8 avril
Celui
qui a besoin de moins,
rendra
grâces à Dieu et ne s’attristera point ;
celui
à qui il faut davantage,
s’humiliera
et ne s’élèvera point
à
cause de la miséricorde qu’on lui fait.
Ainsi
tous les membres seront en paix.
(Règle
de Saint Benoît 34,3-5)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 55,15-22 (Les vêtements et les chaussures des frères)
¹⁵Les lits auront pour toute garniture une paillasse, un drap, une
couverture de laine et un oreiller. ¹⁶L'abbé fera souvent la visite de ces
lits, de crainte qu'il ne s'y trouve quelque objet qu'on se serait approprié. ¹⁷Et si l'on découvrait dans la couche d'un frère quelque chose qu'il n'eût
pas reçu de l'abbé, il serait soumis à une très grave punition. ¹⁸Et pour
couper jusqu'à la racine ce vice de la propriété, l'abbé donnera tout ce qui
est nécessaire, ¹⁹à savoir coule, tunique, souliers, bas, ceinture, couteau,
stylet, aiguille, mouchoir, tablettes. De cette façon, on ôte toute excuse
tirée de la nécessité. ²⁰L'abbé cependant doit toujours tenir compte de cette
parole des Actes des Apôtres: « On donnait à chacun selon ses
besoins. » ²¹Il aura donc égard aux besoins des faibles et non à la
mauvaise disposition des envieux. ²²Mais qu'en toutes ces décisions, il se
souvienne que Dieu lui rendra selon ses œuvres.
…
pour chaque jour
TOUT RECEVOIR, RESTER PAUVRE
Saint Benoît s'est beaucoup préoccupé de l'avoir des moines. Pour dire
qu'aucun ne doit avoir quoi que ce soit en propriété, pour affirmer que
personne ne doit manquer de quoi que ce soit, pour rappeler enfin que les
besoins de l'un ne sont pas les besoins de l'autre.
Il laisse ainsi entendre que la pauvreté ne se définit ni ne se mesure
pas seulement au manque, mais qu'il y a aussi une pauvreté dans l'excès,
l'exclusivité, le sectarisme. Si je suis propriétaire, j'exclus le droit de
l'autre, je m'appauvris de l'usage qu'il peut faire du bien que j'utilise. En
réalité, je me fragilise, je manque de ce supplément que l'autre représente et
m'apporte.
Rien de plus fragile qu'un système tout fait, unitaire. Rien de plus
fragile qu'un moine propriétaire. Saint Benoît le sait bien qui fait au moine
presque une obligation de ne manquer de rien. Pour enlever toute excuse,
dit-il, pour casser toute velléité de sectarisme, pour persuader le moine qu'il
vit d'autant mieux qu'il se fait nombreux, ouvert aux vues que l'autre a sur le
même bien, riche de ce qu'il accepte de perdre, comblé de ce qu'il aime
partager. Pauvre.
(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)
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