21 avril

Tempérer tellement toutes choses
que les forts désirent faire davantage
et que les faibles ne se dérobent pas.
(Règle de Saint Benoît 64,19)



La Règle de Saint Benoît…

RB 64,7-22 (L'institution de l'abbé)

L'abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu'il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration. Qu'il sache qu'il lui faut aider bien plus que régir. Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d'avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu'il soit chaste, sobre, miséricordieux ; ¹⁰que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d'obtenir pour lui-même un traitement semblable. ¹¹Qu'il haïsse les vices, mais qu'il aime les frères. ¹²Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu'en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase. ¹³Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu'il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté. ¹⁴Et par là nous n'entendons pas qu'il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu'il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chaque caractère, comme nous l'avons déjà expliqué. ¹⁵Il s'efforcera plus à se faire aimer qu'à se faire craindre. ¹⁶Qu'il ne soit ni turbulent, ni inquiet; qu'il ne soit ni excessif, ni opiniâtre; qu'il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux; sinon, il n'aura jamais de repos. ¹⁷Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu'il distribuera, soit qu'il s'agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, ¹⁸et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait: « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. »  ¹⁹Imitant donc cet exemple et d'autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu'il tempère tellement toutes choses que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas. ²⁰Par-dessus tout, qu'il observe tous les points de la présente Règle, ²¹afin qu'après avoir bien servi, il s'entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons : ²²« En vérité je vous le dis, le Maître l'établira sur tous ses biens. »



… pour chaque jour

ÉTABLIR UN CLIMAT TEMPÉRÉ
 
Le climat d’un lieu dépend de nombreux facteurs, plus ou moins variables. La température, naturellement, mais aussi l’altitude, le relief, l’humidité, la flore et la faune. Que, par exemple, la température se modifie sensiblement, c’est tout le climat et ses variables qui s’en ressentent, dans un sens ou dans l’autre.
Dans sa communauté, l’abbé est le responsable de cette sorte d’équilibre que nous appelons le climat tempéré, pour évoquer celui des pays où tout se rencontre : le tiède et le frais, le sec et l’humide, le calme et le venteux, la flore et la faune en grand nombre. Equilibre délicat et fécond, qui suppose un soleil qui ne soit ni trop envahissant, sous peine d’engendrer le désert, ni trop absent, sous peine d’amener la banquise.
Tempérer pour que puissent exister en un même lieu les forts, libres d’en vouloir davantage, et les faibles, invités à aller au-delà d’eux-mêmes. Ainsi l’abbé est appelé à être ce soleil, généreux sans tout assécher, retenu sans tout frigorifier. Tempéré, comme la gamme dont le tempérament ouvre la porte à chaque tonalité et autorise le passage de l’une à l’autre. Ainsi encore l’abbé, invité à faire en sorte que chaque tonalité puisse se faire entendre dans la communauté et s’harmoniser avec les autres. Exercice difficile que de s’accommoder ainsi aux caractères d’un grand nombre (2,31).
 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









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