1 juillet

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît 53,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 24,1-7 (Quelle doit être la mesure de l'excommunication)

¹La mesure de l'excommunication ou du châtiment doit être proportionnée à la gravité de la faute, ²et la gravité des fautes dépend du jugement de l'abbé. ³Si un frère est coupable de fautes légères, il sera privé de la table commune. Or, celui qui sera ainsi privé de la communauté de la table sera traité comme il suit: à l'oratoire, il entonnera ni psaume, ni antienne et ne récitera pas de leçon, jusqu’à ce qu'il ait donné satisfaction. Il prendra son repas seul, après le repas des frères : si, par exemple, les frères mangent à la sixième heure, ce frère ne le fera qu'à la neuvième; et si le dîner des frères est à la neuvième, le sien n'aura lieu que le soir, jusqu'à ce qu'il ait obtenu son pardon par une satisfaction convenable.



… pour chaque jour

La portée de l’excommunication. Voilà qui est très important. Même pour les fautes en soi pas très graves, saint Benoît prévoit la peine d’excommunication. Il a, en effet, le sens du péché, le sens de la communauté. Il n’est pas d’infidélité qui ne nous sépare de nos frères et qui ne demande réparation. Cela nous rappelle aussi combien nous pouvons faire pour nos frères et que le plus grand service de charité est de vivre sans péché. Apprenons ici aussi la grâce que nous avons de pouvoir être repris, remis dans la vérité, et même punis. Pour en profiter, il nous faut combattre la susceptibilité. À l’homme susceptible on n’ose plus rien dire, c’est un grand dommage pour lui et pour les autres. Le fait d’être en charge et d’avoir des responsabilités plus grandes ne dispense pas de recevoir des remarques. Un supérieur, plus qu’un autre encore, a besoin d’être aidé en ce sens. Il doit savoir reconnaître ses fautes. Jamais un acte d’humilité vraie ne saurait nuire à l’autorité. Au contraire, elle prend son vrai visage en toute sa force qui lui vient de Dieu.

Écoute, 1963

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 337)









 30 juin

… Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
(Règle de Saint Benoît 49,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 23,1-5 (L'excommunication pour les fautes)

¹S'il se rencontre quelque frère récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur ou qui viole en quelque point la sainte Règle ou les ordres de ses anciens, et cela avec mépris, ²il sera averti par ses anciens, une et deux fois selon le précepte de Notre-Seigneur, en particulier. ³S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tous. Si, malgré cela, il ne se corrige pas, qu'il soit excommunié, s'il comprend la gravité de cette peine. Mais s'il est endurci, qu'il soit puni par un châtiment corporel.




… pour chaque jour

PUNIR, SI C’EST COMPRIS 

Saint Benoît ne cache pas la gravité de le peine de l'excommunication. Il ne s'y résout qu'après avoir épuisé tous les autres arguments et moyens. Pourtant, il conditionne son application par la compréhension qu'en aura celui qui en est frappé. Ainsi, il en exclura les enfants, les adolescents et ceux qui n'ont pas assez de jugement pour comprendre (chapitre 30).
Qui dira le trésor de pédagogie et l'abîme de respect qui se cachent dans cette ultime retenue ? Respect de la peine elle-même, qu'il ne veut pas déconsidérer par un recours disproportionné. Respect surtout de la personne qu'il a devant lui, en faisant appel à sa compréhension, autrement dit sa conscience.
Comprendre la gravité de la peine, c'est comprendre la gravité de la faute qui la motive. Est-ce interdit de penser que saint Benoît envisage un dialogue avec l'éventuel excommunié, précisément pour s'assurer de la qualité de la compréhension qu'il a de la situation ?
Aux dires de saint Thomas d'Aquin, obéir à une loi, simplement parce que c'est une loi, c'est avoir un comportement qui ne relève pas de l'humain. Appliquer une peine, simplement parce qu’elle est prévue, relèverait du même comportement. Saint Benoît en est très loin. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 29 juin

La vie d’un moine devrait être, en tout temps,
aussi observante que durant le Carême.
(Règle de Saint Benoît 49,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 22,1-8 (Comment dormiront les moines)

