1 juin

Tenir pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde.
(Règle de Saint Benoît 4,49)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,34 (L'humilité)

³⁴Tel est le troisième degré d'humilité: se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l'amour de Dieu, à l'imitation du Seigneur, dont l'apôtre dit :  « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort. »






… pour chaque jour

Abba Pœmen a dit encore que quelqu’un demanda un jour à abba Paésios : « Que ferai-je à mon âme, car elle est insensible et ne craint pas Dieu ! ». Et il lui dit : « Va, attache-toi à un homme qui craint Dieu, et dans cette fréquentation, il t’apprendra à craindre Dieu toi aussi ». 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Pœmen 65, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 73)









 31 mai

Désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
(Règle de Saint Benoît 4,46)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,31-33 (L'humilité)

³¹Voici le deuxième degré d'humilité: ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l'accomplissement de ses désirs, ³²mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur: « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m'a envoyé. » ³³L'Écriture dit encore: « Le plaisir encourt la peine, l'effort procure la couronne. »


… pour chaque jour

Abba Pœmen a dit : « La volonté de l’homme est une muraille d’airain (Jr 1,18) entre lui et Dieu, un roc de résistance. Si donc l’homme la laisse derrière lui, il dit, lui aussi : ‘En mon Dieu, je franchirai la muraille’ (Ps 17,30). Mais si la justification vient s’ajouter à la volonté, l’homme est mal en point ». 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Pœmen 54, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 214-215)









 30 mai

Mettre en Dieu son espérance.
(Règle de Saint Benoît 4,41)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,24-30 (L'humilité)

²⁴Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l'entrée même du plaisir. ²⁵C'est pourquoi l'Écriture nous donne ce commandement: « Tu ne suivras pas tes convoitises. » ²⁶Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » ²⁷si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s'il en est un qui ait l'intelligence et qui cherche Dieu » ; ²⁸si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu'à toute heure nous devons être vigilants. ²⁹Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais. » ³⁰S'il use d'indulgence en ce temps-ci, parce qu'il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu'il ne nous dise un jour: « Tu as fait cela et je me suis tu. »

… pour chaque jour

Prendre garde à tout instant. Une première lecture de ce paragraphe peut déconcerter : elle donne l’impression que Dieu organise autour de nous une surveillance sans faille et que, épiés dans nos derniers retranchements, nous sommes contraints à une attention sans relâche aucune, pratiquement impossible à soutenir. Ce que Dieu regarde sans cesse, c’est l’orientation de notre cœur : cherche-t-il Dieu ? Dieu est en quête d’hommes qui L’aiment, qui soient intelligents, c’est-à-dire qui aient compris sa grandeur et son amour. Et si Dieu ne trouve pas ou pas pleinement en nous ce qu’il veut, Il sait attendre, Il ne dit rien. Notre effort d’attention prend alors un tout autre sens : ne pas faire attendre Dieu, ne pas laisser son Amour sans réponse et son Infini sans adoration, avoir à son égard un comportement plein de délicatesse. Quel est celui d’entre nous qu’une telle perspective ne remplit pas de désir ?

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 170)









 29 mai

Ne point rendre le mal pour le mal.
(Règle de Saint Benoît 4,29)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,19-23 (L'humilité)

¹⁹Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l'Ecriture: « Renonce à tes volontés », ²⁰et, de plus, nous demandons à Dieu dans l'oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. ²¹C'est donc avec raison qu'on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par là, nous prenons garde à ce que dit l'Ecriture: « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l'enfer »; ²²par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents: « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions. » ²³Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur: « Tous mes désirs sont devant toi. »

… pour chaque jour

Ces mots de l’Écriture nous mettent sur nos gardes. Ce que Saint Benoît semble redouter ici, c’est moins la méchanceté que l’illusion… Il ne craint pas les volontés fortes, mais celles qui sont mal orientées. C’est que, dans le domaine spirituel où il faut vivre selon Dieu et l’Évangile, les lumières de la prudence humaine, du jugement d’un chacun, ne sont pas suffisantes. Et nul ne peut être assuré d’avoir un discernement tellement surnaturel, que son cœur lui dicte toujours la Volonté de Dieu. Un aspect de l’humilité sera donc la défiance de soi, la conscience de notre propension à canoniser ce qui nous plaît, ce qui entraîne sur le plan pratique le recours au conseil d’autrui afin que ce soit vraiment la Volonté du Père qui se fasse en nous et non la nôtre.

