1 septembre

Qu’en tout Dieu soit glorifié.
(Règle de Saint Benoît 57,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB Prologue 1-7

¹Écoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l'oreille de ton cœur. Reçois volontiers l'enseignement d'un si bon père et mets-le en pratique, ²afin de retourner par l'exercice de l'obéissance à celui dont t'avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. ³C'est à toi donc maintenant que s'adresse ma parole, à toi, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l'obéissance, afin de combattre pour le Seigneur Christ, notre véritable Roi. Avant tout, demande-lui par une très instante prière qu'il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes; ainsi, après avoir daigné nous admettre au nombre de ses enfants, il n'aura pas sujet, un jour, de s'affliger de notre mauvaise conduite. Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d'employer à son service les biens qu'il a mis en nous, que non seulement il n'ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, mais encore qu'il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.



… pour chaque jour

ÉCOUTE…  

Écoute. C’est le tout premier mot de la règle, celui qui commande tout le reste.
Il faut d’abord s’en donner les moyens. Écouter, c’est-à-dire faire taire tout ce qui dit le contraire autour de nous. Écraser la tyrannie envahissante du bruit dans toutes les formes, grossières et subtiles, qu’il revêt aujourd’hui. Cela suppose une capacité de s’arrêter, de tourner un bouton, d’éteindre, de prendre les moyens voulus pour laisser la place à ce qui doit être écouté. Redoutable ascèse déjà : il faut créer une cloche de silence dans le règne universel du bruit.
Si saint Benoît demande d’écouter, c’est qu’il y a quelque chose à entendre, quelqu’un plus exactement. Celui pour qui on est là dit quelque chose, il s’exprime, il communique. En tout cas, il a l’intention de le faire. Pour communiquer, il faut être au moins deux ; peut-être même trois, celui qui parle, celui qui écoute et celui qui surgit de cette communication, comme un être nouveau. Le messager, le récepteur et celui que tous deux deviennent quand ils se rencontrent.
Dès l’abord, saint Benoît propose au moine de se glisser dans le dialogue initié par Dieu « le Père », il lui propose de s’en faire l’auditeur, d’être d’abord celui qui va recevoir l’enseignement, avant et afin de devenir ce  « troisième » issu de la communion dans le dialogue ; avant et afin de redevenir ce « troisième » qu’il aurait toujours dû être ; avant et afin de retrouver la communion des volontés que Dieu a proposée dès le début à qui que ce soit.
C’est un véritable combat.
 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)










 31 août

Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ…
(Règle de Saint Benoît 53,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 73,1-9 (Toute la pratique de la justice n'est pas contenue dans cette règle)

¹Cette Règle, que nous venons d'écrire, il suffira de l'observer dans les monastères pour faire preuve d'une certaine rectitude morale et d'un commencement de vie monastique. ²Quant à celui qui aspire à la vie parfaite, il a les enseignements des saints Pères, dont la pratique amène l'homme jusqu'aux sommets de la perfection. ³Est-il, en effet, une page, est-il une parole d'autorité divine, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une règle toute droite pour la conduite de notre vie ? Ou encore, quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous enseigne le droit chemin pour parvenir à notre Créateur ? Et de même, les Conférences des Pères, leurs Institutions et leurs Vies ainsi que la Règle de notre Père saint Basile, sont-elles autre chose que des instruments de vertus pour moines vraiment bons et obéissants ? Il y a là pour nous, relâchés, inobservants et négligents, de quoi rougir de confusion. Qui donc que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l'aide du Christ, cette toute petite Règle, écrite pour les débutants. Cela fait, tu parviendras avec la protection de Dieu, aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus, que nous venons de rappeler. Amen.



