1 novembre

Sachons bien que ce n’est pas l’abondance des paroles,
mais la pureté du cœur et les larmes de la componction
qui nous obtiendront d’être exaucés.
(Règle de Saint Benoît 20,3)



La Règle de Saint Benoît…

RB 25,1-6 (Les fautes graves)

¹Le frère coupable d'une faute grave sera privé tout à la fois de la table commune et de l'oratoire. ²Aucun frère n'aura avec lui ni relation ni entretien. ³Il restera seul à l'ouvrage qui lui est enjoint, demeurant ainsi dans le deuil de la pénitence, et méditant cette sentence terrible de l'Apôtre : « Un tel homme a été livré à la mort de la chair, afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur. » Il prendra seul son repas, suivant la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées opportunes. Ceux qui passent ne le béniront point, ni la nourriture qui lui est servie.



… pour chaque jour

Des fautes graves. Peut-on donc tomber dans des fautes graves au monastère ? Si nous voulions nous en défendre, saint Benoît serait là pour nous détromper. « C’est bien la peine » dira-t-on. C’est voir les choses bien superficiellement que de s’en scandaliser. N’est-ce pas saint Bernard qui dit que faire un effort spirituel est plus difficile dans le cloître que dans le monde. Qui dit effort, dit lutte, avec alternance de victoires et de défaites. Ce qui importe, c’est de ne jamais s’arrêter dans ce combat qui est celui de l’amour. Une chose est certaine : un homme à qui Dieu a fait la grâce de tout quitter pour Lui, et reste donné au fond de son âme, doit faire confiance à Dieu pour son salut. Plus que cela, il doit prendre conscience que son combat, il ne le mène pas seulement pour lui, mais pour un grand nombre, qu’il s’agisse de ses proches ou des païens les plus éloignés. L’expérience de notre faiblesse, le recours constant à la miséricorde divine, l’effort renouvelé chaque jour, tout cela peut devenir occasion du salut de notre prochain. Ainsi se reproduit en nous le mystère de la vie et de la mort de Jésus.

Écoute, 1962

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 340)









 31 octobre

Tenons-nous pour psalmodier de manière
que notre esprit soit en accord avec notre voix.
(Règle de Saint Benoît 19,7)



La Règle de Saint Benoît…

RB 24,1-7 (Quelle doit être la mesure de l'excommunication)

¹La mesure de l'excommunication ou du châtiment doit être proportionnée à la gravité de la faute, ²et la gravité des fautes dépend du jugement de l'abbé. ³Si un frère est coupable de fautes légères, il sera privé de la table commune. Or, celui qui sera ainsi privé de la communauté de la table sera traité comme il suit: à l'oratoire, il entonnera ni psaume, ni antienne et ne récitera pas de leçon, jusqu’à ce qu'il ait donné satisfaction. Il prendra son repas seul, après le repas des frères : si, par exemple, les frères mangent à la sixième heure, ce frère ne le fera qu'à la neuvième; et si le dîner des frères est à la neuvième, le sien n'aura lieu que le soir, jusqu'à ce qu'il ait obtenu son pardon par une satisfaction convenable.



… pour chaque jour

Par une satisfaction convenable. Dans notre vie de communauté, si un manquement saute facilement aux yeux, il en est de même d’une satisfaction faite publiquement. Nous avons la matière à mortifier notre curiosité. Nous y gagnerons beaucoup pour notre vie de prière, et la charité fraternelle aussi. Il faut que le religieux qui mène son combat soit assuré de la bienveillance de ses frères et de leur discrétion. Même discrétion vis-à-vis de nos hôtes. Ne nous demandons pas pourquoi un tel se trouve parmi nous. Il y aurait quelque chose de trouble dans cette curiosité ; elle n’est certainement pas un secours pour le prochain, mais recherche de nous-même et dispersion. Soyons discrets et silencieux, et nous éviterons bien des occasions de trouble, bien des manquements à la charité, et tout le monde sera en paix dans la maison de Dieu.