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 166)










 28 mai

Dire la vérité de cœur comme de bouche.
(Règle de Saint Benoît 4,28)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,10-18 (L'humilité)

¹⁰Voici donc le premier degré d'humilité: se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. ¹¹On repassera constamment dans son esprit, d'une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d'autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent. ¹²Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, ¹³l'homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu'en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment. ¹⁴Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées: « Dieu scrute les cœurs et les reins »; ¹⁵et de même: « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », ¹⁶et encore: « Tu as compris de loin mes pensées », ¹⁷et: « La pensée de l'homme te sera découverte. » ¹⁸Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur: « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité. »

… pour chaque jour

ÊTRE HUMBLE : POURQUOI ?

Après bien d’autres et avec bien d’autres, saint Benoît a le grand mérite de lier indissolublement Dieu et cette manière d’être que nous appelons l’humilité. Dès l’abord, il établit entre eux un lien radical et indestructible. Ce qui conduit tout droit à nous obliger à comprendre en même temps et d’une même venue qui est Dieu et ce qu’est l’humilité. Se tromper sur celle-ci, ce sera se tromper sur Celui-là ; se tromper sur Celui-là fera qu’on se trompe immanquablement sur celle-ci.
Pareille conception de l’humilité interdit de se contenter de parler seulement de modestie, d’effacement, de vivre dans l’obscurité, de refuser les honneurs, etc… Toutes choses qui ne sont que la traduction concrète, extérieure, d’une proximité avec Dieu, avec ce qu’il est au plus profond de lui-même, avec ce qu’il a vécu et vit encore au quotidien, avec cette présence qui parvient à se dire sans assourdir, avec cette absence qui n’est jamais indifférence, avec cet amour qui reste lui-même tout en disparaissant dans l’autre.
Le premier degré d’humilité, c’est de vivre au plus près de Dieu, humble lui-même et vivant au plus près de l’homme. Cherche-t-il vraiment Dieu ? demande saint Benoît à propos de celui qui vient frapper à la porte du monastère. Cherche-t-il à être humble, comme Dieu l’est ? 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 27 mai

Ne jamais perdre la charité.
(Règle de Saint Benoît 4,26)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,5-9 (L'humilité)

Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l'humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l'humilité dans la vie présente, il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l'on descend par l'élèvement et que l'on monte par l'humilité. L'échelle en question, c'est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s'humilie. Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme; sur ces côtés, l'appel divin a disposé divers degrés d'humilité et de perfection à gravir.

… pour chaque jour

« Quelqu’un lutta avec Jacob jusqu’au lever du jour…, et Jacob lui dit : ‘Je ne te lâcherai pas avant que tu m’aies béni’ » (Gn 32,25.27). Pour vous, mes frères, qui avez entrepris d’enlever le ciel d’assaut et qui avez engagé la lutte avec l’ange chargé de garder l’accès de l’arbre de vie (Gn 3,24), pour vous il est absolument nécessaire de lutter avec constance et ténacité…, non seulement jusqu’à la paralysie de votre hanche…, mais jusqu’à la mort de votre être charnel. Toutefois, votre ascèse ne pourra y parvenir que si la puissance divine vous touche et vous en fait la grâce…
Ne te semble-t-il pas lutter avec l’ange ou plutôt avec Dieu lui-même, lorsque, chaque jour, il se met en travers de tes désirs les plus fougueux ?... Tu cries vers lui et il ne t’écoute pas. Tu veux t’approcher de lui, et il te repousse. Tu décides quelque chose, et il fait arriver le contraire. Ainsi, sur presque tous les plans, il te combat d’une main rude. Ô bonté cachée, déguisée en dureté, avec quelle tendresse, Seigneur, tu combats ceux pour qui tu combats ! Tu as beau « le cacher dans ton cœur », « je sais bien que tu aimes ceux qui t’aiment », et que « l’abondance de la bonté que tu tiens en réserve pour ceux qui te craignent » est sans limites (Jb 10,13 ; Pr 8,17 ; Ps 30,20).
Alors, frère, ne désespère pas, agis courageusement, toi qui as entrepris de lutter avec Dieu ! À vrai dire, il aime que tu lui fasses violence, il désire que tu l’emportes sur lui. Même quand il est irrité et qu’il étend le bras pour frapper, il cherche, comme il le dit lui-même, un homme semblable à Moïse qui sache lui résister… Jérémie, lui, a bien tenté de lui résister, mais il n’a pas pu retenir sa colère implacable, sa sentence inflexible ; c’est pourquoi il a fondu en larmes en disant : « Tu as été plus fort que moi, et tu l’as emporté » (Jr 20,7). 

