1 août

Toutes les fois qu’il y aura dans le monastère
quelque affaire importante à décider,
l’abbé convoquera toute la communauté
et exposera lui-même ce dont il s’agit.
(Règle de Saint Benoît 3,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 50,1-4 (Les frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage)

¹Les frères qui travaillent fort loin et qui ne peuvent revenir à l'oratoire aux heures voulues - ²l'abbé ayant jugé qu'il en est bien ainsi - ³accompliront l'Œuvre de Dieu sur place et à genoux, avec le respect dû à Dieu. De même, ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les Heures prescrites; ils les diront comme ils pourront, en leur particulier, et ne négligeront pas de s'acquitter de ce devoir de leur service.



… pour chaque jour

La hâte dans la prière, comme aussi le sentiment de lassitude, sont le signe qu’on se raccroche au temps matériel, vide des bénédictions de l’Esprit et des aspirations de l’éternité. Le sentiment du temps matériel, de l’importance des minutes, des heures et des actes humains temporels qui nous attendent après la prière, contribue à étouffer en nous l’Esprit et à nous empêcher de jouir du sentiment de l’éternité et d’y vivre pendant la prière.
De même, la hâte dans la prière et la lassitude suffisent pour ôter à la prière son véritable caractère spirituel. Elle est réduite alors à ne plus être qu’un des nombreux actes de la vie temporelle que l’homme pratique par sa pensée ou par son corps, comme de rencontrer un supérieur, de prononcer un discours ou de prendre son repas. Aussi le Christ nous prévient-Il: « Il faut prier toujours sans jamais se lasser » (Lc 18,1). Mieux vaut donc pour l’homme d’exprimer par l’esprit une prière calme, paisible, digne, qui dure cinq minutes, plutôt que de prier une heure entière avec hâte, ou trois heures avec lassitude. 

(MATTA EL MASKINE [°1919 – 〸2006], Conseils pour la prière, Monastère de Saint-Macaire au désert de Scete, Wadi el Natroun, p. 10-11, [La traduction française a été publiée dans la revue Irénikon, 1986, p.451-481].









 31 juillet

L’abbé témoignera à tous une égale charité…
(Règle de Saint Benoît 2,22)



La Règle de Saint Benoît…

RB 49,1-10 (L'observance du Carême)

¹La vie d'un moine devrait être, en tout temps, aussi observante que durant le Carême. ²Mais, comme il en est peu qui possèdent cette perfection, nous exhortons tous les frères à vivre en toute pureté pendant le Carême, ³et à effacer, en ces jours sacrés, toutes les négligences des autres temps. Nous le ferons dignement, si nous nous préservons alors de tous les vices, si nous appliquons à la prière avec larmes, à la lecture, à la componction du cœur et au renoncement. En ces jours donc, ajoutons quelque chose à la tâche accoutumée de notre service: oraisons particulières, restriction dans les aliments et la boisson. Chacun offrira de sa propre volonté à Dieu, dans la joie du Saint-Esprit, quelque pratique surérogatoire; il retranchera à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les entretiens; et il attendra la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel. Chacun cependant soumettra à son abbé ce qu'il se propose d'offrir à Dieu et n'agira qu'avec sa prière et son approbation : car tout ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera imputé à présomption et à vaine gloire, non à mérite. ¹⁰Pourtant, tout doit se faire avec l'assentiment de l'abbé.



… pour chaque jour

CARÊME TOUT LE TEMPS 

Les savants qui s'occupent de l'origine des mots en donnent deux pour le mot "religion". La première, à travers le mot latin, signifierait : relier. Relier les hommes entre eux, assurer le lien de ce monde avec un autre. D'après la deuxième origine, toute proche de la première, cela voudrait dire : assembler, recueillir, relever, parcourir, relire.
Les mêmes savants ne disent jamais, très rarement en tout cas, que la négation de la religion, c'est la négligence. Attitude qui ne cesse de perdre la mémoire, donc qui ne recueille pas, qui ne relie pas, qui n'assure aucun lien entre les moments du temps qui passe.
En carême au moins, le moine doit cesser d'être négligent et retrouver ce qui fait son identité profonde. Nouer, assembler, recueillir, lier, relier, lire ou chanter les éléments du temps, pour en faire la gerbe du désir de Pâques. Recoudre le temps si souvent éclaté pour en faire le temps unique de Dieu, le temps que Jésus a inauguré pour tous le jour de Pâques. 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 30 juillet