¹Les moines dormiront chacun dans un lit à part. ²Ils recevront une literie selon leur genre de vie et suivant qu'en aura disposé leur abbé. ³Si faire se peut, ils dormiront tous dans un même lieu. Si le trop grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt, avec des anciens qui veilleront sur eux. Une lumière éclairera le dortoir continuellement jusqu'au matin. Ils dormiront vêtus, ceints d'une ceinture ou d'une corde. En dormant, ils n'auront point leurs couteaux à leur côté de peur que, pendant le sommeil, ils ne viennent à se blesser tout en dormant. Que les moines soient toujours prêts. Au signal donné, ils se lèveront aussitôt et s'empresseront à l'envi à l'Œuvre de Dieu, en toute gravité néanmoins et modestie. Les plus jeunes frères n'auront point leurs lits placés les uns près des autres, mais entremêlés parmi ceux des anciens. En se levant pour l'Œuvre de Dieu, les moines s'encourageront doucement les uns les autres, afin d'ôter tout sujet d'excuse aux somnolents.



… pour chaque jour

Réveillons-nous donc, frères très chers, autant que nous en sommes capables. Secouons le sommeil de notre inertie. Veillons à observer et à pratiquer les préceptes du Seigneur. Soyons tels qu’il nous a prescrit d’être, quand il a dit : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ».
Oui, restons en tenue de service, de peur que, quand viendra le jour du départ, il ne nous trouve embarrassés et empêtrés. Que notre lumière brille et rayonne de bonnes œuvres, qu’elle nous achemine de la nuit de ce monde à la lumière et à la charité éternelles. Attendons avec soin et prudence l’arrivée soudaine du Seigneur, afin que, lorsqu’il frappera à la porte, notre foi soit en éveil pour recevoir du Seigneur la récompense de sa vigilance. Si nous observons ces commandements, si nous retenons ces avertissements et ces préceptes, les ruses trompeuses de l’Accusateur ne pourront pas nous accabler pendant notre sommeil. Mais reconnus serviteurs vigilants, nous régnerons avec le Christ triomphant. 

(SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE [°v.200 – 〸258], De l’unité, 26-27, dans : L’unité de l’Église, Cyprien, coll. Pères dans la foi n°009, trad. V. Saxer, DDB, 1979, p. 49 rev.)









 28 juin

Que tout se fasse avec modération,
par égard pour les faibles.
(Règle de Saint Benoît 48,9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 21,1-7 (Les doyens du monastère)

¹Si la communauté est nombreuse, on choisira quelques-uns d'entre les frères qui sont de bonne réputation et de sainte vie, et on les établira doyens. ²Ils veilleront en tout sur leurs décanies, conformément aux commandements de Dieu et aux ordres de leur abbé. ³On choisira pour doyens ceux des moines avec lesquels l'abbé puisse en toute sécurité partager son fardeau. On ne les choisira pas selon leur ancienneté dans la communauté, mais selon le mérite de leur vie et la sagesse de leur doctrine. Si, par hasard, l'un d'eux, enflé d'orgueil, mérite répréhension, on le corrigera une première, une deuxième et une troisième fois. S'il ne veut pas s'amender, on le déposera et on mettra à sa place un autre qui en soit digne. Nous établissons la même règle au sujet du prieur.