(LE BIENHEUREUX GUERRIC D’IGNY [° entre 1070 et 1080 – 〸1157], 2ième Sermon sur saint Jean-Baptiste, trad. cf SC 202, et Sr Isabelle de la Source, dans : Lire la Bible, t. 1, p. 108)











 26 mai

Ne rien préférer à l’amour du Christ.
(Règle de Saint Benoît 4,21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 7,1-4 (L'humilité)

¹La divine Écriture, mes frères, nous crie: « Quiconque s'élève sera humilié, et qui s'humilie sera élevé. » ²En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d'orgueil ; ³et c'est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu'il dit: « Seigneur, mon cœur ne s'est point élevé et mes yeux ne se sont point levés: je n'ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi. » Mais que m'arriverait-il « si je n'avais pas eu d'humbles sentiments, si j'avais élevé mon âme? Tu me traiterais comme l'enfant qu'on enlève du sein de sa mère. »

… pour chaque jour

Comme l’enfant sevré. Il faut désirer l’humilité. L’image de saint Benoît peut nous y aider : sans l’humilité, on serait comme un nourrisson sevré, comme un petit enfant affamé et personne pour le nourrir, car sa mère elle-même l’a éloigné de son sein. Nous pouvons comprendre par là combien l’humilité est vitale pour nous : si nous ne la cherchons pas, Dieu nous écarte de Lui ; si nous la cherchons, nous sommes sur son cœur. Il faut la grâce pour comprendre cela vraiment. Demandons-la avec instance et elle nous sera donnée.

Écoute, 1967

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 155)









 25 mai

Honorer tous les hommes.
(Règle de Saint Benoît 4,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 6,1-8 (La retenue dans le langage)

¹Faisons ce que dit le prophète: « J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue; j'ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes. » ²Le prophète nous montre par là que, si l'on doit quelquefois s'interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine due au péché. ³C'est pourquoi, étant donnée l'importance du silence, on n'accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. Il est écrit, en effet: « Tu n'éviteras pas le péché en parlant beaucoup » ; et ailleurs: « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » De fait, s'il appartient au maître de parler et d'enseigner, il convient au disciple de se taire et d'écouter. En conséquence, s'il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

… pour chaque jour

« Chantez au Seigneur un chant nouveau, que toute la terre chante au Seigneur ! » Toute la terre chante un cantique nouveau, ces chants construisent la maison, à condition de laisser là les chants anciens. Le chant vieilli chante l’appétit de la chair, le chant nouveau, la tendresse de Dieu.
Mieux vaut être l’homme nouveau et te taire que d’être le vieil homme et de chanter. Si tu es un homme nouveau, garde le silence, seule l’oreille humaine est privée, puisque ton cœur chante un chant nouveau, ce cantique parvient jusqu’aux oreilles de Dieu, qui t’a fait homme nouveau. Aime en silence, l’amour est la voix qui atteint Dieu, l’amour est le cantique nouveau.
Voici quel est le chant nouveau, selon le Seigneur : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns les autres. » Toute la terre chante ce chant nouveau : il bâtit la maison. Toute la terre, en effet, est la maison de Dieu. Tout homme baptisé dans le Christ pose pierre sur pierre… 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], PSAUME 95 – « Toute la terre chante le Seigneur », dans : SAINT AUGUSTIN PRIE LES PSAUMES – Textes choisis et traduits par A.-G. Hamman, p. 166)










 24 mai

Avant tout, aimer le Seigneur Dieu
de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force.
(Règle de Saint Benoît 4,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,14-19 (L'obéissance)

¹⁴Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. ¹⁵Car l'obéissance rendue au supérieur, c'est à Dieu qu'on la rend, puisqu'il a dit: « Qui vous écoute, m'écoute. » ¹⁶Et c'est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement. » ¹⁷Si, au contraire, le disciple obéit, mais s'il le fait de mauvais gré, s'il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœurs, ¹⁸même s'il exécute l'ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. ¹⁹Bien loin d'en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige et ne fait satisfaction.

