5 novembre

Une bonne parole vaut mieux qu’un don excellent.
(Règle de Saint Benoît 31,14)



La Règle de Saint Benoît…

RB 29,1-3 (Si l'on doit recevoir de nouveaux les frères qui ont quitté le monastère)

¹Un frère, sorti du monastère par sa propre faute, désire-t-il y rentrer, il devra promettre d'abord un total amendement du vice qui a causé son départ. ²On le recevra alors au dernier rang pour éprouver son humilité. ³S'il sort de nouveau, on le reprendra ainsi jusqu'à trois fois. Après quoi, il saura désormais que toute voie de retour lui est fermée.



… pour chaque jour


Si tu n’étais
Pardon toujours offert,

Et si ton Christ
N’avait pour l’homme autant souffert,
Serions-nous là, pleins de confiance,
Portant les marques de l’errance
Mais revenus vers ton silence ?
Si tu n’étais
Pardon toujours offert...

(Sr MARIE-PIERRE FAURE [°1928 – 〸2022], CFC, Lit 66, 1988)









 4 novembre

Chacun doit être traité
selon son âge et son degré d’intelligence.
(Règle de Saint Benoît 30,1)



La Règle de Saint Benoît…

RB 28,1-8 (Ceux qui, souvent repris, refusent de se corriger)

¹Si un frère, après avoir été fréquemment repris pour quelque faute et même après avoir été excommunié, ne s'amende pas, on lui infligera une correction plus rude, c'est-à-dire on procédera contre lui par le châtiment des verges. ²Que s'il ne se corrige pas encore, ou que, peut-être, enflé d'orgueil, ce que Dieu ne permette pas, il veuille même défendre sa conduite, l'abbé fera alors ce que fait un sage médecin : ³employer les cataplasmes, les onguents des exhortations, les remèdes des divines Écritures, enfin la brûlure de l'excommunication et les coups de verges. S'il voit que toute son habileté n'a rien obtenu, il emploiera alors un moyen plus efficace, sa prière et celle de tous les frères pour lui, afin que le Seigneur, qui peut tout, rende la santé à ce frère malade. Mais si ce remède n'opérait pas la guérison, l'abbé prendra alors le fer qui retranche, selon la parole de l'Apôtre: « Otez le mal d'entre vous. » Et encore: « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille », de peur qu'une brebis malade ne contamine tout le troupeau.



… pour chaque jour

Avant de parler, informe-toi ; avant d’être malade, soigne-toi. Avant le jugement, fais ton examen de conscience : lors de la visite du Seigneur, tu trouveras le pardon. Avant même de tomber malade, humilie-toi et, quand tu as péché, montre du repentir.
Ne manque pas d’accomplir tes vœux au moment fixé et n’attends pas la mort pour t’en acquitter. Prends tes dispositions avant de faire un vœu, ne sois pas de ceux qui tentent le Seigneur ; n’oublie pas la colère qui sévira au dernier jour, quand il châtiera en détournant sa face.
Au temps de l’abondance, souviens-toi du temps de famine ; aux jours de richesse, rappelle-toi la pauvreté et le dénuement. Du matin au soir les situations changent, tout passe si vite devant le Seigneur. Un homme sage est toujours sur ses gardes ; aux jours où le péché menace, il évite toute faute.

(Siracide 18,19-27 – La Bible – AELF)









 3 novembre

Qu’il imite plutôt l’exemple de tendresse du bon Pasteur…
(Règle de Saint Benoît 27,8)



La Règle de Saint Benoît…

RB 27,1-9 (Quelle sollicitude l'abbé doit avoir à l'égard des excommuniés)

¹L'abbé doit prendre soin en toute sollicitude des frères qui ont failli, parce que « ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin mais les malades. » ²C'est pourquoi il doit, comme un sage médecin, user de tous les moyens. Il enverra des senpectes, c'est-à-dire des frères anciens et sages ³qui, comme en secret, consoleront le frère qui est dans le trouble et l'engageront à faire une humble satisfaction; ils le soutiendront de peur qu'il ne soit accablé par un excès de tristesse ; mais, comme dit l'Apôtre, « il faut redoubler de charité envers lui », et tous prieront à son intention. L'abbé, en effet, doit avoir un soin tout particulier et s'empresser, avec toute son adresse et toute son habileté, pour qu'il ne perde aucune des brebis à lui confiées. Il doit savoir qu'il a reçu le soin d'âmes malades et non une autorité tyrannique sur des âmes saines. Qu'il craigne donc la menace du Prophète, par laquelle Dieu dit: « Les brebis qui vous paraissaient grasses, vous les preniez pour vous, et celles qui étaient débiles, vous les rejetiez. » Qu'il imite plutôt l'exemple de tendresse du bon Pasteur qui, ayant laissé dans les montagnes quatre-vingt-dix-neuf brebis, partit chercher l'unique brebis qui s'était égarée; il eut de sa faiblesse une si grande compassion qu'il daigna la charger sur ses épaules sacrées et ainsi la rapporter au troupeau.