… pour chaque jour

Nous qui sommes chrétiens, en comparaison des incroyants, nous sommes déjà lumière. Ce qui fait dire à l’Apôtre : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez comme des fils de la lumière. Et il dit ailleurs : La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous des armes de lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour.
Cependant, en comparaison de la lumière vers laquelle nous marchons, le jour dans lequel nous sommes est encore une nuit. C’est l’enseignement de l’Apôtre Pierre. Il dit que, sur le Christ Seigneur, est venue, de la gloire rayonnante, une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour. Cette voix venant du ciel, dit-il, nous l’avons entendue nous-mêmes, quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. Mais, parce que nous-mêmes n’y étions pas et n’avons pas entendu cette voix venant du ciel, saint Pierre dit à notre adresse : Pour confirmer notre certitude, nous avons aussi la parole des prophètes ; vous avez raison de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans l’obscurité, jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs.
Quand notre Seigneur Jésus Christ viendra et, comme dit encore l’Apôtre Paul, mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et fera paraître les intentions des cœurs pour que chacun reçoive de Dieu la louange qui lui revient, alors, avec la présence d’une telle lumière du jour, les lampes ne seront plus nécessaires. On ne nous lira plus la prophétie, on n’ouvrira plus le livre de l’Apôtre, nous ne réclamerons plus le témoignage de Jean, nous n’aurons plus besoin de l’Évangile lui-même. Toutes les Écritures nous seront retirées, alors qu’elles brillaient pour nous comme des lampes dans la nuit de ce monde, pour que nous ne demeurions pas dans l’obscurité.
Quand tout cela aura disparu, puisque nous n’aurons plus besoin de cette lumière, pas plus que des hommes de Dieu qui nous la procuraient, lorsque nous verrons cette lumière, véritable et éclatante, en l’absence de tous ces moyens, qu’est-ce que nous verrons ? Quelle nourriture notre esprit trouvera-t-il ? Qu’est-ce qui réjouira nos regards ? D’où viendra cette joie que l’œil de l’homme n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, que son cœur n’a pas imaginée ? Que verrons-nous ?
Je vous en conjure, aimez avec moi ; empressez-vous de croire avec moi. Désirons la patrie d’en haut, aspirons à la patrie d’en haut, comprenons que nous sommes ici-bas des exilés. Que verrons-nous ? Que l’Évangile nous le dise : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Tu recevais quelques gouttes de rosée : tu viendras à la source. Un rayon parvenait jusqu’à ton cœur plein de ténèbres à travers des détours et des souterrains : tu verras la lumière elle-même à découvert et tu seras purifié pour être capable de la voir et de la porter. Mes bien-aimés, dit saint Jean, dès maintenant nous sommes fils de Dieu ; mais ce que nous serons n’apparaît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu apparaîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est.
Je sens que vos cœurs s’élèvent avec moi vers les hauteurs ; mais le corps, sujet à la corruption, appesantit l’âme, cette habitation terrestre rabaisse l’esprit aux mille pensées. Je vais déposer ce livre, vous allez partir et chacun de vous rentrera chez soi. Il nous a été bon de communier dans la lumière, il nous a été bon de nous réjouir, il nous a été bon d’être dans l’allégresse. Mais en nous éloignant les uns des autres, ne nous éloignons pas de lui.
 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], Homélie sur l’Évangile de Jean)









 30 août

… Attendre la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
(Règle de Saint Benoît 49,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 72,1-12 (Le bon zèle que doivent avoir les moines)

¹Il est un mauvais zèle, un zèle amer, qui sépare de Dieu et mène à l'enfer. ²De même, il est un bon zèle qui sépare des vices et mène à Dieu et à la vie éternelle. ³C'est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent amour : ils s'honoreront mutuellement avec prévenance; ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d'autrui, tant physiques que morales ; ils s'obéiront à l'envi ; nul ne recherchera ce qu'il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l'est pour autrui ; ils s'accorderont une chaste charité fraternelle ; ils craindront Dieu avec amour ; ¹⁰ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ; ¹¹ils ne préfèreront absolument rien au Christ ; ¹²qu'Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !



… pour chaque jour

Il est écrit : « Tous, tant que nous sommes, nous formons un seul corps et nous sommes membres les uns des autres » (Rm 12,5) car le Christ nous rassemble dans l’unité par les liens de l’amour :  « C’est lui qui, des deux, a fait un seul peuple ; il a fait tomber le mur qui les séparait, la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la Loi » (Ep 2,14). Il faut donc que nous ayons les mêmes sentiments réciproques ; « si un membre souffre, que tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, que tous partagent sa joie » (I Co 12,26). C’est pourquoi, dit encore saint Paul, « accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu » (Rm 15,7). Accueillons-nous les uns les autres, si nous voulons avoir les mêmes sentiments. « Portons les fardeaux les uns des autres ; rassemblés dans la paix, gardons l’unité dans un même Esprit ». (Ep 4,2-3) C’est ainsi que Dieu nous a accueillis dans le Christ. Car celui-ci a dit vrai : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils pour nous » (Jn 3,16). En effet, le Fils a été donné en rançon de notre vie à tous, nous avons été affranchis de la mort, rachetés de la mort et du péché. 

(SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE [°v.376 – 〸444], Commentaire sur la lettre aux Romains, 15,7, trad. bréviaire 5ième samedi de Pâques)









 29 août

La vie d’un moine devrait être, en tout temps,
aussi observante que durant le Carême.
(Règle de Saint Benoît 49,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 71,1-9 (Que les frères s'obéissent mutuellement)

¹Ce n'est pas seulement à l'abbé que tous les frères doivent rendre le bien de l'obéissance; il faut encore qu'ils s'obéissent les uns aux autres. ²Ils sauront que c'est par cette voie de l'obéissance qu'ils iront à Dieu. ³Plaçant avant tout les ordres de l'abbé et ceux des responsables qu'il a établis -ordres auxquels nous ne permettons pas de préférer les directives d'origine privée - tous les jeunes obéiront pour le reste à leurs anciens, en toute charité et empressement. S'il se rencontre quelqu'un qui ait l'esprit de contestation, il sera châtié. Lorsqu'un frère est repris par l'abbé ou par un supérieur quelconque en n'importe quelle manière, et pour une cause même de peu d'importance, s'il s'aperçoit alors tant soit peu que l'esprit de ce supérieur est irrité ou ému contre lui, fût-ce légèrement, il se prosternera aussitôt sans tarder par terre, à ses pieds, pour faire satisfaction jusqu'à ce que la bénédiction qu'on lui donnera ait fait connaître que l'émotion est calmée. Si quelqu'un dédaigne d'en agir ainsi, il sera soumis à un châtiment corporel, et, s'il demeure opiniâtre, il sera expulsé du monastère.



… pour chaque jour

Comment doit-on entendre ici la loi de Dieu, sinon comme étant la charité ? Car c'est toujours elle qui nous fait comprendre comment nous devons observer dans notre conduite les préceptes de vie. De cette loi, la parole de Vérité nous dit : Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. Saint Paul dit à ce sujet : L'accomplissement parfait de la loi, c'est l'amour. Et il dit encore : Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ. En effet, rien ne traduira plus exactement la loi du Christ, sinon la charité que nous accomplissons vraiment lorsque nous portons par amour les fardeaux de nos frères.
Mais on dit aussi que cette même loi est multiple, parce que la charité, avec empressement, s'étend à tous les actes des différentes vertus. Elle commence par deux préceptes, mais elle s'étend à des préceptes innombrables.
Saint Paul expose bien cette multiplicité de la loi, lorsqu'il dit : L'amour prend patience, l'amour est serviable, il ne jalouse pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien de malhonnête; il n'est pas ambitieux ; il ne cherche pas son intérêt, il ne s'emporte pas ; il ne pense pas au mal, il ne se réjouit pas de ce qui est mauvais, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai.  L'amour prend patience, parce qu'il supporte avec calme le mal qu'on lui fait. Il est serviable, parce qu il distribue généreusement le bien, en échange du mal. Il ne jalouse pas, parce que, ne désirant rien dans le monde présent, il ignore la jalousie à l'égard des réussites terrestres. Il ne se gonfle pas d'orgueil, parce que, désirant ardemment la récompense intérieure, il ne s'enorgueillit pas des biens extérieurs. Il ne fait rien de malhonnête, parce que, du fait qu'il s'épanouit seulement dans l'amour de Dieu et du prochain, il ignore tout ce qui s’écarte de la rectitude.
Il n'est pas ambitieux, parce que, toute sa recherche étant tournée vers l'intérieur, il ne convoite aucunement à l'extérieur les biens d'autrui. Il ne cherche pas son intérêt, parce que, tout ce qu'il possède ici-bas en passant, il le néglige comme un bien étranger, puisqu'il reconnaît que rien ne lui appartient vraiment, sinon ce qui pourra demeurer avec lui. Il ne s'emporte pas, parce que, même accablé d'injustices, il ne cède à aucun mouvement de vengeance, puisqu'il attend, pour les grandes peines qu'il subit, des récompenses bien plus grandes. Il ne pense pas au mal, parce que, en établissant fermement son âme dans l'amour de la pureté ; puisqu'il extirpe radicalement toute haine, il ne peut remuer en lui des pensées qui le salissent.
Il ne se réjouit pas de ce qui est mauvais
, parce que, ne cherchant qu'à aimer tout le monde, il ne trouve aucune joie dans la perte de ses adversaires. Il trouve sa joie dans ce qui est vrai, parce que, aimant les autres comme soi-même, lorsqu'il découvre en autrui quelque chose de droit, il s'en réjouit comme contribuant à son progrès personnel. Cette loi de Dieu est donc multiple. 