… pour chaque jour

Après la longue série de chapitres sur la prière, Benoît entreprend de parler de plusieurs aspects pratiques de l’organisation de la communauté. Et il commence en mentionnant les personnes avec qui l’abbé partagera le poids de son service, si la communauté est assez nombreuse. Il ne s’agit donc pas ici de ceux avec qui il partagera divers aspects de sa paternité spirituelle, quelle que soit la dimension de la communauté, c’est-à-dire le cellérier, le responsable de l’hôtellerie, les infirmiers ou encore l’ancien ou les anciens à qui sont confiés les nouveaux venus. Il s’agit de personnes qui partagent la responsabilité générale de l’abbé à l’égard d’un certain nombre des frères.
On retrouve ici, sous-jacente, la notion chrétienne fondamentale de service ; et l’expression des critères à prendre en considération dans le choix de ces personnes utilise un vocabulaire qui renvoie explicitement à deux antécédents bibliques, le choix d’anciens fait par Moïse et le choix des diacres dans les Actes des Apôtres.
Au début du Deutéronome, au moment de quitter l’Horeb pour entreprendre le grand voyage de l’Exode, Moïse, dans son premier discours au peuple, leur dit : « Je ne peux pas vous porter seuls ; le Seigneur vous a rendus nombreux… amenez-moi des hommes sages, intelligents et éprouvés que je mettrai à votre tête » (Dt 1,15). Moïse les constitue « doyens » - decani dans le texte latin de saint Jérôme qui s’inspire évidemment de la structure des troupes romaines en groupe de dix, cent, mille, etc. Cette référence à l’Exode montre bien que Benoît voit dans l’Exode du peuple au désert une image de la vie monastique. On vient au désert pour se laisser former par Dieu dans la solitude.
Quant à l’expression « des frères qui sont de bonne réputation et de sainte vie », c’est une citation du chapitre 6 des Actes des Apôtres où est décrit le choix que font les Apôtres de diacres avec qui ils partageront le poids de leur service.
Les doyens doivent être des hommes avec qui l’abbé puisse « en toute sécurité » partager le poids de son service. Ce ne sont pas les « seniores » dans l’ordre de l’entrée au monastère, même si cet ordre d’ancienneté à son importance en communauté. Le choix sera basé sur « le mérite de leur vie et la sagesse de leur doctrine ». On retrouve ici deux notions fondamentales de la spiritualité bénédictine : la première est que celui qui enseigne doit le faire par l’exemple de sa vie aussi bien que par ses paroles ; et la seconde est que la paternité spirituelle s’exerce avant tout dans le partage de la parole (doctrina).
On vient au monastère pour mener une vie de conversion. On n’est donc pas parfait lorsqu’on y arrive et l’on n’atteindra pas la perfection ici-bas. Benoît prévoit donc que quelqu’un qui a été choisi pour partager le service de l’abbé puisse s’enfler d’orgueil et se montrer répréhensible (tout comme peut arriver aussi à l’abbé). À son égard Benoît manifeste une patience surprenante. Il ne sera pas limogé à la première offense. Il sera réprimandé une première, une deuxième et une troisième fois et ne sera destitué que s’il ne s’est pas corrigé après la troisième réprimande. Cela manifeste aussi que, pour Benoît, la responsabilité pastorale n’est pas une chose ponctuelle. Même si elle n’est pas ad vitam, elle implique une durée dans le temps, aussi bien pour les assistants de l’abbé que pour celui-ci. La responsabilité des doyens, telle que la conçoit Benoît, à la suite de l’enseignement de Cassien, qui s’inspire lui-même du monachisme égyptien, implique donc de la durée et est autre chose que l’appel à rendre un service ponctuel, si important soit-il.
Beaucoup plus loin dans sa Règle, Benoît aura un chapitre sur le prieur. Ici, il mentionne simplement en terminant le chapitre, que tout ce qu’il dit des doyens s’applique aussi au prieur. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 14 novembre 2010)









 27 juin

C’est alors qu’ils seront vraiment moines,
lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains…
(Règle de Saint Benoît 48,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 20,1-5 (De la révérence dans la prière)

¹Lorsque nous avons une requête à faire aux puissants de la terre, nous n'osons le faire qu'avec humilité et respect. ²À plus forte raison faut-il supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et pure dévotion. ³Sachons bien que ce n'est pas l'abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la componction qui nous obtiendront d'être exaucés. La prière doit donc être brève et pure, à moins que peut-être la grâce de l'inspiration divine ne nous incline à la prolonger. Mais en communauté, la prière sera très courte, et, sur le signal du supérieur, tous se lèveront en même temps.