… pour chaque jour

Où mèneras-tu paître le troupeau, bon pasteur, toi qui le portes tout entier sur tes épaules ? Car tout le genre humain est une seule brebis que tu as prise sur tes épaules. Montre-moi le lieu du repos, mène-moi vers l'herbe nourrissante, appelle-moi par mon nom ; moi, ta brebis, que j'entende ta voix : et, par ta voix, donne-moi la vie éternelle.
Dis-le-moi donc, toi que mon cœur aime. C'est ainsi que je te nomme, car ton nom est au-dessus de tout nom, inexprimable, inaccessible pour toute créature douée de raison. Ce nom, qui révèle ta bonté, montre l'amour de mon cœur pour toi. Comment ne t'aimerais-je pas, toi qui m'as aimée alors que j'étais noire, au point de donner ta vie pour les brebis dont tu es le pasteur ? On ne saurait imaginer un plus grand amour: échanger ta vie contre mon salut !
Enseigne-moi donc, dit-elle, où tu mènes paître le troupeau, afin que je puisse trouver le pâturage du salut, me rassasier de la nourriture céleste que tout homme doit manger pour entrer dans la vie. Que j'accoure auprès de toi, qui es la source, pour aspirer la boisson divine que tu fais jaillir comme d'une source pour les assoiffés. Cette eau jaillit de ton côté ouvert par la lance et, pour celui qui en goûtera, elle deviendra source jaillissante pour la vie éternelle.
Si tu me conduis dans ces pâturages, tu me feras parfaitement reposer à l'heure de midi ; en paix, tout aussitôt, je me coucherai et je me reposerai dans la lumière sans ombre ; il n'y a pas d'ombre à midi : le soleil est au zénith. C'est là que tu fais coucher ceux dont tu es le pasteur, que tu prends tes enfants avec toi sur ta couche. Nul ne sera jugé digne de partager ce repos de midi s'il n'est fils de la lumière et fils du jour. Mais celui qui s'est séparé à égale distance des ténèbres du soir et des ténèbres du matin, c'est-à-dire de l'origine du mal et de son terme, celui-là repose à l'heure de midi sous le soleil de justice.
Fais-moi donc connaître, dit la bien-aimée, comment trouver le pâturage ; indique-moi le chemin du repos de midi. Il ne faudrait pas que j'échappe à la bonne direction et que l'ignorance de la vérité m'agrège à des troupeaux étrangers au tien.
La bien-aimée parle ainsi parce qu'elle est anxieuse de la beauté que Dieu lui a donnée et parce qu'elle veut connaître comment garder cette perfection pour toujours.
 

(SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE [°v.335 – 〸v.395], Homélie sur le Cantique des Cantiques)









 2 novembre

La prière doit être brève et pure,
à moins que peut-être la grâce de l’inspiration divine
ne nous incline à la prolonger.
(Règle de Saint Benoît 20,4)



La Règle de Saint Benoît…

RB 26,1-2 (Ceux qui sans la permission se joignent aux excommuniés)

¹Si un frère, sans la permission de l'abbé, ose se joindre, en quelque manière que ce soit, à un frère excommunié, ou lui parler, ou lui faire une commission, ²il subira le même peine de l'excommunication.








… pour chaque jour

Sans permission de l’abbé. Ces chapitres sur l’excommunication peuvent nous aider à comprendre la communion entre nous et la paix, intérieure et extérieure, qui en est le fruit, sont le résultat d’une entreprise continue d’humble conversion. L’équilibre d’une vie chrétienne, sans cesse menacé par des tentations de toutes sortes, est obtenu à chaque instant par de minimes rectifications dans notre conduite ; peu de chose, assurément, mais qui suppose une attention soutenue au Saint-Esprit vivant en nous et nous appelant à toujours plus de justesse dans notre manière d’être. Si tous nous essayons de vivre ainsi avec un grand tact spirituel, dont la grâce nous est proposée à tout moment, la communauté se construira dans la paix : non pas la paix, telle que le monde la donne, fondée sur un compromis juridique et déterminant une coexistence tout extérieure, mais la paix qui vient du Christ, que nous ne pouvons pas nous approprier mais qui nous prend en elle, nous réunissant dans l’Esprit qui nous anime.

Écoute, 1968

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 345)