Qu’il n’aime point l’un plus que l’autre,
si ce n’est celui qu’il trouvera plus avancé
dans les bonnes actions et l’obéissance.
(Règle de Saint Benoît 2,17)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,22-25 (Le travail manuel de chaque jour)

²²Le dimanche, tous vaqueront à la lecture, excepté ceux qui sont employés à divers offices. ²³Si toutefois quelqu'un était si négligent et paresseux qu'il ne voulût ou ne pût ni méditer ni lire, on l'appliquera à quelque travail, afin qu'il ne demeure pas oisif. ²⁴Quant aux frères malades ou délicats, on leur donnera tel ouvrage ou métier qui les garde de l'oisiveté, sans les accabler ni les porter à s'esquiver. ²⁵L'abbé doit avoir leur faiblesse en considération.



… pour chaque jour

Jour du Vivant
Pour notre terre !
Le fruit
Que Dieu bénit
Mûrit en lumière :
Soleil déchirant la nuit !

Jour du Vivant
Sur notre histoire !
Le corps,
Hier meurtri,
Rayonne sa gloire :
L'amour a brisé la mort !

Jour du Vivant
Sur tout exode !
De l'eau
Et de l'Esprit
Renaissent les hommes :
Chacun porte un nom nouveau !

Jour du Vivant,
Si loin, si proche !
Le vin
Nous est servi,
Prémices des noces :
La joie du Royaume vient !

Jour du Vivant
Offert au Souffle !
Le feu
Soudain a pris,
Créant mille sources :
Le monde rend grâce à Dieu !

 

CFC (f. Paul et s. Marie-Pierre)
©CNPL, PQT 1986, Lit 40









 29 juillet

Que l’abbé ne fasse point acception des personnes
dans le monastère.
(Règle de Saint Benoît 2,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,10-21 (Le travail manuel de chaque jour)

¹⁰À partir du 13 septembre jusqu'au commencement du Carême, les frères vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure ; ¹¹puis on dira Tierce. Ensuite, ils travailleront jusqu'à la neuvième heure à l'ouvrage qui leur aura été enjoint. ¹²Au premier coup de None, ils quitteront tous leur travail de façon à être prêts quand le second coup sonnera. ¹³Après le repas, ils s'appliqueront à leurs lectures ou à l'étude des psaumes. ¹⁴Durant tout le Carême, ils s'appliqueront à la lecture depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure; ils feront ensuite jusqu'à la dixième heure entière le travail qui leur a été enjoint. ¹⁵En ces jours de Carême, chacun recevra un livre tiré de la bibliothèque, qu'il lira à la suite et en entier. ¹⁶Ces livres seront distribués au début du Carême. ¹⁷On ne manquera pas de nommer un ou deux anciens, qui parcourent le monastère aux heures consacrées à la lecture. ¹⁸Ils examineront s'il ne se trouve pas quelque moine paresseux, perdant son temps à l'oisiveté ou au bavardage, au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui ainsi, non seulement se nuit à lui-même, mais dissipe les autres. ¹⁹Si, à Dieu ne plaise ! un frère est surpris en cette faute, on le reprendra jusqu'à deux fois. ²⁰S'il ne s'amende point, on le soumettra à la correction régulière, de façon à inspirer de la crainte aux autres. ²¹Un moine ne se joindra pas à un autre aux heures indues.



… pour chaque jour


Un frère ne doit pas se joindre à un autre frère aux heures indues. Il n’est pas de relation vraie, d’intimité, entre deux frères, entre deux créatures, qui ne soit d’abord relation à Dieu, intimité avec Dieu. Car Dieu seul nous est intime, et peut ainsi créer entre nous la véritable intimité. Cette intimité avec Dieu et avec nos frères, c’est notre bonheur et notre joie ; c’est elle qui fait dire combien il est doux pour des frères d’habiter ensemble. Les heurts superficiels et inévitables n’entament pas le fond de notre charité mutuelle. Deux fois par jour, d’ailleurs, le père abbé – le Christ au milieu de nous - prononce à haute voix la prière du pardon des offenses mutuelles. Ce serait une chimère de chercher l’intimité en marge d’une vie de grande fidélité à Dieu, servi et aimé avec la même délicatesse que nous voudrions servir et aimer notre prochain.