… pour chaque jour

La prière, quel qu’en soit l’aspect d’affliction et de componction, et quel que soit le sentiment que l’homme a de sa médiocrité et de son indignité à s’entretenir avec Dieu, à cause de ses fautes et de ses nombreux péchés, la prière est, au-dessus de tout cela, l’expression d’un amour profond échangé entre Dieu et l’homme : l’amour de Dieu s’y est manifesté en attirant le cœur de l’homme à prier en sa présence, et l’amour de l’homme a consisté à présenter à Dieu son cœur, ne serait-ce que sous cet aspect d’affliction et de componction. 

(MATTA EL MASKINE [°1919 – 〸2006], Conseils pour la prière, Monastère de Saint-Macaire au désert de Scete, Wadi el Natroun, p. 23, [La traduction française a été publiée dans la revue Irénikon, 1986, p.451-481].










 26 juin

Les frères doivent consacrer certaines heures
au travail des mains
et d’autres à la lecture des choses divines.
(Règle de Saint Benoît 48,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 19,1-7 (Le maintien pendant la psalmodie)

¹Partout nous croyons fermement que Dieu est présent et que les yeux du Seigneur considèrent en tout lieu les bons et les méchants. ²Mais surtout il faut le croire fermement lorsque nous assistons à l'office divin. ³Ayons donc toujours dans la mémoire ce que dit le Prophète: « Servez le Seigneur dans la crainte. » Et encore: « Psalmodiez avec sagesse. » Et: « Je te chanterai en présence des anges. » Considérons donc comment nous devons nous tenir en présence de Dieu et de ses Anges, et tenons-nous pour psalmodier de manière que notre esprit soit en accord avec notre voix.



… pour chaque jour

Rendez grâce au Seigneur sur la cithare, jouez pour lui sur la harpe à dix cordes. Chantez-lui le cantique nouveau. Dépouillez ce qui est vieux, vous qui connaissez le cantique nouveau. Homme nouveau, testament nouveau, cantique nouveau. Le cantique nouveau ne concerne pas les hommes anciens. Les hommes nouveaux sont les seuls à l'apprendre, car ils sont renouvelés par la grâce loin de leur ancien état, et ils appartiennent désormais au testament nouveau, qui est le Royaume des Cieux. C'est pour lui que soupire tout notre amour, et qu'il chante le cantique nouveau. Chantons le cantique nouveau non par notre bouche mais par notre vie.
Chantez-lui le cantique nouveau, chantez bien. Chacun se demande comment chanter pour Dieu. Chante pour lui, mais évite de chanter mal. Il ne faut pas blesser ses oreilles. Chantez bien, mes frères. Lorsque l'on te dit, devant un auditeur bon musicien : Chante pour lui plaire, si tu ignores la musique, tu redoutes de chanter et de déplaire à l'artiste. Car ce que l'auditeur incompétent ne remarque pas, l'artiste te le reproche. Qui se proposerait pour chanter à Dieu, lui qui juge le chanteur, lui à qui rien n'échappe, qui entend tout ? Quand peux-tu offrir une telle perfection dans ton chant que tu ne déplaises en rien à des oreilles si délicates ?
Eh bien, il te donne cette méthode de chant : ne cherche pas des paroles, comme si tu pouvais expliquer ce qui plaît à Dieu. Chante par des cris de jubilation. Bien chanter pour Dieu, c'est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C'est comprendre qu'on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l'on chante dans son cœur. En effet, ceux qui chantent, en faisant la moisson, ou les vendanges, ou n'importe quel travail enthousiasmant, lorsqu'ils se mettent à exulter de joie par les paroles, de leurs chants, sont comme gonflés d'une telle joie qu'ils ne peuvent pas la détailler par des paroles, ils renoncent à articuler des mots, et ils éclatent en cris de jubilation.
Ce cri est un son manifestant que le cœur enfante des sentiments qu'il ne peut exprimer. Et à qui cela convient-il mieux qu'au Dieu inexprimable ? Il est inexprimable, en effet, celui que tu ne peux traduire dans le langage. Et si tu ne peux parler, mais que tu n'aies pas le droit de te taire, qu'est-ce qui te reste, sinon de chanter en cris de jubilation ? Que ton cœur se réjouisse sans prononcer de paroles et que l'infinité de tes joies ne soit pas limitée par des syllabes. Chantez bien, avec des cris de joie. 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], Homélie sur le Psaume 32)