Écoute, 1962

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 339)









 30 octobre

Les offices des Laudes et des Vêpres
ne devront jamais se conclure sans que le supérieur dise,
en dernier lieu, en entier, et au milieu de l’attention générale, 
l’oraison dominicale,
à cause des épines de querelles
qui ont accoutumé de se produire.
(Règle de Saint Benoît 13,12)



La Règle de Saint Benoît…

RB 23,1-5 (L'excommunication pour les fautes)

¹S'il se rencontre quelque frère récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur ou qui viole en quelque point la sainte Règle ou les ordres de ses anciens, et cela avec mépris, ²il sera averti par ses anciens, une et deux fois selon le précepte de Notre-Seigneur, en particulier. ³S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tous. Si, malgré cela, il ne se corrige pas, qu'il soit excommunié, s'il comprend la gravité de cette peine. Mais s'il est endurci, qu'il soit puni par un châtiment corporel.



… pour chaque jour


CHÂTIMENT CORPOREL ? 

À trois endroits de sa règle, saint Benoît ouvre la porte au châtiment corporel : ici même, quand il envisage que l’abbé puisse punir de cette façon (2,28) ; et lorsque les récalcitrants ne veulent pas se plier à ce qui leur est demandé (71,9). Il s’y résigne, semble-t-il, puisqu’il veut d’abord suivre toutes les autres pistes possibles. Lorsqu’on sait combien saint Benoît est soucieux, pour le moine, qu’il comprenne le sens de la peine qu’on lui inflige, comment lire cette mesure apparemment d’un autre âge et qui semble écarter toute intelligence possible ?
Le corps ne comprendrait-il pas ? Pourquoi refuser que saint Benoît lui fasse cette confiance ? Il ne s’agit pas ici de revenir à la fessée, au martinet ou au fouet ! Qui sait vraiment ce que peut le corps ? Nous avons sous les yeux tant d’exploits qui supposent une ascèse inscrite dans les os, les articulations, les postures inlassablement répétées. Pourquoi ne pas demander au moine de montrer jusque dans son corps qu’il a compris l’éventuelle gravité de sa faute ? Saint Benoît ne demande-t-il pas qu’il fasse de même pour l’humilité (7,62) ?
Châtier son corps, demandent les instruments des bonnes œuvres (4,11). Est-ce exclu de responsabiliser ainsi le moine et de l’inviter à cette maîtrise de lui-même entachée peut-être par une faute ? Serait-ce pour rien que le Verbe s’est fait chair, éprouvant jusque dans son corps la faute de l’humanité à racheter ?
 

(P. NICOLAS DAYEZ osb [°1937 – 〸2021], Commentaire de la Règle de Saint Benoît, Maredsous)









 29 octobre

L’homme estimera que Dieu, du haut du ciel,
le regarde à tout moment.
(Règle de Saint Benoît 7,13)



La Règle de Saint Benoît…

RB 22,1-8 (Comment dormiront les moines)

¹Les moines dormiront chacun dans un lit à part. ²Ils recevront une literie selon leur genre de vie et suivant qu'en aura disposé leur abbé. ³Si faire se peut, ils dormiront tous dans un même lieu. Si le trop grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt, avec des anciens qui veilleront sur eux. Une lumière éclairera le dortoir continuellement jusqu'au matin. Ils dormiront vêtus, ceints d'une ceinture ou d'une corde. En dormant, ils n'auront point leurs couteaux à leur côté de peur que, pendant le sommeil, ils ne viennent à se blesser tout en dormant. Que les moines soient toujours prêts. Au signal donné, ils se lèveront aussitôt et s'empresseront à l'envi à l'Œuvre de Dieu, en toute gravité néanmoins et modestie. Les plus jeunes frères n'auront point leurs lits placés les uns près des autres, mais entremêlés parmi ceux des anciens. En se levant pour l'Œuvre de Dieu, les moines s'encourageront doucement les uns les autres, afin d'ôter tout sujet d'excuse aux somnolents.



