20 novembre

Les frères se serviront mutuellement.
Personne ne sera dispensé du service de la cuisine,
sinon pour cause de maladie
ou pour quelque occupation de grande utilité.
(Règle de Saint Benoît 35,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 42,1-11 (Que personne ne parle après complies)

¹Les moines doivent s'appliquer au silence en tout temps, mais principalement pendant la nuit. ²C'est pourquoi, en toute saison, soit que l'on jeûne, soit que l'on dîne, ³si c'est une époque où l'on dîne, aussitôt après le repas du soir, les frères iront s'asseoir tous ensemble en un même lieu: l'un d'eux lira les Conférences ou les Vies des Pères ou quelque autre chose qui puisse édifier les auditeurs. On ne lira pourtant pas alors l'Heptateuque ou le livre des Rois, parce qu'il ne serait pas bon pour les esprits faibles d'entendre, à cette heure-là, cette partie de l'Écriture. On pourra la lire à d'autres moments. Donc, en période de jeûne, après le chant des Vêpres, suivi d'un court intervalle, les frères se rendront promptement à la lecture dont nous avons parlé. On lira quatre ou cinq feuillets, ou autant que l'heure le permettra, tandis que tous s'empressent de rejoindre la réunion pendant la durée de cette lecture, y compris ceux qui auraient été occupés à quelque obédience. Tous étant ainsi assemblés, on récitera Complies. Au sortir de cette Heure, il ne sera plus permis à personne de dire quoi que ce soit. Si quelqu'un viole cette règle du silence, il sera puni rigoureusement ; ¹⁰on excepte les cas urgents d'hospitalité ou un ordre de l'abbé. ¹¹Mais, même en ces circonstances, tout se fera avec une extrême gravité et une parfaite retenue.

… pour chaque jour

L’expérience de la nuit tient une place importante dans l’Écriture Sainte. Aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, la nuit est présentée d’une façon ambivalente. D’une part l’homme est facilement effrayé par l’obscurité qui crée une situation de danger. L’obscurité et les ténèbres sont un symbole de la mort et de la séparation d’avec Dieu. La nuit peut aussi être un moment de lutte avec Dieu, ou avec son messager, comme dans le cas de Jacob. Par ailleurs c’est souvent durant la nuit, au cours d’un songe – qui est tout autre chose qu’un rêve – que Dieu manifeste sa volonté. C’est ainsi que plusieurs prophètes ont reçu leur vocation et c’est aussi ainsi que Joseph a reçu la visite de l’ange lui disant de prendre chez lui Marie son épouse.
Plusieurs des événements importants de l’expérience spirituelle du peuple d’Israël furent liés à la nuit, comme la fuite de l’Égypte et plusieurs événements au cours de la traversée du désert. Dans le Nouveau Testament, Jésus se retire souvent la nuit pour prier et c’est de nuit que ses disciples – ou quelques-uns d’entre eux – sont associés à cette prière. Et, selon le grand discours eschatologique de Jésus, à la fin de l’Évangile, c’est de nuit que le Seigneur reviendra.
Il faut donc ne pas se surprendre que la nuit ait eu une grande importance dans la spiritualité chrétienne primitive, et tout spécialement dans la tradition monastique. Dans la tradition cénobitique, une partie de la nuit est passée en prière commune, mais le reste de la nuit doit se passer dans un grand silence, qui a une dimension sacrée et, en quelque sorte, mystique. Donc, comme le dit Benoît au début de ce chapitre, s’il est vrai que le moine doit cultiver en tout temps le silence qui crée le contexte de sa relation avec Dieu, à plus forte raison doit-il le faire avec une attention particulière durant les heures de la nuit. Il faut aussi tenir compte du fait que l’alternance entre le jour et la nuit sont l’un des grands rythmes naturels qui font de la vie une sorte de danse qui peut et doit devenir une danse sacrée à la gloire du Créateur. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 18 décembre 2011)


Le Grand Béguinage - Louvain







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