 25 juin

On ne préférera donc rien à l’Œuvre de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 43,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,20-25 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

²⁰L'ordre de la psalmodie du jour étant ainsi disposé, tous les autres psaumes qui restent seront distribués également entre les sept Vigiles de la semaine, ²¹ceux qui sont trop longs étant divisés en deux, de sorte qu'il y en ait douze pour chaque nuit. ²²Avant tout cependant nous tenons à dire que, si quelqu'un ne goûte pas cette distribution des psaumes, il en adopte une autre qu'il jugera meilleure. ²³Qu'il soit bien entendu toutefois que le psautier de cent cinquante psaumes sera récité intégralement chaque semaine et recommencé chaque dimanche à Vigile. ²⁴En effet, des moines qui, au cours de la semaine, psalmodient moins que le psautier avec les cantiques habituels se montrent par trop mous dans le service qu'ils ont voué. ²⁵La tâche que nos saints Pères, comme nous le lisons, accomplissaient courageusement en un seul jour, puissions-nous du moins, dans notre tiédeur, nous en acquitter en une semaine entière!



… pour chaque jour

Les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion. Pour la tradition monastique ancienne, la quantité de la psalmodie n’est pas indifférente. Les psaumes sont souvent « murmurés » par chacun dans le cours de la journée, ils sont lus ou psalmodiés aux différentes heures de l’office. Bref, l’esprit de prière s’acquiert par la répétition de la prière. Il y a certes un écueil de formalisme ou inversement de matérialité, mais il y a aussi une perception psychologique profonde du soutien « corporel » de la prière. Une vie consacrée à la prière ne peut pas se passer de prières. On peut admettre que certaines adaptations sont aujourd’hui nécessaires, mais, si du moins on veut conserver un style de vie qui soit réellement monastique, les réductions quantitatives ne doivent pas être trop considérables.

Écoute, 1969

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 316)









 24 juin

Les moines doivent s’appliquer au silence en tout temps…
(Règle de Saint Benoît 42,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,12-19 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

¹²À Vêpres, on chantera tous les jours quatre psaumes, ¹³à partir du cent neuvième jusqu'au cent quarante-septième, ¹⁴exception faite de ceux qui sont réservés pour d'autres Heures, à savoir depuis le cent dix-septième jusqu'au cent vingt-septième, plus le cent trente-troisième et le cent quarante-deuxième. ¹⁵Tous les autres se diront à Vêpres. ¹⁶Mais comme il manque trois psaumes (pour le nombre voulu), on divisera (en deux) les plus longs, à savoir les psaumes cent trente-huit, cent quarante-trois et cent quarante-quatre. ¹⁷Quant au cent seizième, très court, on le joindra au cent quinzième. ¹⁸L'ordre des psaumes de Vêpres étant ainsi réglé, le reste de cet office, c'est-à-dire les leçons, répons, hymne, verset et cantique, se dira comme nous l'avons indiqué plus haut. ¹⁹À Complies, on répètera tous les jours les mêmes psaumes, savoir les psaumes quatre, quatre-vingt-dix et cent trente-trois.



… pour chaque jour

Ce chapitre s’occupe de répartir les psaumes pendant la semaine. La prière psalmique relie ainsi les temps entre eux, temps des jours durant la semaine. Cette chaîne de prière opère ce que saint Paul appelle « racheter le temps », rattraper sa division, sa dispersion, par l’unité d’une même invocation à Dieu en usant des mêmes textes de la prière. Ainsi nous accédons à l’éternel et nous introduisons véritablement dans le temps de nos vies la dimension unifiante de l’éternité de Dieu. Et on pourrait en dire autant de l’espace : il ne nous sera jamais possible d’être partout, ni de connaître vraiment en profondeur tous nos frères humains. Mais la prière opère une présence universelle et crée entre les hommes une authentique communion.