Écoute, 1958

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 507-508)













 28 juillet

Montrer tout ce qui est bon et saint
par des actes plus encore que par des paroles.
(Règle de Saint Benoît 2,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 48,1-9 (Le travail manuel de chaque jour)

¹L'oisiveté est ennemie de l'âme. Les frères doivent donc consacrer certaines heures au travail des mains et d'autres à la lecture des choses divines. ²C'est pourquoi nous croyons pouvoir régler l'une et l'autre de ces occupations de la manière suivante : ³de Pâques au 13 septembre, les frères sortiront dès le matin pour s'employer aux travaux nécessaires, depuis la première heure du jour jusqu'à la quatrième environ ; depuis la quatrième jusqu'à la sixième, ils s'adonneront à la lecture. Après la sixième heure, leur dîner fini, ils se reposeront sur leur lit dans un parfait silence. Si quelqu'un veut lire, il pourra le faire tout bas de façon à n'incommoder personne. On dira None plus tôt qu'à l'ordinaire, environ à la huitième heure et demie. Après quoi, ils se mettront de nouveau à l'ouvrage jusqu'aux Vêpres. Si les frères se trouvent obligés, par la nécessité ou la pauvreté, à travailler eux-mêmes aux récoltes, ils ne s'en affligeront point ; c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. Que tout néanmoins se fasse avec modération, par égard pour les faibles.



… pour chaque jour


La question fut posée à abba Agathon : « Qu’est-ce qui est meilleur : le labeur corporel ou la garde du dedans ? ». Le vieillard répondit : « L’homme est semblable à un arbre : le labeur corporel, c’est le feuillage, et la garde du dedans, le fruit. Puisque, selon l’Écriture, ‘tout arbre ne produisant pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu’ (Mt 3,10), il est clair que tout notre soin est pour le fruit, c’est-à-dire pour la garde de l’esprit ; mais il faut aussi la protection et l’ornement des feuilles qui sont le labeur corporel ». 

(APOPHTEGMES – [IVème – Vème siècle], Agathon 8, dans : SAGESSE DU DÉSERT – 365 textes des Pères du désert rassemblés par le Père Benoît Standaert osb, Éditions de Solesmes, 2005, p. 177)









 27 juillet

Sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 21)



La Règle de Saint Benoît…

RB 47,1-4 (La charge d'annoncer l'Œuvre de Dieu)

¹La charge d'annoncer l'heure de l'Œuvre de Dieu, aussi bien le jour que la nuit, incombe à l'abbé. Il l'exercera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que l'office se fasse toujours aux heures prescrites. ²Ceux qui en auront reçu l'ordre, entonneront psaumes et antiennes, à leur rang, après l'abbé. ³Personne n'aura la présomption de chanter ou de lire s'il ne peut s'acquitter de cette fonction de manière à édifier les assistants. Celui qui en aura reçu l'ordre de l'abbé le fera avec humilité, gravité et profond respect.



… pour chaque jour

Un frère si ponctuel. Saint Benoît nous parle de l’heure de l’Œuvre de Dieu, de la ponctualité. À cette exactitude du moine chargé d’appeler ses frères à l’office, doit répondre la ponctualité de chacun des moines. Il y a un rapport étroit entre la ponctualité, l’empressement et la valeur propre de l’office. L’empressement à tout quitter pour l’Œuvre de Dieu est une marque de liberté intérieure : condition indispensable pour qu’il y ait louange en esprit et en vérité. À chacun de voir comment la réaliser pratiquement. Cette louange pure suppose spontanéité et don de soi. N’y aurait-il aujourd’hui qu’effort dans l’empressement à nous rendre à l’office, à nous y préparer matériellement et spirituellement, notre office s’en trouverait meilleur. Qu’on sente en nous une orientation constante vers la perfection de l’office divin. Être toujours prêt, toujours attentif à Dieu. Recherche de Dieu désintéressée. C’est à l’Œuvre de Dieu plus qu’ailleurs que nous pouvons le mieux nous y appliquer.

Écoute, 1960

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 490-491)









 26 juillet

Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté,
nous montre le chemin de la vie.
(Règle de Saint Benoît – Prologue 20)



La Règle de Saint Benoît…

RB 46,1-6 (Ceux qui font des fautes en quelque autre chose)

¹Lorsqu'un moine dans un travail quelconque à la cuisine, au cellier, dans un service, à la boulangerie, au jardin, dans l'exercice d'un métier, ou en quelque lieu que ce soit, fait une faute, ²brise ou perd quelque chose, ou commet un autre délit, ³il ira aussitôt s'en accuser spontanément devant l'abbé et la communauté. S'il ne le fait pas et que son manquement soit connu par un autre, il subira une peine plus sévère. Mais s'il s'agit d'un péché secret de l'âme, il le manifestera seulement à son abbé ou aux pères spirituels, qui sachent guérir et leurs propres plaies et celles des autres sans les découvrir ni les divulguer.