… pour chaque jour

Toute lecture d’évangile nous est d’un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l’évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir… Un chef de la synagogue conduisait le Christ auprès de sa fille et donnait en même temps l’occasion à une femme qui souffrait d’hémorragie de venir trouver Jésus… Le Christ connaissait l’avenir et n’ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C’est elle qui ferait comprendre au chef des juifs que Dieu n’a pas besoin de se déplacer, qu’il n’est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu’il y est avec tout son être et pour toujours. Qu’il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu’il envoie sa puissance sans la transporter ; qu’il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main ; qu’il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine…
Dès que le Christ arrive à la maison et voit que les gens pleurent la jeune fille comme une morte, il veut amener à la foi leurs cœurs incrédules. Comme eux pensaient qu’on ne pouvait pas ressusciter d’entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclare que la fille était endormie et non pas morte.
Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu’un homme ne tire un dormeur de son sommeil… Écoute ce que dit l’apôtre Paul : « Instantanément, en un clin d’œil, les morts ressusciteront » (1 Co 15,52)… D’ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d’un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même ? Comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d’une réalité éternelle, non soumise au temps ?
 

(SAINT PIERRE CHRYSOLOGUE [°406 – 〸450], Sermon 34, CCL 24, 193s, trad. Delhougne, dans : Les Pères commentent, p. 261)









28 octobre

C’est de bon cœur
que les disciples doivent obéir parce que
« Dieu aime celui qui donne joyeusement ».
(Règle de Saint Benoît 5,16)



La Règle de Saint Benoît…

RB 21,1-7 (Les doyens du monastère)

¹Si la communauté est nombreuse, on choisira quelques-uns d'entre les frères qui sont de bonne réputation et de sainte vie, et on les établira doyens. ²Ils veilleront en tout sur leurs décanies, conformément aux commandements de Dieu et aux ordres de leur abbé. ³On choisira pour doyens ceux des moines avec lesquels l'abbé puisse en toute sécurité partager son fardeau. On ne les choisira pas selon leur ancienneté dans la communauté, mais selon le mérite de leur vie et la sagesse de leur doctrine. Si, par hasard, l'un d'eux, enflé d'orgueil, mérite répréhension, on le corrigera une première, une deuxième et une troisième fois. S'il ne veut pas s'amender, on le déposera et on mettra à sa place un autre qui en soit digne. Nous établissons la même règle au sujet du prieur.



… pour chaque jour

Des doyens du monastère. Ce chapitre sur les doyens concerne un peu tout le monde : il est difficile de concilier la bonne marche du temporel et le respect des âmes. Car c’est le spirituel qui prime. « Cherchez d’abord le règne de Dieu » (dans les âmes qui vous sont confiées) et tout le reste vous sera donné. C’est le miracle que réalise sans cesse le Seigneur en faveur de ceux qui sont logiques avec Lui. Traiter Dieu en Dieu, traiter nos frères en fils de Dieu. Être auprès d’eux la Providence de Dieu. Cela suppose beaucoup d’abnégation de chacun, donc un grand amour pour Dieu, pour chacun de nos frères, pour la communauté. Être disponible « ad omnia ». Par notre profession, notre don à Dieu s’est identifié à notre don à la communauté. Savoir qu’il y aura toujours des difficultés : c’est inévitable et dans la logique de notre vie monastique, qui est la rédemption qui se réalise chez des hommes pécheurs, limités, en voie de conversion et pour qui tout doit être occasion d’accroissement de la charité. Tout faire alors pour arranger les choses, s’entraider et réaliser ainsi le désir du Seigneur que nous nous aimions d’une façon très concrète. Un frère se trouve-t-il en difficulté ? Me dire qu’il m’est confié par Dieu.

Écoute, 1965

(Dom DENIS HUERRE osb [°1915 – 〸2016], Quel est l’homme qui désire voir des jours heureux ? Commentaires de la Règle de saint Benoît, préface du P. Luc Cornuau osb, abbé de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger Éditions, 2023, p. 327-328)










 27 octobre

L’atelier où nous devons travailler diligemment
avec tous ces instruments,
c’est le cloître du monastère
avec la stabilité dans la communauté.
(Règle de Saint Benoît 4,78)



La Règle de Saint Benoît…

RB 20,1-5 (De la révérence dans la prière)

¹Lorsque nous avons une requête à faire aux puissants de la terre, nous n'osons le faire qu'avec humilité et respect. ²À plus forte raison faut-il supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et pure dévotion. ³Sachons bien que ce n'est pas l'abondance des paroles, mais la pureté du cœur et les larmes de la componction qui nous obtiendront d'être exaucés. La prière doit donc être brève et pure, à moins que peut-être la grâce de l'inspiration divine ne nous incline à la prolonger. Mais en communauté, la prière sera très courte, et, sur le signal du supérieur, tous se lèveront en même temps.