(SAINT GRÉGOIRE LE GRAND [°v.540 – 〸604], Commentaire sur le livre de Job)









 28 août

Que tout se fasse avec modération, par égard pour les faibles. 
(Règle de Saint Benoît 48,9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 70,1-7 (Que nul ne se permette de frapper à tout propos)

¹Il faut éviter dans le monastère toute occasion de présomption ; ²aussi ordonnons-nous qu'il ne sera permis à personne d'excommunier ou de frapper l'un de ses frères, à moins qu'il n'en ait reçu pouvoir de l'abbé. ³Ceux qui commettront des fautes seront repris devant tout le monde, afin que les autres en conçoivent de la crainte. Les enfants, jusqu'à l'âge de quinze ans, seront sous la garde et la surveillance de tous les frères ; mais cette vigilance s'exercera avec mesure et intelligence. Quant à celui qui se permettrait, sans l'ordre de l'abbé, de réprimander de façon quelconque des frères plus âgés, ou qui s'emporterait contre des enfants sans discrétion, il serait soumis à la discipline régulière, car il est écrit: « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. »



… pour chaque jour

Celui qui s'accuse soi-même, quelle joie, quel repos il possède, partout où il va ! Qu'une peine, qu'un outrage, qu'une épreuve quelconque lui survienne, il juge d'avance qu'il en est digne et il n'est jamais troublé. Y a-t-il un état qui soit davantage exempt de soucis ?
Mais, dira-t-on, si un frère me tourmente, et qu'en m'examinant je constate que je ne lui en ai fourni aucun prétexte, comment pourrai-je m'accuser moi-même?
En fait, si quelqu'un s'examine avec crainte de Dieu, il découvrira qu'il a certainement donné un motif de reproche par une action, une parole, ou une attitude. Et s'il voit qu'en rien de tout cela il n'a, soi-disant, donné aucun motif d'hostilité pour le présent, c'est vraisemblablement qu'il a tourmenté ce frère une autre fois, pour le même sujet ou pour un autre, ou bien encore parce qu'il a tourmenté une autre fois un autre frère. Et c'est pour cela, parfois même pour une autre faute, qu'il devait souffrir ainsi.
Il arrive aussi qu'un frère, se croyant installé dans la paix et la tranquillité, lorsqu'on lui dit une parole pénible, soit plongé dans le trouble. Et il juge qu'il a raison de s'affliger, se disant en lui-même : « S'il n'était pas venu me parler et me troubler, je n'aurais pas péché. »
C'est une illusion, c'est un faux raisonnement. Celui qui lui a dit cette parole, y a-t-il introduit la passion ? Il lui a révélé la passion qui était en lui, afin qu'il s'en repente, s'il le veut. Ainsi, ce frère était pareil à un pain de pur froment, d'apparence brillante, mais qui, une fois rompu, ferait voir sa corruption.
Il était installé dans la paix, croyait-il, mais il avait au-dedans de lui une passion qu'il ignorait. Qu'un frère lui dise une seule parole, et aussitôt a jailli la corruption qui était cachée en lui. S'il veut obtenir miséricorde, qu'il se repente, qu'il se purifie, qu'il progresse, et il verra qu'il devra plutôt remercier son frère d'avoir été pour lui la cause d'un tel profit. En effet, les épreuves ne l'accableront plus autant. Plus il progressera, plus elles lui paraîtront légères. À mesure en effet que l'âme progresse, elle se fortifie et devient capable de supporter tout ce qui lui arrive.
 

