24 septembre
S’obéir
à l’envie.
(Règle de Saint Benoît 72,6)
(Règle de Saint Benoît 72,6)
La
Règle de Saint Benoît…
RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)
¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller
toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma
bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de
choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit
quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte
raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au
péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que
rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de
choses bonnes, saintes et édifiantes. ⁴Il est écrit, en effet: « Tu
n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; ⁵et ailleurs:
« La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » ⁶De fait, s'il
appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se
taire et d'écouter. ⁷En conséquence, s'il faut demander quelque chose au
supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. ⁸Quant aux bouffonneries,
aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et
en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de
tels propos.
…
pour chaque jour
POURQUOI
LE SILENCE ?
Le Verbe s’est fait chair. Cette phrase est au cœur de l’Evangile. Prise à la lettre, elle signifie que la parole a envahi la chair, comme si elle prenait la place de toutes ses fonctions, de tous ses organes, au risque même de l’insensibiliser, de l’intoxiquer, comme si elle la droguait.
Le Verbe s’est fait chair. Il s’agit ici de la Parole de Dieu. Paradoxalement, le moine est invité au silence pour que sa propre chair puisse faire place à celui qui parle ainsi. Faire silence pour sauver la chair du risque de dispersion dans la parole. Pour trouver le point d’équilibre entre la chair prisonnière de la parole et la parole enlisée dans la chair.
Le Verbe s’est fait chair. Dieu est devenu comme silencieux dans la chair ; la chair est devenue comme parole dans ce dialogue que Dieu lui a offert. Les ermites connaissent le point où il faut se placer pour percevoir le murmure de cette rencontre, comme des chasseurs savent où se placer pour attendre en silence le gibier qui ne passe que dans le silence.
Le moine cherche à gagner ce lieu. Ne rien préférer au Christ, lui est-il demandé. Se situer au carrefour où la parole et la chair se rencontrent, dans le merveilleux équilibre du Verbe incarné.
(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)
Le Verbe s’est fait chair. Cette phrase est au cœur de l’Evangile. Prise à la lettre, elle signifie que la parole a envahi la chair, comme si elle prenait la place de toutes ses fonctions, de tous ses organes, au risque même de l’insensibiliser, de l’intoxiquer, comme si elle la droguait.
Le Verbe s’est fait chair. Il s’agit ici de la Parole de Dieu. Paradoxalement, le moine est invité au silence pour que sa propre chair puisse faire place à celui qui parle ainsi. Faire silence pour sauver la chair du risque de dispersion dans la parole. Pour trouver le point d’équilibre entre la chair prisonnière de la parole et la parole enlisée dans la chair.
Le Verbe s’est fait chair. Dieu est devenu comme silencieux dans la chair ; la chair est devenue comme parole dans ce dialogue que Dieu lui a offert. Les ermites connaissent le point où il faut se placer pour percevoir le murmure de cette rencontre, comme des chasseurs savent où se placer pour attendre en silence le gibier qui ne passe que dans le silence.
Le moine cherche à gagner ce lieu. Ne rien préférer au Christ, lui est-il demandé. Se situer au carrefour où la parole et la chair se rencontrent, dans le merveilleux équilibre du Verbe incarné.
(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)
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