… pour chaque jour

Si nous voulons savoir comment le psalmiste a entrepris sa recherche et comment à notre tour nous devons nous-mêmes l’entreprendre, écoutons le Maître et Seigneur qui nous a enseigné et donné la loi : « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira » (Mt 7,7). Demander, chercher, frapper concernent uniquement l’instance de la demande, c’est-à-dire de la prière.
Le Seigneur nous demande ce que nous désirons recevoir, il nous fait chercher ce que nous désirons trouver ; il nous demande de frapper à la porte de celui chez qui nous voulons pénétrer. L’Apôtre nous enseigne de même ; il nous a demandé de crier dans l’Esprit : Abba, Père, il nous dit ailleurs : « Dieu nous a donné l’Esprit de son Fils, qui crie dans nos cœurs : Abba, Père » (Gal 4,6).
Comment pouvons-nous crier, si c’est lui qui crie en nous, sinon qu’il nous fait crier ainsi, dès qu’il commence à habiter en nous ? Il agit de la sorte, quand déjà nous l’avons reçu, pour le recevoir plus largement, en priant, en cherchant, en frappant. Qu’ils demandent à vivre selon Dieu, ou que déjà ils vivent de la sorte, tous ceux qui sont poussés par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.
Aussi le psalmiste dit-il : « J’ai marché au large, parce que j’ai recherché tes commandements. » Il avait demandé, et il avait trouvé, parce qu’il avait demandé et reçu l’Esprit bon, afin de devenir grâce à lui bon à son tour, de faire le bien, par la foi qui lève en charité.
 

(SAINT AUGUSTIN D’HIPPONE [°354 – 〸430], PSAUME 118 – « J’ai médité sur ta loi », dans : SAINT AUGUSTIN PRIE LES PSAUMES – Textes choisis et traduits par A.-G. Hamman, p. 200)









 26 octobre

Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
(Règle de Saint Benoît 4,74)



La Règle de Saint Benoît…

RB 19,1-7 (Le maintien pendant la psalmodie)

¹Partout nous croyons fermement que Dieu est présent et que les yeux du Seigneur considèrent en tout lieu les bons et les méchants. ²Mais surtout il faut le croire fermement lorsque nous assistons à l'office divin. ³Ayons donc toujours dans la mémoire ce que dit le Prophète: « Servez le Seigneur dans la crainte. » Et encore: « Psalmodiez avec sagesse. » Et: « Je te chanterai en présence des anges. » Considérons donc comment nous devons nous tenir en présence de Dieu et de ses Anges, et tenons-nous pour psalmodier de manière que notre esprit soit en accord avec notre voix.



… pour chaque jour

Il n'y a rien de ce qui existe et de ce qui prend naissance qui ne prenne naissance et ne subsiste dans le Verbe et par le Verbe, comme nous l'enseigne Jean le Théologien : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Par lui tout s'est fait, et sans lui rien ne s’est fait.
Comme un musicien qui vient d'accorder sa lyre assemble par son art les notes graves avec les notes aiguës, les notes moyennes avec les autres, pour exécuter une seule mélodie : ainsi la Sagesse de Dieu, le Verbe, tenant l'univers comme une lyre, unit les êtres de l'air avec ceux de la terre, et les êtres du ciel avec ceux de l'air ; il combine l'ensemble avec les parties, il conduit tout par son commandement et sa volonté ; il produit ainsi, dans la beauté et l'harmonie, un seul monde et un seul ordre du monde. Lui-même reste immuable auprès du Père, tandis qu'il meut toutes choses par l'ordonnance qui vient de lui, selon ce que son Père a décidé. Tous les êtres qui, selon leur nature, reçoivent de lui la vie et la subsistance, composent, grâce à lui, une harmonie admirable et vraiment divine.
Pour faire comprendre une si grande chose par un exemple, prenons l'image d'un chœur composé de nombreux chanteurs. Ce chœur comporte des exécutants variés : hommes, enfants, femmes, vieillards et jeunes gens : sous la direction d'un seul chef, chacun chante selon sa nature et ses possibilités : l'homme comme un homme, l'enfant comme un enfant, le vieillard comme un vieillard, le jeune homme comme un jeune homme; mais tous exécutent une seule harmonie. Ou encore, notre âme met en mouvement à la fois nos différents sens ; selon l'activité de chacun en présence d'un même objet, elle les incite tous en même temps : l’œil à voir, l'oreille à entendre, la main à toucher, l'odorat à sentir, le goût à savourer, et souvent d'autres membres encore à se mouvoir, comme les pieds à marcher. C'est ainsi que tout se passe dans la création; ces comparaisons sont imparfaites, mais il faut savoir les appliquer à des réalités plus hautes.
Oui, par une seule impulsion, par le commandement du Verbe qui est Dieu, toutes choses sont organisées, chacune agit selon ce qui lui appartient en propre, et toutes ensemble réalisent un ordre unique.
 