(SAINT DOROTHÉE DE GAZA [°v.500 - 〸entre 565 et 580], Instruction spirituelle)









 27 août

C’est alors qu’ils seront vraiment moines,
lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains…
(Règle de Saint Benoît 48,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 69,1-4 (Que nul dans le monastère ne se permette d'en défendre un autre)

¹Il faut veiller à ce que personne, en aucune circonstance, dans le monastère, ne se permette de défendre un autre moine, ou de lui servir comme de protecteur, ²et cela, quel que soit le degré de parenté qui les unisse. ³Les moines ne se le permettront d'aucune manière, car il peut en résulter de très graves occasions de conflits. Si quelqu'un transgresse cette défense, on le punira très sévèrement.




… pour chaque jour

D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ?
Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs.
 

(Jacques 4,1-3 – La Bible – AELF)









 26 août

Les frères doivent consacrer
certaines heures au travail des mains
et d’autres à la lecture des choses divines.
(Règle de Saint Benoît 48,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 68,1-5 (Si l'on enjoint à un frère des choses impossibles)

¹Si l'on enjoint à un frère des choses difficiles ou impossibles, il recevra en toute mansuétude et obéissance le commandement qui lui est fait. ²Cependant, s'il estime que le poids du fardeau dépasse entièrement la mesure de ses forces, il représentera au supérieur les raisons de son impuissance, avec patience et à propos, ³sans témoigner ni orgueil, ni résistance, ni contradiction. Que si après cette représentation le supérieur maintenait son ordre, l'inférieur se persuadera que la chose lui est avantageuse, et il obéira par amour, en mettant sa confiance dans l'aide de Dieu.



… pour chaque jour

Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.
Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
 

(I Jean 5,1-6 – La Bible – AELF)









 25 août




La Règle de Saint Benoît…

RB 67,1-7 (Des frères que l'on envoie en voyage)

¹Les frères qui doivent aller en voyage se recommanderont à la prière de tous les frères et de l'abbé. ²Après la dernière oraison de l'Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. ³En rentrant de voyage, le jour même de leur retour, les frères se prosterneront à terre dans l'oratoire à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'Œuvre de Dieu. Ils demanderont les prières de tous, à cause des écarts qu'ils auraient pu commettre en voyage, par leurs regards, ou en écoutant de mauvaises choses ou de vains propos. Personne ne se permettra de rapporter sans discernement à autrui ce qu'il aurait vu ou entendu hors du monastère, car cela produit de très grands dégâts. Celui qui oserait le faire sera soumis à la correction régulière. De même celui qui se permettrait de sortir de l’enceinte du monastère, ou d'aller n'importe où, ou de faire quoi que ce soit, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.



… pour chaque jour

Si tu as eu des mots avec un ami, ne t’inquiète pas : la réconciliation est possible. Mais s’il s’agit d’injures, de mépris, d’un secret trahi ou d’un coup perfide, cela fera fuir n’importe quel ami.
Gagne la confiance de ton prochain tandis qu’il est pauvre pour qu’aux jours de son bonheur, avec lui, tu sois comblé ; au moment de la détresse, reste-lui fidèle : tu auras une part quand il héritera. Car il ne faut pas toujours mépriser l’apparence ni admirer un riche qui manque d’esprit. Vapeurs et fumées précèdent l’incendie ; de même, les injures annoncent l’effusion de sang.
Je n’aurai pas honte de prendre la défense d’un ami ; je ne me détournerai pas de lui. Mais s’il m’arrive du mal par sa faute, quiconque l’apprendra se gardera de lui.
Qui placera une garde à ma bouche et, sur mes lèvres, le sceau du discernement, pour que je ne tombe pas, que ma langue ne cause pas ma perte ?
 

