenez-le entre vous et lui seul » (Mt 18,15). Or, pourquoi le reprenez-vous ? Est-ce parce que vous êtes mécontent qu’il vous ait offensé ? À Dieu ne plaise ! Si vous faites cette réprimande par amour pour vous, vous ne faites rien. Si vous la faites par amour pour lui, rien de mieux. Examinez d’ailleurs dans les paroles du Sauveur sous quelle impulsion vous devez agir. Est-ce par amour pour vous, est-ce par amour pour lui ? « S’il vous écoute, ajoute le Sauveur, vous aurez gagné votre frère ». Agissez donc dans l’intention de le gagner. Mais si vous le gagnez par une sage réprimande, sans elle il était donc perdu ? 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 430], Sermon 82, ch. 2-11, n3-14, cité dans : HILDEMAR DE CORBIE, Commentaire de la Règle de saint Benoît, Traduction française de Sœur Michèle-Marie Caillard osb d’après le texte latin édité par le Père Rupert Mittermüller osb, Préface par le Père Jean-Pierre Longeat osb, abbé émérite de Ligugé, Saint-Léger Éditions, 2015, p. 699-700)









1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très beau texte : à méditer ! Merci...