(SAINT ATHANASE D’ALEXANDRIE [v.295 – 〸373], Traité contre les païens)









 25 octobre

Se réconcilier avant le coucher de soleil,
avec qui on est en discorde.
(Règle de Saint Benoît 4,73)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,20-25 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

²⁰L'ordre de la psalmodie du jour étant ainsi disposé, tous les autres psaumes qui restent seront distribués également entre les sept Vigiles de la semaine, ²¹ceux qui sont trop longs étant divisés en deux, de sorte qu'il y en ait douze pour chaque nuit. ²²Avant tout cependant nous tenons à dire que, si quelqu'un ne goûte pas cette distribution des psaumes, il en adopte une autre qu'il jugera meilleure. ²³Qu'il soit bien entendu toutefois que le psautier de cent cinquante psaumes sera récité intégralement chaque semaine et recommencé chaque dimanche à Vigile. ²⁴En effet, des moines qui, au cours de la semaine, psalmodient moins que le psautier avec les cantiques habituels se montrent par trop mous dans le service qu'ils ont voué. ²⁵La tâche que nos saints Pères, comme nous le lisons, accomplissaient courageusement en un seul jour, puissions-nous du moins, dans notre tiédeur, nous en acquitter en une semaine entière!



… pour chaque jour

Qu'y a-t-il de meilleur qu'un psaume ? C'est pourquoi David dit très bien : Louez le Seigneur, car le psaume est une bonne chose à notre Dieu, louange douce et belle ! Et c'est vrai. Car le psaume est bénédiction prononcée par le peuple, louange de Dieu par l'assemblée, applaudissement par tous, parole dite par l'univers, voix de l'Église, mélodieuse profession de foi, complète célébration par la hiérarchie, allégresse de la liberté, exclamation de joie, tressaillement d'enthousiasme. Il calme la colère, éloigne les soucis, soulage la tristesse. Il nous protège pour la nuit, il nous instruit pour le jour. Il est bouclier des craintifs, fête des hommes religieux, rayon de tranquillité, gage de paix et de concorde. Comme une cithare, il réunit en un seul chant des voix diverses et inégales. Le lever du jour répercute le psaume, et son déclin en résonne encore.
Dans le psaume, enseignement et agrément rivalisent ; on le chante pour se réjouir et en même temps on l'apprend pour s'instruire. Lorsque tu lis les psaumes, que de richesses tu rencontres ! Lorsque je lis dans les psaumes : Cantique pour le bien-aimé, je suis embrasé par un désir d'amour divin. Chez eux, je trouve rassemblés la grâce des révélations, les prophéties de la résurrection, le trésor des promesses. Chez eux, j'apprends à éviter le péché, je désapprends la honte de faire pénitence pour mes fautes.
Qu'est-ce donc que le psaume ? C'est un instrument de musique dont joue le saint Prophète avec l'archet du Saint-Esprit et dont il fait résonner sur la terre la douceur céleste. Avec les lyres et leurs cordes, c'est-à-dire avec des restes morts, il rythme les voix différentes et inégales et dirige le cantique de louange divine vers les hauteurs du ciel. En même temps, il nous enseigne qu'il faut commencer par mourir au péché, qu'ensuite seulement il faudra exercer les œuvres des différentes vertus qui feront parvenir jusqu'au Seigneur l'agrément de notre piété.
David nous a enseigné à chanter intérieurement, à psalmodier intérieurement ; c'est ainsi que Paul lui-même chantait, puisqu'il dit : Je prierai avec mon esprit, mais je prierai aussi avec mon intelligence, je psalmodierai avec mon esprit, mais aussi avec mon intelligence. David nous enseigne encore à orienter notre vie et nos actions vers la perspective des biens d'en haut, de crainte que le plaisir qu'on éprouve à chanter n'excite les passions du corps, car celles-ci, bien loin de racheter notre âme, l'appesantissent. C'est ainsi que le saint Prophète David se rappelle que son âme doit psalmodier pour son rachat, lorsqu'il dit : Je jouerai le psaume pour toi, Dieu, sur la cithare, Saint d'Israël ! Mes lèvres jubileront lorsque je chanterai pour toi, et mon âme que tu as rachetée.
 