… pour chaque jour

Ce que l’on doit retenir de ces trois chapitres (44-45-46) de la Règle, c’est l’importance dans toute vie spirituelle – comme d’ailleurs dans toute vie humaine, tout simplement – de reconnaître ses erreurs, aussi bien ses erreurs involontaires que ses fautes. Il n’y a pas de correction possible et donc pas de progrès sans cette reconnaissance. Et lorsqu’on vit en communauté, il est important de reconnaître que toute erreur, même involontaire, affecte la communauté et que le respect de la communauté demande que, d’une façon ou de l’autre, on manifeste à ses frères qu’on reconnaît cette erreur – ou cette faute – et qu’on s’en excuse et qu’on demande pardon. Avant d’être une attitude spirituelle, c’est tout simplement une attitude de politesse et de respect.
La dernière phrase du chapitre 46 montre que, pour Benoît, tout cela est différent d’une autre attitude encore plus importante concernant les fautes secrètes de notre âme. Celles-ci ne doivent pas être exposées en public mais il faut s’en ouvrir à un père spirituel, qui peut être l’abbé ou un autre des « pères spirituels », dit Benoît. (Il ne s’agit pas de la confession sacramentelle privée, qui n’apparaîtra que quelques siècles plus tard).
En une phrase bien structurée Benoît décrit l’attitude que doivent avoir ces « pères spirituels » : d’abord savoir soigner leurs propres blessures, puis celles des autres, et être d’une discrétion absolue sur ce qu’on leur dit. Il s’agit évidemment d’une simple allusion à une réalité qui exigerait un traitement beaucoup plus élaboré : l’ouverture du cœur.
En tout cas cette dernière phrase nous rappelle, comme le fait souvent Benoît, que toutes les règles qu’exige la bonne organisation d’une vie communautaire n’ont de sens que si elles nous conduisent à la pureté du cœur qui nous permet de voir Dieu. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. 

(DOM ARMAND VEILLEUX ocso [°1937 - …], Commentaire de la Règle de saint Benoît, Abbaye Notre-Dame de Scourmont, 29 février 2012)









 25 juillet

Le Seigneur, cherchant son ouvrier
dans la foule du peuple crie:
« Quel est l’homme qui veut la vie 
et désire voir des jours heureux ? ».
(Règle de Saint Benoît – Prologue 15-16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 45,1-3 (Ceux qui se trompent à l'oratoire)

¹Lorsque quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, s'il ne s'en humilie point sur place, devant tout le monde, en faisant satisfaction, il sera soumis à une correction plus sévère: ²c'est qu'en effet il n'a pas voulu corriger par un acte d'humilité la faute qu'il a commise par sa négligence. ³Les enfants, pour ces sortes de fautes, seront battus de verges.



… pour chaque jour

Seigneur, corrige-moi sans colère
et reprends-moi sans violence.
Tes flèches m'ont frappé,
ta main s'est abattue sur moi.
Rien n'est sain dans ma chair sous ta fureur,
rien d'intact en mes os depuis ma faute.
 
Oui, mes péchés me submergent,
leur poids trop pesant m'écrase.
Mes plaies sont puanteur et pourriture :
c'est là le prix de ma folie.
 
Accablé, prostré, à bout de forces,
tout le jour j'avance dans le noir.
La fièvre m'envahit jusqu'aux moelles,
plus rien n'est sain dans ma chair.
 
Brisé, écrasé, à bout de forces,
mon cœur gronde et rugit.
Seigneur, tout mon désir est devant toi,
et rien de ma plainte ne t'échappe.
 
Le cœur me bat, ma force m'abandonne,
et même la lumière de mes yeux.
Amis et compagnons se tiennent à distance,
et mes proches, à l'écart de mon mal.
 
Ceux qui veulent ma perte me talonnent,
ces gens qui cherchent mon malheur ;
ils prononcent des paroles maléfiques,
tout le jour ils ruminent leur traîtrise.

Moi, comme un sourd, je n'entends rien,
comme un muet, je n'ouvre pas la bouche,
pareil à celui qui n'entend pas,
qui n'a pas de réplique à la bouche.

