5 mars

Le Seigneur, cherchant son ouvrier
dans la foule du peuple crie:
« Quel est l’homme qui veut la vie
et désire voir des jours heureux ? ».
(Règle de Saint Benoît – Prologue 15-16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 28,1-8 (Ceux qui, souvent repris, refusent de se corriger)

¹Si un frère, après avoir été fréquemment repris pour quelque faute et même après avoir été excommunié, ne s'amende pas, on lui infligera une correction plus rude, c'est-à-dire on procédera contre lui par le châtiment des verges. ²Que s'il ne se corrige pas encore, ou que, peut-être, enflé d'orgueil, ce que Dieu ne permette pas, il veuille même défendre sa conduite, l'abbé fera alors ce que fait un sage médecin : ³employer les cataplasmes, les onguents des exhortations, les remèdes des divines Écritures, enfin la brûlure de l'excommunication et les coups de verges. S'il voit que toute son habileté n'a rien obtenu, il emploiera alors un moyen plus efficace, sa prière et celle de tous les frères pour lui, afin que le Seigneur, qui peut tout, rende la santé à ce frère malade. Mais si ce remède n'opérait pas la guérison, l'abbé prendra alors le fer qui retranche, selon la parole de l'Apôtre: « Otez le mal d'entre vous. » Et encore: « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille », de peur qu'une brebis malade ne contamine tout le troupeau.

… pour chaque jour

L’ABBÉ ACCULÉ À EXCLURE 

Il se peut que le remède ne soit pas efficace. Il se peut que le désert de l’excommunication ne produise pas les fruits qu’on en attend. Il se peut que le frère ne se laisse pas instruire par le geste du bon pasteur, qu’il ne mesure pas l’immense miséricorde qui l’a ainsi porté.
Pourtant, l’heure n’est pas encore à une ultime décision. Saint Benoît la diffère, le plus loin possible. Il demande à l’abbé de tout faire, même si finalement il doit être en quelque sorte comme acculé à l’irrémédiable. Aucun médecin ne peut guérir un patient qui refuse de guérir. Si habile que soit le déploiement des « arguments », le discours ne convaincra pas celui qui refuse d’être convaincu. Saint Benoît envisage même que la prière puisse ne pas aboutir, ni se voir exaucée : elle peut laisser le frère à son entêtement orgueilleux. Au passage, Benoît donne ainsi un profond enseignement sur la prière elle-même.
Vient alors le fer qui retranche. Mais condamne-t-il le frère à sa perte ? Comme s’il ne s’y résignait pas, saint Benoît envisagera ensuite une éventuelle réinsertion. Sous condition, bien sûr, mais à trois possibles reprises. Là où il a affaibli la communauté à force de la contaminer, comme ferait un parasite, le frère aura désormais à l’accompagner, avec constance, dans la vie courante. L’exclusion aura eu comme fruit la conversion. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









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