(SAINT AMBROISE DE MILAN [°339 – 〸397], Commentaire sur le Psaume 1)









 24 octobre

Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être,
mais le devenir d’abord,
alors on le sera appelé avec plus de vérité.
(Règle de Saint Benoît 4,62)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,12-19 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

¹²À Vêpres, on chantera tous les jours quatre psaumes, ¹³à partir du cent neuvième jusqu'au cent quarante-septième, ¹⁴exception faite de ceux qui sont réservés pour d'autres Heures, à savoir depuis le cent dix-septième jusqu'au cent vingt-septième, plus le cent trente-troisième et le cent quarante-deuxième. ¹⁵Tous les autres se diront à Vêpres. ¹⁶Mais comme il manque trois psaumes (pour le nombre voulu), on divisera (en deux) les plus longs, à savoir les psaumes cent trente-huit, cent quarante-trois et cent quarante-quatre. ¹⁷Quant au cent seizième, très court, on le joindra au cent quinzième. ¹⁸L'ordre des psaumes de Vêpres étant ainsi réglé, le reste de cet office, c'est-à-dire les leçons, répons, hymne, verset et cantique, se dira comme nous l'avons indiqué plus haut. ¹⁹À Complies, on répètera tous les jours les mêmes psaumes, savoir les psaumes quatre, quatre-vingt-dix et cent trente-trois.



… pour chaque jour


Vous tous, bénissez le Seigneur,
vous qui servez le Seigneur,
qui veillez dans la maison du Seigneur
au long des nuits.
 
Levez les mains vers le sanctuaire,
et bénissez le Seigneur.
Que le Seigneur te bénisse de Sion,
lui qui a fait le ciel et la terre ! 

(Psaume 133,1-3 – La Bible – AELF)









 23 octobre

S’appliquer fréquemment à la prière.
(Règle de Saint Benoît 4,56)



La Règle de Saint Benoît…

RB 18,7-11 (En quel ordre il faut dire les psaumes)

À Tierce, Sexte et None du lundi on dira les neuf sections qui restent du psaume cent dix-huit, à raison de trois sections pour chaque Heure. Le psaume cent dix-huit aura donc été achevé en deux jours, à savoir le dimanche et le lundi. Cela étant, le mardi à Tierce, Sexte et None on dira trois psaumes, depuis le cent dix-neuvième jusqu'au cent vingt-septième, ce qui fait neuf psaumes. ¹⁰Ces psaumes sont répétés aux mêmes Heures, chaque jour jusqu'au dimanche. De même pour ce qui est des hymnes, leçons et versets, on gardera tous les jours la disposition uniforme qui a été établie. ¹¹Mais le dimanche on recommencera toujours par le psaume cent dix-huit.



… pour chaque jour


Je lève les yeux vers les montagnes :
d'où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
 
Qu'il empêche ton pied de glisser,
qu'il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël.
 
Le Seigneur, ton gardien,
le Seigneur, ton ombrage,
se tient près de toi.
 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper,
ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal,
il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour,
maintenant, à jamais.
 

(Psaume 120,1-8 – La Bible – AELF)