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 313)









 23 juin

On servira les malades
comme s’ils étaient le Christ en personne puisqu’il a été dit :
« J’ai été malade et vous m’avez visité ».
(Règle de Saint Benoît 36,2)





La Règle de Saint Benoît…

RB 18,7-11 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

À Tierce, Sexte et None du lundi on dira les neuf sections qui restent du psaume cent dix-huit, à raison de trois sections pour chaque Heure. Le psaume cent dix-huit aura donc été achevé en deux jours, à savoir le dimanche et le lundi. Cela étant, le mardi à Tierce, Sexte et None on dira trois psaumes, depuis le cent dix-neuvième jusqu'au cent vingt-septième, ce qui fait neuf psaumes. ¹⁰Ces psaumes sont répétés aux mêmes Heures, chaque jour jusqu'au dimanche. De même pour ce qui est des hymnes, leçons et versets, on gardera tous les jours la disposition uniforme qui a été établie. ¹¹Mais le dimanche on recommencera toujours par le psaume cent dix-huit.



… pour chaque jour


BETH 

Comment, jeune, garder pur son chemin ?
En observant ta parole.
De tout mon cœur, je te cherche ;
garde-moi de fuir tes volontés.
Dans mon cœur, je conserve tes promesses
pour ne pas faillir envers toi.
Toi, Seigneur, tu es béni :
apprends-moi tes commandements.
Je fais repasser sur mes lèvres
chaque décision de ta bouche.
Je trouve dans la voie de tes exigences
plus de joie que dans toutes les richesses.
Je veux méditer sur tes préceptes
et contempler tes voies.
Je trouve en tes commandements mon plaisir,
je n'oublie pas ta parole.


GHIMEL

Sois bon pour ton serviteur, et je vivrai,
j'observerai ta parole.
Ouvre mes yeux,
que je contemple les merveilles de ta loi.
Je suis un étranger sur la terre ;
ne me cache pas tes volontés.
Mon âme a brûlé de désir
en tout temps pour tes décisions.
Tu menaces les orgueilleux, les maudits,
ceux qui fuient tes volontés.
Épargne-moi l'insulte et le mépris :
je garde tes exigences.
Lorsque des grands accusent ton serviteur,
je médite sur tes ordres.
Je trouve mon plaisir en tes exigences :
ce sont elles qui me conseillent.

(Psaume 118,9-24 – La Bible – AELF)










 22 juin

On prendra soin des malades avant tout et par-dessus tout.
(Règle de Saint Benoît 36,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,1-6 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

¹D'abord on dira le verset: Dieu, viens à mon aide; Seigneur, hâte-toi de m'aider, et le Gloria. Puis viendra l'hymne propre à chaque Heure. ²Ensuite, à Prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent dix-huit; ³aux autres Heures, c'est-à-dire à Tierce, Sexte et None, on récitera trois sections du même psaume. À Prime du lundi, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le second et le sixième; ainsi de suite, chaque jour à Prime, jusqu'au dimanche, on continuera, en suivant leur ordre, à réciter trois psaumes jusqu'au psaume dix-neuf: toutefois on partagera en deux les psaumes neuf et dix-sept. De cette façon, les psaumes du dimanche commenceront toujours par le psaume vingt.



… pour chaque jour

Deus in adjutorium meum! Kyrie eleison! Rien de plus pénible que des gens qui se plaignent toujours, et de leurs épreuves, et de ce qui leur manque et ceci et cela. Et voici que saint Benoît nous fait commencer tous nos offices par un cri suppliant adressé à Dieu : « Viens à mon aide, hâte-toi de me secourir ! » Et encore, aucun office ne se termine sans la litanie : « Kyrie eleison ! Seigneur, aie pitié ! » Appel au secours, véritable aveu de détresse, protestation de radicale pauvreté. Nous nous présentons à Dieu comme des mendiants, des suppliants. Oui, car cette attitude en présence de Dieu est déjà une louange très pure, parce que saisie du tout de Dieu, Créateur et Sauveur. Elle est appel et action de grâces à la fois. Elle est gonflée d’espérance et débouche sur la joie de Dieu.

Écoute, 1965

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 305)