C'est toi que j'espère, Seigneur :
Seigneur mon Dieu, toi, tu répondras.
J'ai dit : « Qu'ils ne triomphent pas,
ceux qui rient de moi quand je trébuche ! »
 
Et maintenant, je suis près de tomber,
ma douleur est toujours devant moi.
Oui, j'avoue mon péché,
je m'effraie de ma faute.
 
Mes ennemis sont forts et vigoureux,
ils sont nombreux à m'en vouloir injustement.
Ils me rendent le mal pour le bien ;
quand je cherche le bien, ils m'accusent.
 
Ne m'abandonne jamais, Seigneur,
mon Dieu, ne sois pas loin de moi.
Viens vite à mon aide,
Seigneur, mon salut ! 

(Psaume 37,2-23 – La Bible – AELF)









 24 juillet

Ouvrons les yeux à la lumière divine.
Ayons les oreilles attentives à la voix de Dieu…
(Règle de Saint Benoît – Prologue 9)



La Règle de Saint Benoît…

RB 44,1-10 (Comment les excommuniés font satisfaction)

¹Celui qui, pour faute grave, aura été excommunié de l'oratoire et de la table commune, demeurera prosterné, devant la porte de l'oratoire, pendant qu'on y célèbrera l'Œuvre de Dieu, et ne dira mot ; ²mais il se tiendra le visage contre terre et le corps étendu, aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire. ³Il continuera cette pratique jusqu'à ce que l'abbé juge la satisfaction suffisante. Et lorsque l'abbé le lui aura commandé, il viendra se jeter à ses pieds et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prient pour lui. Alors, si l'abbé l'ordonne, il sera reçu au chœur et occupera le rang que l'abbé aura déterminé. Il ne lui sera cependant pas permis, sans un nouvel ordre de l'abbé, ni d'entonner un psaume, ni de lire une leçon ou quoi que ce soit. De plus, à toutes les Heures, au moment où s'achève l'Œuvre de Dieu, il se prosternera à terre, à la place qu'il occupe, et fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé lui ordonne de cesser. Ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, satisferont dans l'oratoire; ils le feront jusqu'à ce que l'abbé les en dispense, ¹⁰en leur donnant sa bénédiction, et en disant : ‘Cela suffit’.



… pour chaque jour

Réparation. Ce chapitre s’occupe de la réparation. Avant de voir comment réparer ou même en quoi peut consister la réparation, il faut nous émerveiller qu’elle soit possible. Comment, en effet, un acte effectivement posé, avec toutes les conséquences concrètes qu’il a pu entraîner en nous et dans les autres, peut-il être repris, annulé, dépouillé de toute sa nocivité ? Comment le temps passé, tel que nous l’avons fait peut-il être neutralisé ? Comment l’offense faite à Dieu peut-elle disparaître ? Nous devons chercher d’abord la réponse du côté de l’amour éternel de Dieu : si l’amour est blessé par l’offense, il est plus fort qu’elle ; il est trop fort pour en être atteint, diminué ou simplement affaibli ; aussi bien, si l’amour en Dieu demeure identique, une rencontre nouvelle avec Lui est toujours possible, d’autant plus qu’il s’agit d’un amour éternel, c’est-à-dire toujours présent, qui recouvre et englobe toute la durée des hommes : de la sorte, chaque instant peut être pour nous une sorte de recommencement absolu dans notre vie avec Dieu.
Si nous regardons maintenant la réparation du côté de l’homme, considérons que seul l’amour, fruit du Saint-Esprit en nous, fait le prix de nos actes ; or l’amour est susceptible d’une croissance qualitative infinie ; le souvenir et le regret du péché qui se développent à la Lumière de Dieu peuvent être l’occasion d’une flamme d’amour plus intense. Celle-ci cherche à s’exprimer, comme elle peut, par des gestes de sacrifice qui en sont le signe et, en retour, la nourrissent. Finalement, Dieu et le prochain auront été mieux aimés et c’est ce surcroît d’amour, tant de la part de Dieu riche en miséricorde que de la part de l’homme saisi par la grâce du repentir, qui rend comme absolument inexistant tout ce qui a pu précéder. Ce jeu du péché, de la miséricorde et d’un repentir aimant est fondamental dans notre vie chrétienne : Jésus l’a vécu en notre nom et nous le refaisons à sa suite.

Écoute, 1968

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 476-477)