(Siracide 22,22-27 – La Bible – AELF)









 24 août

Les moines doivent s’appliquer au silence en tout temps…
(Règle de Saint Benoît 42,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 66,1-8 (Les portiers du monastère)

¹À la porte du monastère on placera un sage vieillard, qui sache recevoir et rendre un message, et dont la maturité le préserve de toute oisiveté. ²Le portier devra avoir sa cellule près de la porte, afin que ceux qui viennent trouvent toujours à qui parler. ³Et aussitôt qu'on aura frappé ou qu'un pauvre aura appelé, il répondra Deo gratias ou Benedic. Puis, avec toute la mansuétude que donne la crainte de Dieu, il s'empressera de donner réponse avec une charité fervente. Si le portier a besoin d'aide, on lui donnera un frère plus jeune. Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire: de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. De la sorte les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes. Et nous voulons que cette Règle soit lue souvent en communauté afin qu'aucun frère ne s'excuse sous prétexte d'ignorance.



… pour chaque jour

« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
 

(Jean 10,1-10 – La Bible – AELF)









 23 août

On servira les malades comme s’ils étaient
le Christ en personne puisqu’il a été dit :
« J’ai été malade et vous m’avez visité ».
(Règle de Saint Benoît 36,2)



La Règle de Saint Benoît…

RB 65,11-22 (Le prieur du monastère)

¹¹C'est pourquoi nous jugeons que, pour conserver la paix et la charité, il faut que le gouvernement de son monastère dépende entièrement de l'abbé. ¹²Si faire se peut, toute la marche du monastère sera assurée par des doyens, et cela selon les ordres de l'abbé, comme nous l'avons déjà dit. ¹³Les charges étant confiées à plusieurs, un seul n'aura pas l'occasion de s'enorgueillir. ¹⁴Si toutefois le lieu rend un prieur désirable, ou si la communauté le demande pour un juste motif, et avec humilité, si l'abbé enfin le juge à propos, ¹⁵c'est ce dernier qui établira lui-même pour prieur celui qu'il aura choisi avec le conseil des frères craignant Dieu. ¹⁶Le prieur exécutera avec respect tout ce que son abbé lui prescrira, sans jamais contrevenir à sa volonté et à ses ordres. ¹⁷Car, plus il est élevé au-dessus des autres, plus il doit observer consciencieusement les préceptes de la Règle. ¹⁸Si ce prieur tombait dans quelque dérèglement, s'enflait d'orgueil, ou était convaincu de mépris pour la sainte Règle, on l'en reprendrait jusqu'à quatre fois. ¹⁹S'il ne s'amendait pas, on lui ferait subir la correction de la discipline régulière. ²⁰Si par ces moyens il ne se corrigeait pas encore, on le déposerait de son rang de prieur, et on mettrait à sa place un autre qui en fût digne. ²¹Enfin, si après tout cela, il ne se montrait pas tranquille et obéissant dans la communauté, on le chasserait du monastère. ²²Que l'abbé songe cependant qu'il doit rendre compte à Dieu de toutes ses décisions, de crainte que le feu de l'envie ou de la jalousie ne vienne à brûler son âme.



… pour chaque jour

Ne te félicite pas du lendemain, 
tu ne sais pas ce qu’aujourd’hui va enfanter.
Qu’un autre te loue, mais pas ta bouche, 
n’importe qui, mais pas tes lèvres !

Ça pèse, la pierre, c’est lourd, le sable, 
plus lourd encore, les humeurs d’un sot !
La rage est sans pitié, la colère, impétueuse ; 
mais qui tiendra devant la jalousie ?

Mieux vaut franche critique qu’amitié hypocrite !
Un ami donne des coups loyalement ; 
les baisers de l’ennemi sont trompeurs. 

(Proverbes 27,1-6 – La Bible – AELF)