… pour chaque jour

De bon cœur. Dieu présent, son regard : est-ce ce qui compte par-dessus tout pour nous ? Dieu vivant qui scrute le fond de notre cœur et en attend une réponse : tel est le mystère de l’obéissance. Ainsi n’y a-t-il pas de mesure à l’obéissance, puisqu’il n’y a pas de mesure à l’amour dont nous sommes aimés et à l’amour que nous devons donner en réponse. Un amour qui ne se contente pas de belles formules, mais qui se traduise par la fidélité constante. Il est facile d’obéir au père abbé, et on le fait. Mais notre obéissance ne doit pas s’en tenir là. Obéir les uns aux autres, à tous ceux qui ont mission de nous aider à trouver Dieu. Et c’est toute créature qui, d’une façon ou d’une autre, participe à cette mission. Tendre à la parfaite docilité à l’Esprit-Saint qui nous apprend à lire Dieu et à ne plus vouloir que son bon plaisir. Cela ne s’improvise pas. C’est ce à quoi nous exerce notre vie monastique.

Écoute, 1962

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 144)











 23 mai

Les frères donneront leur avis en toute humilité et soumission.
(Règle de Saint Benoît 3,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 5,1-13 (L'obéissance)

¹Le premier degré d'humilité est l'obéissance sans délai. ²Elle convient à ceux qui n'ont rien de plus cher que le Christ. ³Mus par le service sacré dont ils ont fait profession, ou par la crainte de l'enfer, et par le désir de la gloire de la vie éternelle, dès que le supérieur a commandé quelque chose, ils ne peuvent souffrir d'en différer l'exécution, tout comme si Dieu lui-même en avait donné l'ordre. C'est d'eux que le Seigneur dit: « Dès que son oreille a entendu, il m'a obéi. » Et il dit encore à ceux qui enseignent: « Qui vous écoute, m'écoute. » Ceux qui sont dans ces dispositions, renonçant aussitôt à leurs propres intérêts et à leur propre volonté, quittent ce qu'ils avaient en mains et laissent inachevé ce qu'ils faisaient. Ils suivent d'un pied si prompt l'ordre donné que, dans l'empressement qu'inspire la crainte de Dieu, il n'y a pas d'intervalle entre la parole du supérieur et l'action du disciple, toutes deux s'accomplissant au même moment. ¹⁰Ainsi agissent ceux qui aspirent ardemment à la vie éternelle. ¹¹C'est pour cela qu'ils entrent dans la voie étroite dont parle le Seigneur, lorsqu'il dit: « Étroite est la voie qui conduit à la vie. » ¹²Aussi, ne vivant plus à leur gré et n'obéissant plus à leurs désirs ni à leurs inclinations, ils marchent au jugement et au commandement d'autrui, et désirent se soumettre à un abbé en vivant dans un monastère. ¹³Assurément les hommes de cette trempe imitent le Seigneur qui dit dans cette sentence: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. »

… pour chaque jour

Dès que son oreille a entendu, il a obéi. Nous connaissons le texte de l’Évangile : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! qui entreront dans le Royaume des Cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7,21). Il se trouve dans l’Évangile à la fin du Sermon sur la Montagne, dans lequel précisément Notre-Seigneur a fait connaître aux hommes de manière très concrète la Volonté du Père. C’est dans la perspective de cette réponse à Dieu (« à cause du service saint qu’ils ont voué »), de cette venue du Royaume (« pour la gloire de la vie éternelle »), de cette rencontre avec le Christ (« n’avoir rien de plus cher que le Christ ») qu’il faut comprendre notre obéissance monastique. Et nous n’avons jamais fini d’en reprendre la méditation et l’approfondissement. Chaque période de notre vie nous affronte de manière nouvelle à cette exigence d’obéissance, à l’épreuve qu’elle constitue et qui est rarement surmontée une fois pour toutes. Tendons l’oreille pour entendre, avec les commandements que Dieu nous donne par l’obéissance monastique, les explications, sans bruit de voix, qu’il suggère intérieurement sur son sens au moine de bonne volonté.

Écoute, 1968

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 141)


Le Béguinage - Anvers







 22 mai

Toutes les fois qu’il y aura dans le monastère
quelque affaire importante à décider,
l’abbé convoquera toute la communauté
et exposera lui-même ce dont il s’agit.
(Règle de Saint Benoît 3,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 4,63-78 (Les instruments des bonnes œuvres)

⁶³Accomplir, tous les jours, par ses œuvres les préceptes de Dieu.
⁶⁴Aimer la chasteté.
⁶⁵Ne haïr personne.
⁶⁶Ne pas avoir de jalousie.
⁶⁷Ne pas agir par envie.
⁶⁸Ne pas aimer à contester.
⁶⁹Fuir l'élèvement.
⁷⁰Vénérer les anciens.
⁷¹Aimer les plus jeunes.
⁷²Par amour du Christ, prier pour ses ennemis.
⁷³Se réconcilier avant le coucher du soleil, avec qui on est en discorde.
⁷⁴Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
⁷⁵Voilà quels sont les instruments de l'art spirituel.
⁷⁶Si, jour et nuit, sans relâche, nous nous en servons, quand, au jour du jugement, nous les remettrons, le Seigneur nous donnera la récompense qu'il a promise lui-même:
⁷⁷« Ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. »
⁷⁸Or l'atelier où nous devons travailler diligemment avec tous ces instruments, c'est le cloître du monastère avec la stabilité dans la communauté.

… pour chaque jour

Voici manifestées la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur. Rendons grâce à Dieu qui fait ainsi abonder notre consolation dans cet état de pèlerins qui est le nôtre, dans cet exil, dans cette misère d’ici-bas.
Avant que n'apparaisse son humanité, sa bonté aussi demeurait cachée. Certes, elle existait auparavant, car la miséricorde du Seigneur est de toujours. Mais comment aurait-on pu savoir qu'elle était si grande ? Elle faisait l'objet d'une promesse, non d'une expérience. Aussi beaucoup d'hommes n'y croyaient pas. Sans doute, le Seigneur parlait. sous des formes fragmentaires et variées, par les prophètes. Moi, disait-il, je forme des pensées de paix, et non de malheur. Mais que pouvait bien répondre l'homme quand il éprouvait le malheur et ne connaissait pas la paix ? Jusqu'à quand allez-vous dire : Paix, paix, alors qu'il n'y a pas de paix ? C'est pourquoi les messagers de la paix pleuraient amèrement, disant : Seigneur, qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Mais maintenant, que les hommes croient à ce qu'ils voient, car les affirmations du Seigneur sont vraiment infaillibles. En effet, pour que même l'œil troublé ne demeure pas incapable de le voir, c’est dans le soleil qu’il a placé sa tente.
Voici que la paix n'est plus promise mais envoyée, non plus remise à plus tard mais donnée, non plus prophétisée mais proposée. C'est comme un couffin plein de sa miséricorde que Dieu le Père a envoyé sur la terre ; oui, dis-je, un couffin que la Passion devra déchirer pour laisser se répandre ce qu'il contient : notre paix ; un couffin, peut-être petit, mais rempli. Un petit enfant nous a été donné, mais en lui habite toute la plénitude de la divinité. Lorsqu'est venue la plénitude des temps est venue aussi la plénitude de la divinité. Elle est venue dans la chair, afin de se faire voir même de ceux qui sont charnels, et que son humanité ainsi manifestée permette de reconnaître sa bonté. En effet, dès que l'humanité de Dieu se fait connaître, sa bonté ne peut plus rester cachée. Et comment aurait-il pu davantage mettre en relief sa bonté qu'en revêtant ma chair ? Ma chair, dis-je, non celle d’Adam, non celle qui était la sienne avant la chute. Pourquoi déclare-t-il avec tant de soin sa miséricorde, au point de faire sienne notre misère elle-même ? Pourquoi est-il rempli d'une bonté telle que la parole de Dieu, pour nous, s'est faite herbe fanée ? Seigneur, qu'est-ce que l'homme, pour que tu en fasses si grand cas ? Qu'est-il pour que ton cœur lui soit ouvert ? Voici où l'homme doit porter son attention pour découvrir quel souci Dieu prend de lui ; voici où l'homme doit apprendre quelle pensée et quel sentiment Dieu nourrit à son égard. N'interroge pas ce que tu souffres, toi, mais ce qu'il a souffert, lui. À ce qu'il est devenu pour toi, reconnais ta valeur à ses yeux, afin que sa bonté t'apparaisse à partir de son humanité. En effet, l'abaissement qu'il accomplit dans son humanité a révélé la grandeur même de sa bonté, et plus il s'est rendu méprisable en ma faveur, plus il me devient cher.
Voici manifestées la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur, dit l'Apôtre. Oui, qu'elles sont grandes et évidentes, la bonté de Dieu et son humanité ! Quelle grande preuve de sa bonté il nous a donnée, en prenant tant de soin pour ajouter à l'humanité le nom de Dieu. 

(SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX [°1090 – 〸1153], Sermon pour l’Épiphanie)